Face à la crise, la Tanzanie renforce sa surveillance monétaire

La Tanzanie doit faire face à un ralentissement de sa croissance, alors que le gouvernement multiplie les projets d’infrastructure. 

Là où le président John Magufuli préconise un renforcement des mesures de contrôles monétaires et bancaires, le Fonds monétaire international (FMI) appelle à retarder une partie des projets d’infrastructures, renforcer la collecte de taxes ou encore à injecter plus de fonds dans le secteur bancaire. Le président tanzanien, John Magufuli, vient de donner ses instructions à la Banque centrale de démarrer le renforcement des contrôles ciblant les gros mouvements de devises et de rapidement prendre des mesures à l’égard les banques « défaillantes ». Ces directives présidentielles visent à lutter contre les délits financiers et à protéger le shilling tanzanien.

« Nous avons maintenant 58 banques en Tanzanie, la Banque centrale de Tanzanie devrait surveiller de près ces banques et prendre des mesures rapides contre les institutions défaillantes. Il vaut mieux avoir quelques banques viables que de nombreuses banques défaillantes », a déclaré John Magufuli dans un communiqué publié par la présidence. Cette annonce coïncide avec les récentes recommandations du FMI appelant Dodoma à accélérer les réformes et d’allouer plus de fonds au renforcement de la croissance, de manière à éviter le ralentissement de ce que l’institution internationale décrit comme l’une des économies les plus dynamiques du monde.

Le président c’était par ailleurs engagé au lendemain de son élection en 2015 à réformer une économie entravée par les lourdeurs bureaucratiques et la corruption. « Je veux aussi des restrictions sur l’utilisation des dollars américains. Au moment où je vous parle, un million de dollars ont été confisqués à l’aéroport international de Dar es Salaam. Ce cas doit nous pousser à être plus prudents, vu qu’un tel mouvement de fonds n’a éveillé aucun soupçon dans le pays », a précisé le président tanzanien. Magufuli a profité de cette sortie pour indiquer l’entrée en vigueur de nouvelles mesures de politique monétaires pour améliorer l’accès au crédit du secteur privé.

Fin d’une décennie de croissance

Des directives qui auraient selon la présidence déjà permis d’alléger la pression sur les liquidités en shilling. Un constat partagé par le FMI qui a confirmé le 12 décembre que le secteur bancaire restait relativement bien capitalisé. Il n’empêche que l’institution internationale a nuancé ses propos en alertant sur l’importante réduction des ratios de capitalisation de certains établissements de petite et moyenne taille.

Pour l’institution internationale, cette différentiation s’explique par des dépenses publiques limitées qui auraient freiné la croissance de la troisième économie d’Afrique de l’Est. Celle-ci a enregistré une progression de 6,8 % lors des 6 premiers mois de l’année, contre les 7,7 % enregistrés lors de la même période en 2016. L’économie tanzanienne a pour rappel enregistre une croissance moyenne de 7 % par an au cours de la dernière décennie.

Pour 2017 la Banque mondiale table sur le ralentissement de la croissance à 6,6 %. Ces anticipations de ralentissement de la croissance tanzanienne ont poussé le FMI à recommander à Dodoma en juin dernier, de retarder la mise en œuvre d’une partie des projets d’infrastructures programmés. La Tanzanie compte mobiliser 14,2 milliards de dollars au cours des cinq prochaines années pour la construction de 2.560 km de voies ferrées, l’amélioration des installations portuaires ou encore des principaux axes routiers du pays.

Cette feuille de route ambitieuse risque selon le FMI d’être contrariée par des prévisions de recettes pour 2017/2018 en deçà des objectifs fixés en début d’années. Pour l’institution la collecte modérée des recettes publiques et les retards dans l’obtention du financement des projets d’infrastructures ont freiné les dépenses de développement et ralenti au passage la croissance économique. « L’amélioration de l’environnement des affaires est liée à la prévisibilité politique basée sur un dialogue fort avec le secteur privé, les réformes réglementaires, le paiement ponctuel de la TVA et d’autres remboursements d’impôts ou encore l’élimination des arriérés intérieurs », a recommandé le FMI le 12 décembre.