Diversification peu significative du panier des exportations

D’après les perspectives économiques 2017 de la BAD, un pays africain sur quatre dépend d’un ou de deux produits de base pour au moins 75 % de ses recettes d’exportation. En Afrique, la gamme de produits expédiés reste encore dominée par des matières premières minérales ou végétales.

 

Le pétrole est le principal produit échangé à l’intérieur du continent africain. Sa proportion reste importante (25,6 % en 2015), malgré une baisse de 3 points de pourcentage par rapport à sa tendance sur le long terme (28,6) en raison de la baisse des cours mondiaux de l’or noir. La part de l’industrie manufacturière reste faible dans le PIB (produit intérieur brut) africain hors l’Afrique du Nord. Elle a même connu une régression, comptant actuellement pour 8 % contre près de 11 % dans les années 1980, selon le rapport « Examen mutuel de de l’efficacité du développement en Afrique : promesses & résultats », publié en 2015 par la Commission économique pour l’Afrique (CEA).  Cependant, les produits manufacturés dominent près de 43 % des exportations intra-africaines.

Une autre pierre d’achoppement du trafic commercial intra-africain reste le faible développement de la logistique commerciale. Entre la mauvaise qualité des infrastructures disponibles et l’absence totale d’infrastructures, les échanges de marchandises entre les pays africains ou entre ceux d’un même bloc commercial sont très difficiles. D’après les estimations, seulement 45 milliards de dollars ont été dépensés durant cette dernière décennie dans les infrastructures en Afrique alors que les besoins sont évalués à plus de 90 milliards. L’indice de performance logistique établi en 2016 par la Banque mondiale laisse voir que les pays africains sont encore loin des autres régions en ce qui concerne, entre autres, les infrastructures.

Le problème infrastructurel conduit à des coûts des transports exorbitants par rapport aux autres régions du monde. Le coût des transports sont 63 fois plus élevés par rapport à la moyenne des pays développés selon la Banque mondiale. Une diminution de 10 % des coûts de transport pourrait se traduire par une augmentation de 25 % du commerce africain, indique l’institution.

La productivité en souffre

Si l’insuffisance des infrastructures freine l’investissement, le développement du secteur privé et nuit, in fine, à la productivité, il ne faut pas oublier d’autres barrières non tarifaires qui peuvent engendrer plusieurs coûts supplémentaires. Il s’agit notamment des procédures administratives lourdes, des délais d’attente, du harcèlement et de la corruption aux postes de contrôle, de la complexité des procédures d’exportation et d’importation, des frais non officiels, etc. D’autres barrières non tarifaires peuvent engendrer plusieurs coûts supplémentaires.

D’après les estimations de la Banque mondiale en 2010, le coût des échanges transfrontaliers est plus élevé en Afrique subsaharienne et représente plus du double du coût enregistré pour l’Asie de l’Est. Les retards aux douanes sur le continent africain sont parmi les plus importantes de la planète avec 12 jours en moyenne alors qu’il tombe à moins de 6 jours en Asie de l’Est et à peu plus de 4 jours en Europe centrale. Les retards aux douanes sur le continent africain sont parmi les plus importantes de la planète avec 12 jours en moyenne alors qu’il tombe à moins de 6 jours en Asie de l’Est et à peu plus de 4 jours en Europe centrale. Pour les produits agricoles, la situation est encore plus grave, dans la mesure où le retard engendre de nombreuses pertes post-récoltes, ce qui grèvent les revenus des producteurs.

L’accès au marché africain reste compromis par une faible ouverture des marchés domestiques du fait de la complexité des barrières tarifaires appliqués aux produits importés. Ce paramètre conduit de nombreux acteurs africains à diriger leurs exportations vers les marchés extérieurs en raison des préférences commerciales. Il s’agit notamment des Accords de partenariat économique (APE) mais aussi de l’initiative « Tout sauf les armes » pour l’entrée sans taxe et sans contingentement de marchandises sur le vieux continent.

D’après les estimations, avec des tarifs moyens de 6,1 %, les entreprises font face à des droits de douane plus élevés lorsqu’elles exportent en Afrique plutôt qu’en dehors du continent. D’après Afrexim Bank, seulement Maurice, le Botswana, le Lesotho et la Tunisie sont les pays africains qui figurent au top 75 des nations, en ce qui concerne l’accès à leur marché domestique. Sur ce plan, les plus mauvais élèves sont notamment le Tchad, le Gabon, la Mauritanie et le Zimbabwe.