Grillé à l’Assemblée provinciale, l’administration de l’Hôtel de ville prend la défense de Kimbuta

La ville province de Kinshasa a reçu du gouvernement central la somme de 114 871 348 056 FC, soit 65,75 millions de dollars, de rétrocession sur des prévisions linéaires de 127 013 457 755 FC à fin avril 2019. Il y a là un dépassement de plus de 12,4 milliards de FC, soit 7,4 millions de dollars.

CE BONUS passe mal dans l’opinion d’autant plus que de fortes présomptions de détournements des deniers publics pèsent sur l’administration sortante, celle d’André Kimbuta Yango. L’ancien gouverneur de la Ville n’ayant officiellement passé les clés de l’Hôtel de Ville de Kinshasa à Gentiny Ngombila, son successeur que début mai. Par ailleurs, c’est un autre proche d’André Kimbuta, Robert Luzolana, qui a remplacé Guy Matondo Kingolo au portefeuille des Finances de la Ville. 

Pour mémoire, Guy Matondo a été poussé à la porte de sortie par l’Assemblée provinciale de Kinshasa (APK) qui l’a accusé de concussion. Et ce n’est pas tout. Le  ministre Kimbuta des Finances, reconduit avant d’être remercié par Gentiny Ngobila, a fait l’objet d’une motion du député Tenge Te Litho pour détournement des deniers publics, notamment les 18 millions de dollars empruntés auprès des banques commerciales par l’exécutif urbain pour la rénovation et l’extension de l’Hôtel de ville ainsi que la réhabilitation de quelques artères de l’est de la capitale. 

Mise en accusation

Guy Matondo a beau présenté ses moyens de défense mais il n’a pas su convaincre les députés provinciaux de Kinshasa. Le FCC Godé Mpoyi, le président de l’APK, a adhéré à l’option levée par l’auteur de la motion de défiance qui a, par ailleurs, reçu un véritable plébiscite auprès de la plénière: déchoir le ministre provincial des Finances de ses fonctions et le mettre à la disposition de la Justice.

L’UDPS/T Peter Kazadi explique : « Quatre questions ont été posées au ministre des Finances de Kinshasa, il n’a pas su y répondre correctement. Au lieu de justifier les dépenses faites par rapport aux sommes qu’ils ont acquises des banques commerciales de Kinshasa, il s’est mis à justifier les dépenses antérieures prenant ainsi les députés provinciaux pour des vaut-rien… Il a cherché à tromper l’Assemblée provinciale et cette dernière a décidé de le mettre en accusation pour qu’il justifie correctement devant la justice de notre pays ce qu’il a eu à faire. » 

Et de poursuivre : « L’Assemblée provinciale est décidée de faire appliquer les lois de la République et de les faire respecter. Quant à la limite de l’action, ce n’est que la loi qui peut nous limiter. L’assemblée provinciale a mis en place une commission chargée de faire l’état des lieux de la Ville et nous allons disséquer tous ses aspects. Partout où nous trouverons les incohérences qui vont à l’encontre de la loi, l’Assemblée provinciale actionnera des mécanismes de répression s’il le faut. Ça, il faut compter sur nous sur la dynamique du bureau de l’Assemblée provinciale mais aussi sur l’engagement ferme des députés que nous sommes. » Mais des analystes notent une sorte d’amalgame mêlée à l’effusion dans le chef des nouveaux parlementaires de la capitale. La plénière s’est emmêlée les pinceaux… au point que le président de l’APK a dû requalifier les griefs portés contre Guy Matondo. « Une motion de défiance ne sera plus à l’ordre du jour, je décide de mettre en place une mise en accusation », a précisé le président de l’APK. « Il y a eu d’abord abus de pouvoir. 

Le ministre n’a pas qualité de contracter une dette sans l’autorisation préalable de l’Assemblée provinciale. Le deuxième grief, c’est par rapport à l’argent pris à la banque au mois d’octobre 2018. Il a dit des choses qui ne sont jamais réalisées dans cette Ville. Les informations en notre possession, attestent bel et bien qu’il y a eu détournement. Il sera poursuivi pour ces deux griefs parce que votre plénière nous a donné le pouvoir sur base de la résolution d’hier », a martelé le speaker de l’Assemblée provinciale kinoise. 

Ce qui reste encore à prouver d’autant plus que la direction des finances de l’Hôtel de Ville brandit à qui le veut le document selon lequel l’APK, du temps de Roger Nsingi, avait bel et bien autorisé au gouvernement Kimbuta de contracter des prêts bancaires de l’ordre de 60 millions de dollars. Mais le « Haut sommet » – surnom collé à Kimbuta à Kinshasa – s’est plutôt contenté des minima, moins du tiers des prêts autorisés, soit « quelques pauvres 18 millions de dollars » pour reprendre l’expression de ce cadre de l’Hôtel de Ville. 

Budget d’investissement

Ce dernier précise que Kinshasa a besoin d’un budget d’investissement de 100 millions de dollars l’an pour notamment mettre en œuvre le Plan particulier d’aménagement (PPA) de la partie nord de la ville de Kinshasa ainsi que le  Schéma d’orientation stratégique de l’agglomération kinoise (SOSAK). Rendus publics voilà 4 ans, ni le PPA ni le SOSAK n’ont encore connu un début de commencement. 

Au cours de son premier conseil des ministres qu’il a tenu avec les membres du gouvernement provincial hérité de Kimbuta Gentiny Ngobila Mbaka, le nouveau gouverneur de la Ville-province de Kinshasa, a fait comprendre qu’il a mûri un programme de salubrité  de d’assainissement de la capitale dénommé «  Kinshasa bopeto ». Selon Thérèse Olenga, la ministre provinciale de la Communication, qui a lu le compte-rendu de la réunion à la presse, Gentiny Ngobila a réitéré sa détermination à combattre l’insalubrité et l’insécurité qui  sévissent dans la capitale congolaise et invité ses collaborateurs à s’impliquer chacun dans la matérialisation de ce programme qui vise à redorer l’image ternie de la ville Kinshasa.