LA capacité des fabricants chinois à explorer les marchés émergents continue de s’améliorer. Leurs exportations dans les économies émergentes ont enregistré une hausse de 3,7 points de pourcentage pour atteindre 51,8 % du total des exportations chinoises, a fait savoir Li Xingqian, le directeur général du département du commerce extérieur au ministère du Commerce. Les exportations de produits à forte valeur ajoutée ont enregistré une croissance notable malgré l’épidémie de coronavirus, augmentant notamment de 10,5 % pour les circuits intégrés et de 0,3 % pour les automobiles.
Tout en soutenant la reprise de la production pour les entreprises tournées vers l’extérieur, le gouvernement a mis en valeur les domaines clés et prêté une grande attention aux éléments fondamentaux de la chaîne industrielle et des grandes entreprises, ainsi qu’aux liens clés dans le domaine du commerce extérieur. Cela fait déjà 7 ans qu’une liaison ferroviaire relie l’empire du Milieu à l’Europe. Le chemin de fer dessert la Belgique, la Pologne, l’Allemagne, l’Angleterre, l’Espagne, et même la France depuis 2016. Un chantier ambitieux qui avait alors été initié par Pékin, permettant ainsi de créer un important réseau d’infrastructures de transport. Pour autant, le transport ferroviaire a un coût et les entreprises continuaient, pour beaucoup, d’utiliser l’air et la mer pour l’acheminement des marchandises. Une habitude qui change peu à peu, notamment depuis la crise du coronavirus qui retarde les livraisons de tous types. C’est ainsi que les voies ferrées sont de nouveau particulièrement empruntées afin de transporter du matériel de la Chine vers l’Europe.
Sinotrans, filiale de l’entreprise China Merchants Group (CMG), multiplie depuis début avril les expéditions (54 depuis début 2020) depuis Shenyang (province de Liaoning dans le Nord-Est de la Chine). Un chiffre qui continue d’augmenter et un moyen de transport de plus en plus privilégié : le nombre de trains de fret et de conteneurs auraient connu une augmentation de 50 % à Suzhou (Ouest de Shanghai).
Fréquences en hausse
Avec une fréquence de départ plus importante que par bateau, les liaisons devraient facilement se multiplier. La Chine, qui commence à peine à se remettre du coronavirus, a par ce biais déjà envoyé plusieurs millions de masques en Russie et en Europe, l’acheminement du matériel étant déjà arrivé en Allemagne. Plus globalement, l’exploitation de ces lignes ferroviaires pourrait faciliter la reprise de la production par les exportateurs chinois, et assurer une chaîne d’approvisionnement mondial. Soucieuse d’encourager les entreprises tournées vers l’exportation à utiliser de façon flexible des outils politiques comme l’assurance-crédit à l’exportation pour développer leurs activités, la Chine a également renforcé le soutien au financement des entreprises et fait jouer pleinement son rôle à l’assurance-crédit à l’exportation, afin d’aider les entreprises à faire face à l’impact du coronavirus.
Selon Li Xingqian, il était nécessaire de développer encore davantage la couverture des assurances à court terme, mettre en place des services professionnels ciblés, améliorer l’efficacité des souscriptions et innover dans les modes de souscription pour aider les entreprises à renforcer la gestion des risques à l’exportation et à diminuer les pertes découlant potentiellement de l’épidémie.
En mars dernier, le commerce extérieur de la Chine a montré des signes de stabilisation. Les exportations et les importations ont surpris les attentes du marché. Selon les données de l’Administration générale des douanes (AGD), les exportations de la Chine ont chuté de 3,5 % sur un an, alors que les importations ont augmenté de 2,4 %. Le commerce extérieur des marchandises a totalisé 348 milliards de dollars, en baisse de 0,8 % en glissement annuel, contre un recul de 9,5 % durant la période de janvier-février, selon l’AGD.
Au premier trimestre, le commerce extérieur des marchandises a reculé de 6,4 % sur un an. Les exportations ont baissé de 11,4 %, tandis que les importations ont reculé de 0,7 %, ce qui conduit à une baisse de l’excédent commercial de 80,6 % sur un an, d’après les données de la douane. La Chine a mis en place une série de politiques pour aider les entreprises du commerce extérieur à reprendre les activités dans le cadre des mesures approfondies de contrôle et de prévention du Covid-19.
Optimisme quand même
La Chine est capable de mitiger l’impact de l’épidémie de nouveau coronavirus sur son commerce extérieur et maintiendra sa dynamique de croissance commerciale cette année, ont affirmé des spécialistes et des dirigeants d’entreprises. Selon l’administration douanière, même si le virus a entraîné une réduction des exportations et des importations sur le court terme, le commerce extérieur de la Chine reste hautement résilient. Les entreprises chinoises ont une forte capacité d’adaptation et de développement de marché, leur permettant de faire face à cette nouvelle situation.
Les principales provinces exportatrices, incluant le Jiangsu, le Zhejiang, le Guangdong et le Fujian, n’ont pas été gravement atteintes par l’épidémie, note Wei Jianguo, le vice-président du Centre de Chine pour les échanges économiques internationaux. D’après les récentes données du ministère de l’Industrie et des Technologies de l’information, plus de 90 % des principales entreprises industrielles dans les provinces de Jiangsu, Shandong, Fujian, Liaoning, Guangdong, Jiangxi et Hunan ont repris leur production. Ce taux dépasse même les 95 % dans cinq de ces provinces, incluant le Zhejiang et le Guangdong.
Avec de plus en plus de fabricants chinois et internationaux reprenant la production et leur activité en Chine, Wei Jianguo prédit que les exportations de la Chine devraient rebondir au deuxième trimestre après le déclin enregistré sur les trois premiers mois. Les importations devraient quant à elles enregistrer une croissance à deux chiffres en glissement annuel pour l’ensemble de cette année. Même si l’épidémie a été largement endiguée, les exportateurs de Chine doivent tout de même se préparer à une situation volatile du fait de l’épidémie, note Bai Ming, un chercheur de l’Académie chinoise du commerce international et de la coopération (CAITEC).
Les entreprises orientées vers l’exportation doivent donner la priorité à l’obtention de nouvelles commandes de la part de leurs clients étrangers réguliers et avoir accès à suffisamment de matériaux de production pour livrer à temps leurs produits sur les marchés étrangers. « Au niveau national, le gouvernement doit intensifier les échanges d’information avec ses partenaires commerciaux à long terme et maintenir la position vitale de la Chine dans la chaîne industrielle mondiale », souligne Bai Ming. D’après lui, le pays doit accorder une attention particulière à la situation épidémique chez ses partenaires commerciaux, mais aussi à l’impact de l’épidémie sur la chaîne industrielle et l’économie mondiales.
Le groupe China North Industries Group Corporation (NORINCO), une entreprise d’État administrée par les autorités centrales, a annoncé que sa filiale China Changan Auto Group (CCAG) avait expédié 7 143 véhicules à ses clients en Russie, en Arabie saoudite et au Chili au mois de janvier. Zhou Zhiping, le président du CCAG, a indiqué que tous les véhicules avaient été expédiés depuis Chongqing vers le port de Shanghai. L’entreprise a par ailleurs renforcé les contacts avec ses fournisseurs chinois et étrangers, afin de coordonner le délai de livraison des divers composants et d’assurer la normalité de son activité ainsi que le respect des délais. En-dehors des entreprises chinoises, les multinationales comme Honeywell International, Siemens et Volvo Cars ont toutes expédié les produits manufacturés dans leurs usines en Chine vers les autres marchés internationaux après la reprise de la production.