À EN JUGER par les propos de Sylvestre Ilunga Ilunkamba, le 1ER Ministre, ce n’est pas sitôt dit sitôt fait que les enfants vont reprendre le chemin de l’école. « En matière de santé publique, la prévention est le moyen le plus approprié pour protéger la population », a tranché dans le vif Sylvestre Ilunga. Apparemment, toutes les options sont sur la table : « Le gouvernement poursuit la réflexion sur la réouverture des écoles, avec le Secrétariat technique de la riposte et les partenaires éducatifs, parmi lesquels les associations des parents. Au moment où la courbe de la progression de la pandémie est encore ascendante, dans les provinces infectées, la responsabilité nous oblige à observer la plus grande prudence. Une autre réflexion est en cours sur la possibilité d’autoriser la tenue des examens juste pour les classes terminales de 6è secondaire et primaire. Et toujours dans le strict respect de la distanciation physique et des mesures de prévention. Mais tout cela est fonction de l’évolution de la pandémie. »
Et le 1ER Ministre d’indiquer : « En ouvrant les écoles, nous devons en effet nous assurer que toutes les dispositions nécessaires sont prises pour éviter l’expansion de la maladie dans la frange la plus nombreuse de notre population. Je veux évidemment parler de nos enfants, avenir de notre pays. »
Les effets économiques
Au chapitre des questions d’ordre économique, Sylvestre Ilunga a relevé « cinq thématiques importantes » dans les préoccupations des sénateurs. En premier lieu, quelles sont les mesures gouvernementales pour soutenir le petit commerce, notamment celui des petits restaurateurs et des « Malewa » qui ont perdu leur capital. Question posée par les sénatrices Luesse et Bulansung. Réponse de Sylvestre Ilunga : « En somme, cette préoccupation évoque la situation de la plupart des ménages évoluant dans le secteur informel. De manière plus générale, ce qui est prévu, dans le troisième axe du Programme multisectoriel d’urgence d’atténuation des impacts du Covid-19, c’est le soutien aux populations à travers des mesures et actions devant préserver le pouvoir d’achat des ménages, leur garantir un accès acceptable à l’alimentation et aux utilités publiques. Cet axe représente 53 % du coût estimé du Programme en 2020. »
Et d’ajouter : « Le gouvernement entend aider les petites et moyennes entreprises par le biais du FPI qui retient une enveloppe de 10 millions de dollars pour le financement des projets ayant trait à l’agriculture, la pêche, l’élevage, l’agro-industrie, l’industrie pharmaceutique et chimique, ainsi que pour l’appui à la commercialisation et la maintenance à des taux d’intérêt concessionnels. »
À propos de la pression fiscale et son incidence budgétaire, le sénateur Mutombo a voulu connaître le niveau des assignations prévues dans le collectif budgétaire en préparation, et comprendre la différence entre la baisse des recettes budgétaires due à la contre-performance des régies financières et la chute des recettes qui serait liée aux effets de la pandémie du coronavirus.
Réponse de Sylvestre Ilunga : « Il est vrai que la baisse des recettes à partir du mois de mars s’explique essentiellement par des mesures d’atténuation des effets négatifs du Covid-19 pour le soutien de l’offre et le bien-être des ménages par le biais de l’exonération de tous impôts, droits, taxes et redevances sur l’importation et la vente des intrants et produits pharmaceutiques, ainsi que la suspension durant une période de trois mois de la perception de la TVA sur la vente de produits de consommation de masse. »
En plus : « La baisse du taux de mobilisation des recettes des deux premiers mois de 2020 résulte de la baisse dans l’effort de mobilisation et de la surestimation des prévisions budgétaires. Les prévisions du collectif budgétaire que vous allez bientôt examiner seront plus rigoureuses et seront accompagnées des réformes et mesures concrètes en vue de la maximisation des recettes pour le reste de l’année. »
Difficultés budgétaires
Pour le sénateur Matata, ancien 1ER Ministre, la crise économique née de la crise sanitaire due à la pandémie de Covid-19 risque de se poursuivre en 2021, et partant les difficultés budgétaires actuelles. Et pour cause, l’impôt sur les bénéfices a pour base de prélèvement les résultats de l’exercice précédent, c’est-à-dire l’exercice 2020. Réponse de Sylvestre Ilunga : « Évidemment, la préoccupation du sénateur Matata s’inscrit dans le cadre de l’hypothèse forte de poursuite et de persistance de la situation actuelle intérieure et internationale. Dans ce cas effectivement, la crise économique va se poursuivre en 2021 avec accentuation des difficultés budgétaires. Cependant, plusieurs observateurs avisés, au regard des mesures de déconfinement prises ou envisagées à travers le monde, relèvent que la situation économique internationale peut aller s’améliorant au deuxième semestre de cette année. » Et de poursuivre : « Or, l’amélioration de l’environnement international constitue la principale impulsion de la reprise de notre économie, notamment à travers le regain de l’activité minière. De ce fait, dans l’hypothèse d’un changement progressif de la situation intérieure et internationale, le climat des entreprises peut s’améliorer et partant leurs résultats. L’impôt sur les bénéfices professionnels se relèvera aussi. Sans préjudice des hypothèses évoquées ci-haut, le gouvernement attache une priorité particulière à la stabilisation macroéconomique et à l’amélioration du climat des affaires. De cette façon, les impôts résiduels sur les bénéfices, dans le premier cas, seront préservés. Dans le deuxième cas, l’encadrement pour la collecte des impôts sur les bénéfices sera assuré. »
La sénatrice Muyumba a voulu savoir si toutes les provinces touchées bénéficient du Fonds de solidarité nationale contre le Covid-19. Réponse de Sylvestre Ilunga : « Sans doute, comme son nom l’indique, ce Fonds a un caractère national. Dans l’ordonnance qui l’a institué, il est précisé que les moyens financiers à collecter serviront au financement des fournitures essentielles comme les équipements de protection individuelle et aux agents de santé qui sont en première ligne sur toute l’étendue du territoire national. La répartition d’un tel fonds ne peut être arbitraire, elle va se décider et s’exécuter selon les besoins spécifiques ressentis par chaque communauté. »
Sur la reprise du travail et de l’activité, indépendamment de la taille des entreprises, préoccupation du sénateur Mukalay, le 1ER Ministre a déclaré : « Le dernier Conseil des ministres a reconnu la nécessité d’une reprise graduelle de certaines activités économiques suspendues suite au Covid-19, surtout dans certains secteurs porteurs comme les secteurs minier et manufacturier. »
Et sur l’appui des bailleurs de fonds, le sénateur Luando a voulu avoir les détails sur l’affectation de 132 millions de dollars destinés à la lutte contre le Covid-19. Réponse de Sylvestre Ilunga : « Il est prévu que ce montant serve aux activités de prévention et précaution, de sensibilisation et communication, aux tests et dépistages, ainsi qu’au renforcement des capacités de prise en charge, de recherche et essais cliniques et aux primes et collation du personnel soignant. »
En réponse à la préoccupation du sénateur Molisho, le 1ER Ministre a dit que « le montant de 47,5 millions de dollars venant de la Banque mondiale est un financement pour la préparation stratégique et la riposte au Covid-19. Il est composé pour moitié d’un don approuvé le 6 avril 2020, et pour l’autre moitié d’un crédit approuvé en deuxième lecture par le Sénat le 21 mai dernier. »