Frémissement cataire pour le cuivre et l’or après des nouveaux records

Le cours de l’or ne s’est pas remis de sa lourde chute malgré des données américaines qui auraient pu lui profiter la semaine dernière. Pour sa part, le cours du cuivre a reculé mais reste à un niveau élevé dans un marché attentif à la situation économique en Chine.

LE CUIVRE voit rouge. Tous les regards sont désormais tournés vers la Chine, qui consomme la moitié de la production mondiale de métal rouge. Les douanes chinoises ont d’ailleurs publié le jeudi 14 janvier 2021 les dernières données des importations pour décembre (en hausse de 6,5 % sur un an). « Un chiffre élevé qui se reflète également dans les produits de base », selon Daniel Briesemann, analyste chez Commerzbank. Bien que la Chine n’ait importé que 512 000 tonnes de cuivre brut en décembre 2020 – le chiffre le plus bas en sept mois – les importations de cuivre l’année dernière dans leur ensemble ont atteint un niveau record de 6,68 millions de tonnes, soit une augmentation de 34 % par rapport à 2019, constate-t-il.

Ce qui laisse penser « que la Chine a acheté plus de cuivre qu’elle n’en avait réellement besoin ». Une situation qui contribue à la baisse des prix. 

Le cuivre reste cependant à un niveau élevé proche des 8 000 dollars la tonne métrique, après avoir battu le vendredi 8 janvier un nouveau record depuis début 2013 à 8 238,00 dollars la tonne. Sur le London Metal Exchange (LME), la tonne de cuivre pour livraison dans trois mois s’échangeait à 7 941,50 dollars le vendredi 15 janvier, contre 8 131,00 le vendredi précédent à la clôture.

En convalescence depuis son plus bas de 2020 heurté le 19 mars dernier, à 4 371 dollars la tonne métrique, le métal rouge avait depuis largement dépassé son niveau précédant la pandémie de Covid-19, tiré la semaine dernière par la victoire démocrate aux sénatoriales des États-Unis, synonyme de plan de relance à même de stimuler la demande. 

Le cuivre est largement utilisé dans l’industrie notamment pour la confection de circuits électriques, dont le secteur automobile est de plus en plus friand. La vigueur qui est aussi de mise pour les autres métaux de base en se maintenant sur leur plus haut niveau de 2020, s’est quelque peu émoussée. Les métaux de base ont fini la semaine dernière en ordre dispersé. 

Comme le cuivre, le zinc a marqué aussi une pause à 2 716 dollars contre 2 840. Le nickel et le plomb ont gagné du terrain à respectivement  17 900 dollars et 2 040. Le palladium avait grimpé le mardi 5 janvier 2021 à 2 525,53 dollars l’once, à son plus haut depuis dix mois. Et la veille, le platine s’est envolé à 1 131,62 dollars, à son plus haut depuis plus de quatre ans. 

Les mouvements restent étroits sur l’or et l’argent (utilisé comme substitut à l’or mais également par l’industrie des panneaux solaires), dont les cours ont évolué à plat la semaine dernière. Le World Gold Council a dévoilé la semaine dernière ses prévisions pour 2021 et invite les investisseurs à surveiller de près les pressions inflationnistes qui pourraient soutenir le cours du métal doré. Vendredi 15 janvier 2021, l’once d’or s’échangeait 1 830,15 dollars, contre 1 849,01 en fin de séance le vendredi précédent. L’argent, quant à lui, se traitait à 25.4 dollars, après avoir atteint le mercredi 6 janvier 27,93 dollars l’once, son plus haut depuis quatre mois. 

Or, valeur refuge

L’inflation qui monte aux États-Unis devrait profiter à l’or, même si cela n’arrive pas aussi vite que les analystes l’avaient prévu. Le métal jaune, indépendant des Banques centrales, est vu traditionnellement comme un investissement contre l’inflation. Mais le taux obligataire américain et le dollar, dont les hausses pèsent sur l’or, ont fait pencher la balance de l’autre côté, expliquent ces analystes. « Le futur président Joe Biden a dévoilé son plan à 1 900 milliards de dollars, les discussions sur les prévisions d’inflation vont aller bon train à Washington, ce qui promet de secouer le prix de l’or sur les prochaines semaines », estime Lukman Otunuga, analyste chez FXTM. 

Valeur refuge par excellence, l’once d’or prenait 1,7 % à 1 930,40 dollars le lundi 4 janvier 2021. Si 2020 a été un bon cru pour le métal jaune, il reste à savoir si cette évolution va se poursuivre et quels en seraient les moteurs. La faiblesse du billet vert (le dollar) a joué un rôle majeur dans cette envolée, note David Madden, analyste de marché chez CMC Markets. De son côté, Carlo Alberto De Casa, l’expert d’Activtrades, estime que les Banques centrales maintiendront en principe leurs politiques monétaires ultra-expansives. 

« Des taux d’intérêt extrêmement bas soutiendront l’appétit pour les actions, les investisseurs recherchant des rendements plus élevés. Mais cela pourrait entraîner un certain déséquilibre et exacerber les rallyes sur certaines actions. 

Difficile pour l’heure de le savoir exactement et même quand vraiment cela prendra fin », analyse-t-il la situation. Suite aux chutes du PIB dans la plupart des pays l’année dernière, poursuit Carlo Alberto De Casa, il faut s’attendre à une forte reprise en 2021. « L’ensemble de ces facteurs conjugué à de potentiels stimuli fiscaux s’avéreront cruciaux pour le marché de l’or en 2021. »

Le pétrole caracole

Les prix pétroliers se sont stabilisés la semaine dernière mais progressent tout de même d’un peu moins de 10 % depuis le 1er janvier 2021. Les investisseurs ont pris connaissance des prévisions de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), qui, comme toujours, fait preuve d’une grande prudence à l’égard des impacts de la pandémie de Covid-19 sur la reprise de la demande de brut cette année. Le cartel table toujours sur un rebond de 5.9 millions de barils par jour en 2021. Le Brent se négocie à 55.3 dollars le baril, contre 52.7 pour le WTI, la référence américaine.

Les prix du pétrole ont donc terminé en baisse le vendredi 15 janvier, le marché reprenant son souffle après un début d’année en fanfare tandis que la pandémie de Covid-19 continue de planer sur la demande actuelle et future d’or noir. 

À Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mars a perdu 2,34 %. À New York, le baril américain de WTI pour le mois de février a abandonné 2,26 %. « Les prix du brut s’affichent en baisse après avoir atteint leur plus haut niveau en onze mois et alors que le dollar remonte », souligne Phil Flynn de Price Futures Group. Un billet vert plus cher rend en effet le baril plus onéreux pour les investisseurs munis d’autres devises.

Plus fondamentalement, « les mauvaises nouvelles sur le front du coronavirus suscitent l’incertitude » des investisseurs, explique aussi Eugen Weinberg, analyste de Commerzbank. La résurgence du virus frappe aussi la Chine, qui avait largement maîtrisé l’épidémie de Covid-19 depuis mai. « Malgré la correction de ces dernières heures, le scénario reste favorable au pétrole, qui est toujours placé dans un mouvement positif à long terme », nuance Carlo Alberto De Casa.

Dans son rapport mensuel publié le jeudi 15 janvier 2021, l’OPEP n’a pas révisé à la baisse ses prévisions de rebond de la demande cette année. De plus, la demande pétrolière devrait profiter du nouveau plan de relance d’urgence de Joe Biden, censé sortir les États-Unis de leur pire crise depuis les années 1930. Le pétrole a débuté l’année sur les chapeaux de roue. 

L’optimisme perdure grâce à l’Arabie Saoudite qui entend soutenir les marchés pétroliers en abaissant volontairement sa production sur les prochains mois. De quoi rassurer le marché alors que la reprise de la demande reste fragile.