LE PARTENARIAT stratégique Easy Commerce USA-RDC et Nouvelle Chambre de Commerce National (NCCN) voudrait justement donner un contenu réel aux échanges commerciaux entre les États-Unis et la République démocratique du Congo. Les États-Unis sont à la fois le premier pays importateur et le deuxième pays exportateur au monde (agro-alimentaire). Les États-Unis sont aussi le pays plus grand exportateur mondial de services (banques, télécommunications, énergie, livraison express, nouvelles technologies de l’information et de la communication, assurances…) Par ailleurs, les États-Unis sont une véritable référence en matière de machines et technologies agricoles ainsi qu’en matière de semences, engrais et produits chimiques. Bref, le système modulaire de l’économie américaine peut apporter de nombreux avantages à l’économie congolaise.
Comment en est-on arrivé à Trade Show USA-DRC ? Gérard Tumba, le project manager d’Easy Commerce USA-RDC, situe tout d’abord le contexte. D’entrée de jeu, il explique : « L’administration américaine sous le président Bill Clinton avait promulgué, en 2000, une loi relative à la croissance et aux opportunités de développement en Afrique : l’African Growth Opportunities Act (AGOA). » Pour rappel, l’AGOA permet aux pays d’Afrique subsaharienne d’exporter sur le marché américain sans droit de douane, et prévoit des programmes pour créer d’importantes opportunités pour les pays remplissant les conditions afin de pouvoir changer significativement les structures de leurs économies.
L’AGOA et la RDC
Et le project manager d’Easy Commerce de poursuivre : « Depuis, la RDC est exclue de l’AGOA, suite aux problèmes récurrents de l’insécurité et des violations des droits de l’homme. » Heureusement, déclare Gérard Tumba, un plaidoyer de la société civile congolaise est en cours pour son réadmission à l’AGOA. « Comme la nature a horreur du vide, des réflexions citoyennes se sont mises en place pour pallier à cette question, c’est ainsi que sont nées des initiatives telles que Easy Commerce et NCCN qui ont voulu relever le défi de la promotion des investissements américains en vue d’augmenter le volume des échanges commerciaux entre les USA et la RDC en cette période hors AGOA », déclare-t-il.
Compte tenu du faible volume de ces échanges (quelque 100 millions de dollars seulement), comment faire pour que des entrepreneurs de la plus grande puissance mondiale soient mieux connectés à la RDC ? En chiffres, la RDC, c’est une population de 80 millions d’habitants, des matières premières stratégiques tant recherchées par tous, le deuxième poumon du monde après l’Amazone et plus de 80 millions d’hectares capables de nourrir les deux tiers de l’humanité.
« Dans le cas de la RDC, le commerce international peut apporter de nombreux avantages à son économie », souligne Gérard Tumba. Qui note que « l’essentiel des exportations de la RDC est constitué des matières premières minérales, pourtant l’avenir économique du Congo dépend en grande partie de sa capacité à ajouter de la valeur à ses vastes ressources naturelles et produits agricoles ». Afin de bénéficier d’une diversification de son économie, notamment avec l’agriculture, l’énergie, le tourisme et l’industrie manufacturière.
Rien à faire, confie-t-il, la transformation de l’économie congolaise dépendra des « politiques gouvernementales efficaces qui seront mises en œuvre et surtout d’une bonne gouvernance ». D’après lui, le commerce international présente des avantages certains, car « il favorise la croissance économique, l’efficacité, le progrès technologique, la concurrence et l’amélioration de la qualité de vie des citoyens des pays ». Maître de son propos, Gérard Tumba met quiconque au défi : « Aucun pays n’est parvenu à améliorer de façon significative le niveau de vie de sa population sans être ouvert au reste du monde. »
C’est pour cette raison d’ailleurs qu’il se réjouit de l’état d’esprit du président de la République disposé à établir « des partenariats win-win avec les USA ». Et il constate que « le gouvernement américain, pour sa part, est en situation d’augmenter significativement les investissements américains en RDC ». À la condition que « le climat des affaires soit amélioré et la corruption éradiquée pour faire de la RDC une destination attractive ».
Alors, pourquoi Easy Commerce et NCCN ont-ils décidé de mutualiser leurs efforts ? Gérard Tumba répond : « C’est pour mettre en place une plateforme à l’ambition de promouvoir les échanges commerciaux, mettre en relation les entrepreneurs américains et leurs homologues congolais dans tous les secteurs productifs de la vie économique à travers l’organisation d’un salon d’opportunités d’affaires », c’est-à-dire le Trade Show USA-DRC. L’événement est programmé en deux temps. D’abord à Kinshasa, les 23 et 24 janvier 2020. Puis à Atlanta aux États-Unis, du 26 au 30 mai 2020.
Les objectifs du Trade Show
Et quel en est l’objectif majeur ? « L’objectif général poursuivi en organisant cet événement est de contribuer au développement économique de la RDC, en favorisant les investissements américains aussi à travers des partenariats à conclure entre les entrepreneurs congolais et américains », explique Gérard Tumba. Les objectifs spécifiques consistent à « mettre en contact les entrepreneurs congolais et leurs homologues américains dans les secteurs de l’énergie, des infrastructures, de l’agroalimentaire et de l’environnement ; et mettre au point une stratégie de réseautage des entreprises et des entrepreneurs en RDC et aux USA ». Mais aussi à « assurer que les recommandations principales issues de ce salon seront prises en compte dans l’élaboration du rapport final à soumettre à l’autorité ; et échanger sur la possibilité de faire de ce salon d’affaires une attractivité pérenne à inscrire au calendrier des événements annuels en RDC ». Comment se prépare alors le Trade Show USA-DRC ? « La phase préparatoire a démarré en 2018, à travers des réunions d’information et de sensibilisation des entrepreneurs congolais à travers le pays. À ce jour, les réunions suivantes ont été ou seront organisées : avril 2018, Sultani Hôtel à Kinshasa, avec la section économique de l’ambassade des USA ; mars 2019, Hôtel Memling, en compagnie de Mike Hammer, l’ambassadeur des USA en RDC ; avril 2019, Hôtel Karavia à Lubumbashi, en compagnie du même Mike Hammer ; le 27 septembre 2019, forum économique à Béatrice Hôtel », répond Gérard Tumba.
Il est prévu un autre forum économique à Katebi Lodge à Kolwezi, le 4 octobre prochain. Puis un autre encore à Atlanta aux États-Unis, le 24 octobre, pour « sensibiliser les entrepreneurs américains et la diaspora africaine ». Il est également prévu de poursuivre le même exercice, en novembre, dans les provinces des Nord et Sud-Kivu et du Kongo-Central. Gérard Tumba précise que « l’objectif de la phrase préparatoire est d’informer et de sensibiliser les acteurs politiques et les entrepreneurs locaux sur la tenue de ce grand événement, les secteurs concernés, les conditions de participation et surtout les opportunités de construire des partenariats avec les entrepreneurs américains ». D’après lui, « la RDC a beaucoup à donner et à recevoir ». Dans cette perspective, estime le project manager d’Easy Commerce, il faut « maintenir le dialogue entre les autorités des deux pays, d’une part, et les entrepreneurs congolais et américains, d’autre part, à travers un cadre permanent de concertation ». Quels sont les résultats attendus ? « Des partenariats entre entrepreneurs congolais et américains sont initiés, voire conclus, le volume des échanges commerciaux est augmenté, les achats et ventes en ligne ainsi que les contacts sont facilités, un climat propice pour la création de richesse par la classe moyenne capable de créer des emplois pour les jeunes est créé en RDC, les barrières des déplacements sont brisées, l’accès au marché américain est facilité aux entrepreneurs congolais, l’image de marque des PME et ONG est redorée, des emplois pour le renforcement de la classe moyenne nationale sont créés, et les investisseurs dans divers domaines (agriculture, pêche, industrie, environnement, infrastructures, énergie, NTIC…) sont attirés », énumère Gérard Tumba.