Henri Yav passe au crible l’économie et les finances publiques

Les différents milieux d’affaires attendent avec impatience les données officielles sur la situation économique et financière du pays en 2017. Le ministre des Finances devrait faire d’abord, au conseil des ministres, un aperçu général de la situation du pays qui s’inscrit dans l’évolution du contexte économique international.

 

En ce début d’année 2018, l’économie mondiale est marquée par la poursuite de l’embellie des cours des principales matières premières exportées, dont le cuivre et le cobalt. À la mi-février, le cuivre s’est négocié à 6 961 dollars la tonne métrique contre 7 005 la semaine d’avant, soit une légère baisse de 0,63 %. Le cobalt, lui, est resté stable à 83 885,21 la tonne. L’or s’est établi à 1 354,43 dollars contre 1 322,50, soit une hausse de 2,41 %. Le baril de pétrole, à 64,58 dollars à Londres et à 61,64 dollars sur le marché de New York. Les cours des produits agricoles, notamment le blé et le maïs, ont légèrement augmenté, se situant respectivement à 461,75 dollars (+1,21 %) et à 138,05 (+0,60 %) la tonne. Le cours du riz a diminué de 3,98 % se fixant à 11,95 dollars la tonne…

D’une manière globale, a expliqué à Business et Finances le ministre des Finances, Henri Yav Mulang, on observe depuis le début de cette année un « bon comportement » de principaux indicateurs macroéconomiques. Tenez : le taux de croissance du PIB (Produit intérieur brut) réel est en hausse à 3,5 % contre 2,4 % en 2016 sur la base des estimations de la production à fin septembre 2017. La contribution du secteur primaire se situe à 58,9 % contre 16,7 % en 2016 ; 51,1 % en 2017 contre 8,3 % en 2016 pour le seul secteur des industries extractives. D’après le ministre Yav, « ce bon résultat » est le fruit de l’amélioration de la production dans le secteur minier grâce à la remontée des cours mondiaux des produits miniers exportés et à l’entrée en phase de production de quelques projets miniers ainsi qu’à la reprise des activités de l’entreprise KCC ».

Il a fait remarquer que l’année 2017 s’est clôturée avec un taux d’inflation de 54,7 % contre 23,6 % en 2016. Cependant, on note, pour les deux premiers mois de 2018, une relative stabilité de l’évolution des prix intérieurs.

En effet, a déclaré le ministre Yav, le taux hebdomadaire au 16 février s’est établi à 0,103 % au niveau national et à 0,107 % à Kinshasa, soit en cumul mensuel une augmentation des prix de 2,009 % au niveau national et de 0,044 % à Kinshasa. « L’objectif en 2018, a indiqué le ministre des Finances, est de tendre vers une inflation à fin période de 7 %. »

Avant de souligner que la situation des finances publiques en 2017 s’est clôturée par un solde excédentaire de 49,386 milliards de francs contre une projection de 11,960 milliards. Selon Henri Yav, « ce résultat a été obtenu grâce à la discipline appliquée tant dans la mobilisation des recettes que dans l’encadrement des dépenses publiques ». Par ailleurs, ce solde excédentaire enregistré à fin 2017 a permis d’améliorer globalement la position débitrice du Trésor de fin décembre 2016 au regard du crédit net à l’État, qui est passé d’un stock de 260,113 milliards de francs à fin décembre 2016 à 192,699 milliards à fin décembre 2017.

Le pari du maintien de la stabilité

À fin janvier, les opérations financières de l’État se sont soldées par un excédent de 20,512 milliards contre une projection de 5,837 milliards, solde résultant des ressources totales mobilisées de 442,701 milliards, soit 113 % d’exécution. Pour le mois de février, le ministre des Finances fait savoir que le plan de trésorerie affiche un solde positif, à la date du 16 février, de 10,034 milliards, l’évolution des finances publiques étant marquée depuis janvier par le report sur le mois suivant des excédents de trésorerie réalisés chaque semaine et qui limitent ainsi les effets négatifs, sur le cadre macroéconomique, des déficits infra-mensuels.

Quant au taux de change, Henri Yav a fait observer qu’à la mi-février, il y a eu une relative stabilité sur les deux segments du marché des changes, le dollar s’échangeant à 1 613,98 et 1 638,67 francs respectivement à l’interbancaire et au parallèle. « En maintenant la même rigueur au plan budgétaire et une coordination suivie avec la politique monétaire de la Banque centrale du Congo, on maintiendrait cette tendance jusqu’à la fin de l’année 2018 et le taux de dépréciation se limiterait à 8,4 % et 9,7 %, respectivement sur les segments du marché interbancaire et du marché parallèle », espère-t-il.

Au niveau des réserves internationales, le ministère des Finances a noté à fin 2017 un excédent mensuel de 13,26 millions de dollars, résultant des recettes totales en devises de 879,66 millions de dollars et des dépenses de 866,40 millions. Ainsi, à la suite de la mesure autorisant les miniers et pétroliers à payer les impôts, droits et taxes dus à l’État en devises, a insisté Henri Yav, les recettes en devises rachetées par la BCC ont représenté 66,8 %, soit 587,61 millions de dollars. Cela a permis de porter les réserves de change internationales à 857,70 millions de dollars, correspondant à 3.77 semaines d’importations des biens et services contre 845,44 millions à fin 2016.

À fin janvier, a-t-il poursuivi, la consommation de devises a été de 3,82 millions de dollars par rapport à fin décembre 2017. Le solde des réserves de change s’est établi à 859,60 millions tandis qu’au 12 février, l’exécution du budget a affiché un déficit mensuel de 3,82 millions de dollars. Mais en cumul, le plan de trésorerie en devises indique une reconstitution des réserves de 0,80 million, rétablissant ainsi pratiquement les réserves de change à leur niveau de fin janvier, soit 859,50 millions, ce qui correspond à 3,66 semaines d’importations des biens et services.