TOUT faire pour atténuer les effets de la crise. Cela semble être le message clé sous forme de recommandation venant d’en bas que les sénateurs ont finalement adressé à Sylvestre Ilunga Ilunkamba, le 1ER Ministre et chef du gouvernement. Face à l’ampleur de la récession économique qui s’annonce, le 1ER Ministre s’est voulu, raison gardée, rassurant. Des réformes et des mesures s’imposent donc en urgence, dictées par l’évolution de la pandémie de Covid-19 dans le pays. Avec dans son viseur un objectif : le soutien aux ménages pour préserver le pouvoir d’achat (53 % du coût estimé du Programme d’urgence en 2020) et aux entreprises, notamment les PME/PMI (prêts de 10 millions de dollars via le FPI pour le financement des projets ayant trait à l’agriculture, la pêche, l’élevage, l’agro-industrie, l’industrie pharmaceutique et chimique… à des taux d’intérêt concessionnels).
Une stratégie cohérente
Comment est gérée la pandémie en République démocratique du Congo, particulièrement sous l’aspect de la communication ? Question des sénateurs Luese, Agito, Mutombo, Lukenge… Réponse de Sylvestre Ilunga : « Il est bien évident que la prévention, donc la sensibilisation, demeure la principale arme de lutte contre le Covid-19. L’enjeu de la stratégie de communication renvoie ici essentiellement au changement des comportements, c’est-à-dire la possibilité, pour nos populations, d’adopter les mesures barrières recommandées. La crise sanitaire actuelle exige une stratégie cohérente d’engagement politique et communautaire. Savoir ce que nos compatriotes se représentent à propos de la maladie, aurait été le préalable aux réponses communicationnelles appropriées. »
La pandémie a surpris tous les pays, et chaque gouvernement a ainsi appris à adapter ses stratégies au fur et à mesure des actions : « Notre stratégie de communication a été affinée avec des apports des experts du ministère de la Santé et de celui de la Communication et des Médias, dans une vision non seulement de stratégie médiatique appropriée mais aussi de développement des réseaux et des relais communautaires et de proximité. Malgré des résistances observables dans certaines communes populaires, force est de constater que la prise de conscience se développe de plus en plus. »
Qu’en est-il du confinement de Gombe ? Question des sénateurs Luese, Mutombo, Muyumba et Molisho. Réponse de Sylvestre Ilunga : « Considérée initialement comme l’épicentre de la maladie à coronavirus, la commune de la Gombe demeure cependant un centre névralgique des affaires. Incessamment, son déconfinement, à la fois progressif et ordonné, concernera des branches d’activités autres que les banques et les épiceries. »
Et quid des tests de diagnostic et de dépistage ? Question soulevée par les interventions des sénateurs Ngonda, Kundianza, Molisho, Mukalayi et Vunabandi. Réponse de Sylvestre Ilunga : « Dès la semaine prochaine [cette semaine], les tests de diagnostic et de dépistage seront décentralisés, le gouvernement ayant en effet acheté plus d’un million de tests rapides et les cartouches GEnXpert sont également disponibles pour un diagnostic plus large dans le pays. À Kinshasa, il est prévu un laboratoire Covid-19 aux Cliniques universitaires de Kinshasa, à la clinique Ngaliema, au centre hospitalier de Monkole, à l’hôpital de l’Amitié sino-congolaise de Ndjili et dans certains hôpitaux privés de la ville. Dans les provinces, la priorité est donnée au Kongo-Central, au Haut-Katanga, au Nord et au Sud Kivu, au Kwilu et en Ituri. L’installation du laboratoire Covid-19 récemment à la faculté de médecine de l’Université de Kinshasa a coûté près de 750 000 dollars, y compris les réactifs. »
Comment se fait la mise en quarantaine, notamment des voyageurs (passagers) après leur arrivée ? Question des sénateurs Ilanga, Muyumba, Mutombo… Réponse de Sylvestre Ilunga : « Toute personne entrant dans notre territoire est soumise aux contrôles d’usage sous la surveillance des agents du Programme national de l’hygiène aux frontières (…) Le gouvernement a mis en place désormais un mécanisme de suivi et d’isolement volontaire à domicile, sous le contrôle des équipes de riposte du Secrétariat technique. »
Boire beaucoup d’eau
Et où sont gardés les malades au regard du nombre de plus en plus élevé de cas confirmés ? Réponse de Sylvestre Ilunga : « Il est un fait que dans notre pays, et sans doute ailleurs en Afrique subsaharienne, 85 % des cas développent une forme bénigne de la maladie sans complications respiratoires. Ils sont isolés à domicile et avec ou sans chloroquine. Ils récupèrent leur santé. Le seul conseil que le médecin leur donne, c’est de boire beaucoup d’eau et de se reposer. Les malades présentant les formes modérée et grave sont pris en charge dans les formations médicales retenues à cet effet. »
Qu’en est-il du vaccin, des protocoles et de la solution malgache qui a bénéficié de la collaboration du Congolais Dr Munyangi? Question soulevée par les sénateurs Makila, Kundianza et Mangyadi. Réponse de Sylvestre Ilunga : « Sur le sujet, le rôle méthodologique et stratégique du ministère de la Recherche scientifique et de l’Innovation technologique est de premier plan. D’une part, il a orienté tous les projets de protocoles reçus au Comité multisectoriel de lutte contre la pandémie de Covid-19 via le Comité d’éthique national, en vue éventuellement de procéder aux essais cliniques. D’autre part, ce ministère encadre les chercheurs qui vont, après concertations, procéder à la mise en commun de leurs résultats de recherche pour convenir d’un protocole unique de traitement du Covid-19. »
Et d’ajouter : « Sur la base des informations techniques fournies au gouvernement, il existe actuellement dans le monde huit candidats vaccins contre le Covid-19. Chez nous, un protocole unique est enfin prêt et sera soumis bientôt au Comité éthique national et aux autorités réglementaires afin d’obtenir l’autorisation des essais cliniques sur les différentes préparations proposées par les chercheurs congolais et étrangers. »
Concernant le Covid-Organics malgache, a révélé le 1ER Ministre, l’INRB a reçu en don un lot important de cette solution de Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, le président de la République. Soit 800 doses curatives et 400 doses préventives. « Le produit malgache sera utilisé d’abord comme une étude. Un protocole vient d’être rédigé et partagé avec les scientifiques de Congo-Brazzaville. Le protocole sera soumis bientôt aux Comités éthiques des deux pays pour approbation avant des essais cliniques. »
Sur le volet de la gestion de la pandémie, Sylvestre Ilunga a dit aux sénateurs qu’« en l’absence d’une solution définitive », il n’y aura pas recours à des « mesures supplémentaires ». Donc, les différentes mesures sanitaires déjà mises en place, à savoir le lavage fréquent des mains, la distanciation physique et le port généralisé et obligatoire des masques en public seront de strict respect. Le gouvernement compte déjà faire fabriquer 15 millions de masques, destinés « prioritairement aux couches les plus défavorisées ». « La fabrication de ces masques va s’effectuer dans la plus grande transparence, non seulement dans le respect des normes hygiéniques et médicales, mais aussi dans le respect des normes de passation des marchés publics.
En cette période de ralentissement des activités économiques, nous allons privilégier les opérateurs locaux afin de soutenir l’entreprenariat national. »