Après une baisse importante dans la deuxième moitié des années 1990, la part des 18-29 ans habitant chez leurs parents est à la hausse depuis 2000. Les jeunes français victimes du syndrome Tanguy? Comme dans le film sorti en 2001, les jeunes semblent peiner à quitter le domicile familial. Une situation qui entre en résonance avec d’autres problématiques liées à la jeunesse: l’allongement de la durée d’études et, surtout, les difficultés à trouver un emploi stable.
Selon un rapport publié par l’INSEE, près d’un jeune adulte sur deux (46 %) habitait toujours chez ses parents en 2013. Après une diminution amorcée au milieu des années 1990, le taux de cohabitation a de nouveau augmenté depuis le début des années 2000, poussé par la hausse du chômage des jeunes et celle de la population étudiante.
Une insertion difficile sur le marché du travail. En 2013, sans surprise, la plupart des 18-24 qui vivent chez leurs parents sont des étudiants (57,8 %). En 1973, les cohabitants de 18-24 ans occupaient majoritairement un emploi (58,1 %). À noter qu’à l’époque, les étudiants étaient presque trois fois moins nombreux qu’aujourd’hui. En 2013, le taux d’emploi des jeunes bénéficiant d’une autonomie résidentielle est supérieur (de plus de 20 points) à celui des jeunes qui vivent toujours chez leurs parents. Cela est aussi lié au parcours de vie, le départ du domicile familial coïncidant fréquemment avec l’accès à l’emploi.
Les 25-29 ans qui vivent toujours au sein du foyer familial sont souvent moins bien insérés sur le marché du travail: très peu occupent des postes de cadre ou ont une profession intermédiaire. En outre, ils sont proportionnellement beaucoup moins nombreux que le reste de leur classe d’âge à occuper un emploi stable, en contrat à durée indéterminée ou en tant que fonctionnaire.
Ce facteur est d’ailleurs déterminant dans l’accès à un logement indépendant, la stabilité de l’emploi constituant souvent un gage précieux pour en obtenir un.
En outre, plus du quart des jeunes adultes de 25 à 29 ans qui vivent chez leurs parents sont au chômage: souvent pour eux, le fait de rester au sein du foyer familial permet de bénéficier d’une aide en nature, en profitant, de fait, des conditions de logement et du niveau de vie de leurs parents.
Un soutien financier nécessaire à l’accès à l’autonomie. Pour les plus jeunes, l’autonomie résidentielle peut s’acquérir de façon progressive: 15 % des 18-24 ans qui habitent chez leurs parents résident aussi en partie ailleurs, regagnant la maison familiale pour les week-ends et les vacances. L’autonomie résidentielle n’est pas pour autant un gage d’autonomie financière, souvent les jeunes adultes qui ont quitté le domicile parental reçoivent une aide financière de leurs parents.
Pour les 18-25 ans, il s’agit, en général, d’une aide financière directe et régulière (72,4 %), du paiement du loyer (47,5 %) ou du versement d’une pension alimentaire (20,5 %).
Ce soutien financier décroît rapidement avec l’âge: 68,6 % des 18-19 ans vivant en logement indépendant reçoivent une aide régulière, contre 9,7 % des 24-25 ans et 3,4 % des 28-29 ans. Parmi les plus jeunes, ce sont surtout les étudiants qui bénéficient de cette aide. Pour la tranche des 25-29 ans, ce sont surtout les chômeurs qui reçoivent un soutien financier de la part de leurs parents.