Comme la plupart des pays africains, la République démocratique du Congo fait encore face à de nombreux défis pour amorcer véritablement son développement durable et réduire la pauvreté. Sous l’impulsion du chef de l’État, Joseph Kabila Kabange, le gouvernement s’est résolument engagé à réformer l’État. En tant qu’initiative reflétant l’engagement pris par le gouvernement dans sa déclaration de politique générale, la réforme de l’administration publique (RAP) doit susciter, pour être effective, la mobilisation de l’appareil de l’État, l’adhésion des agents et fonctionnaires et l’appui de la société civile et des partenaires en développement.
Le succès de la réforme repose donc pour une part essentielle sur la participation, la responsabilisation et la consultation. Ainsi, les éléments se mettent en place pour une forte intensification du processus de RAP. Il faut que ces éléments soient unifiés pour une forte appropriation de la partie nationale et une forte implication des parties prenantes.
La RAP appelle tout autant un pilotage et un accompagnement qui soient à la fois organisés, soutenus et en conformité avec la vision globale arrêtée par le gouvernement et mise en œuvre par le ministère de la Fonction publique. Ce pilotage repose sur la trilogie programmation – exécution – suivi/évaluation, faisant appel à une coordination réelle des actions de tous les intervenants, faute de quoi la réforme risque de rester au niveau des discours.
C’est pourquoi, il a été concocté un cadre stratégique général de la réforme et de la modernisation de l’administration publique (RMAP). L’objectif est fédérer l’ensemble des parties prenantes à la RAP et de créer les conditions favorables aux résultats rapides et tangibles. C’est une vue commune générale sur le parcours, qui doit être accompli pour que la RDC soit dotée des administrations performantes et utiles pour tenir son rang au plan international, améliorer l’offre de services publics pour la population et relever les nombreux défis qui l’attendent.
Formation et renforcement des capacités
L’administration publique a un rôle déterminant à jouer dans la reconstruction de l’État. De par son mode d’organisation, sa gestion et son fonctionnement, ses méthodes et procédures, les ressources (humaines, matérielles, financières et techniques) et la technologie qu’elle utilise, l’administration publique peut soutenir efficacement, de manière efficiente et durablement, l’État dans l’accomplissement de ses missions et fonctions.
Selon le coordonnateur du secrétariat national de renforcement des capacités (SENAREC) placé sous la tutelle du ministère du Plan, Constant Koko Mudekereza, l’administration publique est une variante essentielle dans toutes les stratégies visant le renforcement de l’efficacité des politiques économiques et sociales ou des politiques publiques en général et des réformes sous-jacentes au sein de l’État. De ce point de vue, l’administration publique est considérée comme « un des instruments les plus crédibles qu’il convient de maîtriser pour orienter, mettre en œuvre et garantir le succès des politiques et stratégies de croissance et de développement d’un pays ».
Comme variable importante, sinon prépondérante, l’administration publique est susceptible d’influencer l’efficacité de l’État qui en a besoin pour organiser son territoire, gérer la cité et la chose publique. « L’administration publique est donc un instrument à la disposition de l’État et à son service pour accomplir des missions d’intérêt général ». La nécessité de la RAP est mue par celle de reconstruire et refonder l’État, de rétablir la confiance des citoyens envers lui et de restaurer son autorité sur l’ensemble du pays, d’améliorer la qualité et l’efficacité de ses politiques publiques et de renforcer ses capacités dans la production et la fourniture des services publics de qualité aux citoyens, explique-t-on,
Le SENAREC a été créé par un décret du 1ER Ministre dans cette perspective pour jouer le rôle de « Guichet unique » pour le renforcement des capacités. En d’autres termes, toute formation dispensée en RDC doit avoir le visa du SENAREC. Qui veille au respect des normes ou standards internationaux, au contrôle qualité. Le SENAREC accomplit ses missions sur la base d’un Programme national quinquennal de renforcement des capacités (PRONAREC). Le premier programme s’est achevé en 2015 et le deuxième en cours arrivera à échéance en 2021. Ce sont les Projet de renforcement des capacités en gouvernance (PRCG) et le Projet de renforcement des capacités de gestion des fonctions de base de l’administration publique (PRC-GAP) qui s’étend à la société civile et au secteur privé. C’est dire que tous les programmes de formation doivent désormais être accrédités par le SENAREC pour le compte de l’État. Constant Koko fait remarquer que « le contrôle qualité » est un défi majeur pour son organisme. D’après lui, il faut renforcer la cellule en charge de ce contrôle.
Suivi/évaluation
La conception moderne de l’action publique met l’accent sur la nécessité de « la mise en adéquation entre les résultats et les moyens d’intervention de l’État ». Elle exige aussi « une réévaluation » du rôle de l’administration publique et une requalification de ses missions et fonctions pour qu’elle serve réellement l’État. D’où la mise en place au sein de l’administration publique d’« un système de gestion basé sur la performance et les résultats et d’un système de suivi-évaluation ». Il s’agit de la recherche de la couverture des besoins de l’État, mais beaucoup plus de trouver les moyens efficaces de son intervention dans la vie économique et sociale ainsi que des moyens de gestion, de régulation et d’atténuation des chocs d’ordres et d’origines divers au moyen de son administration.
D’après le consultant international PRRAP, Jules Dumas, il est plus question de « mobiliser et mutualiser les données en vue de l’appropriation des défis et des enjeux » de la RAP en RDC. Pour ce faire, dans le cadre du PRRAP, le ministère de la Fonction publique a décidé de la mise en place d’un tableau de bord pour le suivi des indicateurs clés (TBSI) de la RAP en RDC. Ces indicateurs clés concernent les objectifs, les activités, les performances, les impacts et la perception/opinion.
Ce tableau s’appuie sur l’analyse de principales contraintes de la gouvernance. Il s’agit de l’accès difficile à l’information et aux données, la participation insuffisante et la faible participation, et de la redevabilité insuffisante et le faible suivi citoyen. Tout cela entraîne la méfiance, la résistance, la réticence au changement, a expliqué Jules Dumas. Qui, par ailleurs, a indiqué que ce tableau s’appuie sur le modèle « voix-réponse », c’est-à-dire à partir de ces contraintes, le TBSI se positionne pour aider à recueillir les avis, perceptions et opinions des cibles bénéficiaires, à payer les analyses dans une perspective de réponse susceptible d’améliorer les orientations opérationnelles ou stratégiques de la réforme.
Les axes d’intervention du TBSI concernent le dialogue structuré et participatif (adhésion, mobilisation, engagement citoyen pour le changement), le système d’information transparent (pour soutenir le dialogue, la concertation et faciliter la prise des décisions), le suivi citoyen (pour produite les données alternatives, mesurer la satisfaction et l’impact des réformes). L’objectif global du TBSI est de renforcer la redevabilité des acteurs de la réforme de l’administration publique en RDC. Trois objectifs spécifiques y sont associés : renforcer l’adhésion et la participation des parties prenantes à la réforme, faciliter l’accès aux données et informations stratégiques ainsi que les systèmes de gestion des feedbacks, renforcer les initiatives de suivi citoyen de la RAP.
Quelques activités du TBSI ont été planifiées. Il s’agit premièrement de l’animation d’un cycle de dialogues stratégiques et structurés au niveau national et des provinces. Dans le cadre des PTBA, le PRRAP appuie la mise en place et l’animation des cellules de changement de la commission paritaire, des groupes thématiques, du comité de pilotage de la réforme des groupes de travail technique variés et d’un cadre de concertation (séminaires et ateliers) multi-acteurs autour des enjeux et des défis de la réforme.
Deuxièmement, du développement des applications et mécanismes de collecte, analyse, visualisation et publication des informations (mise en place d’un système d’information et de communication intégré dans une seule et unique plateforme Web. Troisièmement, de l’appui à la redevabilité et au contrôle citoyen du système.