(In BEF n°006 du 13 décembre 2013)
Son usine de fabrication des cigarettes de Kinshasa sera fermée dès Mars 2014. BAT-CONGO s’approvisionnera alors, donc importera, auprès de sa consoeur kenyane pour assurer la continuité de la commercialisation des produits BAT en RDC. Ainsi en a décidé la Direction du groupe British American Tobacco, apprend-t-on au siège de la filiale congolaise du groupe tabacicole international.
Mais pourquoi en est-t-on arrivé là? Quelles sont les raisons qui justifient cette réorganisation? Pourquoi la maison-mère a-t-elle préféré le Kenya à la RDC ? En quoi va constituer cette réorganisation ? Existe-t-il un Plan de restructuration ? Et en quoi va-t-il consister ? Ce sont autant des questions que l’opinion publique congolaise ne peut manquer légitimement de se poser consciente du poids économique et sociale que cette entreprise représente, depuis 74 ans durant, en RDC.
Si en substance, c’est une question de rentabilité qui se pose, «BUSINESS ET BUSINESS », mais c’est surtout ce que dicte le principe d’économie d’échelle au sein du Groupe dans la zone qui renferme la RDC : la Sous-Région Afrique Centrale et Afrique de l’Est. Une décision qui n’est pas consécutive aux éventuels mauvais résultats d’une filiale; mais qui s’inscrit dans la vision et la stratégie globale du Groupe. C’est donc suite à sa revue annuelle des coûts de production, des coûts opérationnels que, pour la Sous-région Afrique Centrale et Afrique de l’Est, BAT a opté de regrouper les productions du Congo Démocratique au Kenya. Bien avant la filiale congolaise, c’était, par exemple, les usines du Bénin, du Cameroun, de l’Ouganda, de la Zambie et du Malawi ainsi que deux des trois usines aussi bien en Afrique du Sud qu’au Nigéria que le groupe BAT avait dû fermé.
Ce n’est donc pas le fait d’une quelconque contre-performance de BAT-CONGO (un chiffre d’affaire de près de 100 Millions $Us en 2012) qui vient, tout de même, en importance de marché après le Nigéria, qui est à la base de cette mesure, s’en défendent les responsables au siège de Kinshasa. La référence du Kenya à la RDC par le Groupe a été tout simplement dictée par la très grande capacité de production de l’usine kenyane de la BAT qui peut ravitailler toutes les autres filiales de sa Sous-région. Et même jusque-là, BAT-CONGO s’y approvisionnait déjà en partie. Ainsi le chronogramme arrêté, le démantèlement de l’usine de Kinshasa commence dès fin Mars 2014 pour s’achever complètement, d’après les prévisions, en décembre 2014. Elle sera vendue ou détruite pour ce qui ne trouvera pas de preneur. A tous égards, s’il apparait que cette décision prise en toute responsabilité et qui conforte la Direction du Groupe BAT arrange, au mieux ses affaires, il n’en est pas pareil pour la centaine d’employés directement concernés. Cela même si dans un élan de compassion des formations en auto gestion financière, des programmes de développement et de réinsertion ainsi qu’un accompagnement psychologique est prévu pour les plus fragiles face à la période difficile qu’ils auront à traverser. Par ailleurs, il est vrai que BAT-CONGO est jusqu’ici, de par le paiement des impôts et taxes, l’un des gros pourvoyeurs au Trésor publique. Cela se traduit en termes de plusieurs millions $Us. En 2009, sa contribution était à la hauteur de plus de 40 Millions $Us. Et là, c’est une BAT-CONGO qui va de la culture (plantations et projets de développement) à la commercialisation des cigarettes en passant par leur fabrication. Convertie en importateur, il faudra bien, sans doute, que l’Administration fiscale revoie, quelque peu à la baisse, ses prévisions des recettes dès l’exercice prochain.