Le commandant de l’aéroport international de N’Djili, Georges Tabora Afata, se dit satisfait du partenariat qui existe entre le gouvernement et la Banque mondiale. Grâce à l’assistance de la Banque mondiale, cet aéroport vient d’être équipé d’un nouvel matériel d’aide à la navigation des aéronefs même pendant le mauvais temps. Et la Régie des voies aériennes (RVA) a aussi remis à niveau d’autres équipements. Fin février, le calibrage en plein vol des équipements de l’aéroport international de N’Djili a été réalisé avec succès, selon les normes de l’Organisation internationale de l’aviation civile (OACI). Le test a été réalisé par des experts de la société sud-africaine, Flight Calibration Service, sous-traitant de la firme Thales, contractant du marché de fourniture des aides à la navigation.
L’essai a consisté à survoler l’espace aérien de la ville de Kinshasa afin de s’assurer du bon fonctionnement des équipements installés au sol à l’aéroport et à vérifier l’enregistrement des données et coordonnées exactes de la piste afin de bien positionner l’antenne ILS (glide), a déclaré le commandant de l’aéroport international de N’djili. Ces instruments donnent des informations précises d’alignement pour l’atterrissage, a fait remarquer Thomas Darabubinga, chef de la division technique à la RVA. Il a par ailleurs précisé que, grâce à l’avion labo, les techniciens ont bien fixé l’axe de la piste par rapport aux informations que donnent les équipements afin de faciliter toute approche à l’atterrissage des aéronefs.
Thomas Darabubinga a laissé entendre que, chaque année, la Régie des voies aériennes devra se soumettre à cet exercice technique pour calibrer son antenne VOR/DME et son antenne ILS/DME tous les six mois. L’acquisition de ce matériel s’inscrit dans le cadre de la composante 2 du Projet de renforcement de la performance opérationnelle des entreprises publiques et d’amélioration de leur gouvernance. Ce projet est financé par la Banque mondiale.
La réforme à l’ordre du jour
Le gouvernement a toujours en projet de scinder la RVA en deux entités. D’une part, un établissement public chargé de la navigation aérienne et, d’autre part, une société commerciale qui reprendra l’exploitation aéroportuaire. Les aéroports de N’Djili (Kinshasa) et Luano (Lubumbashi) devraient passer sous une gestion privée dans le cadre d’un partenariat public-privé (PPP), pour lequel l’État n’apportera que les biens en nature, en l’occurrence les sites aéroportuaires. Des privés, il est attendu des capitaux frais et l’expertise. Ils reprendraient tout naturellement la gestion desdits aéroports. La feuille de route de la ministre du Portefeuille fait impasse sur le retour des experts « français » de l’ADPI. L’on se rappelle que la Banque mondiale avait suspendu tout décaissement des fonds alloués au Projet de transport multimodal (PTM), dont dépendent la Société nationale des chemins de fer (SNCC), la Société commerciale des transports et des ports (SCTP, ex-ONATRA) et la Régie des voies aériennes (RVA). L’institution de Bretton Wood exigeait la relance du contrat d’assistance technique de la RVA par le groupe français Aéroports de Paris Infrastructures (ADPI) suspendue voilà près de 5 ans.
Toutefois, le ministère du Portefeuille dispose d’une feuille de route qui prévoit une assistance technique à la Régie de voies aériennes « pour le renforcement de la gouvernance ». Mais la nouvelle mise en place à la RVA se fait toujours attendre, voilà 4 ans. Le directeur général, Abdallah Bilenge, fait de la résistance, non sans succès, en montant le banc syndical – tel un bouclier humain – contre le ministère du Portefeuille. Dans une correspondance adressée au président du conseil d’administration de la RVA, Emile Bongeli, le 26 juin 2013, l’alors ministre du Portefeuille, Louise Munga, avait invité agents et cadres de cette régie à prendre toutes les dispositions nécessaires pour que la mission d’assistance technique de l’ADPI à la RVA s’exécute dans les meilleures conditions.
Certes, la gestion de la RVA, entre 2008 et 2010, par les experts de l’ADPI, Jean Assice et son équipe, a été calamiteuse. Certes, la RVA s’est fait picoter 2 millions de dollars par des fonds vautours en Afrique du Sud, conséquence d’un compte secret de l’IDEF tenu par les experts ADPI-KPMG. Certes, l’ex-administrateur directeur général ADPI de la RVA aurait été un sujet libanais répondant plutôt au nom d’Aziz que d’Assice. Certes, il a eu des démêlées avec la justice au point d’être appréhendé par le parquet. Mais, pour autant, la mission de l’ADPI doit être reconduite, tempête la Banque mondiale. Ce n’est plus que du jadis ? La RVA pèserait 75 milliards de nos francs l’an, soit environ 80 millions de dollars. Classée depuis peu dans les comptes spéciaux émargeant au budget, la direction de l’entreprise dispose de larges marges de manœuvre pour les mouvements des fonds, contrairement à d’autres entreprises quoique elles aussi transformées en société commerciale avec statut des SA.