La fraude, c’est la face B que découvrent les opérateurs du service Internet du continent. Le mal prend de l’ampleur. Hier, c’était la RD Congo qui s’en plaignait. La semaine dernière, le Congo Brazzaville et le Burkina Faso se sont retrouvés, malgré eux, dans la mire. À qui le prochain tour ?
L’Agence de régulation de la poste et des communications électroniques (ARPCE), appuyée par la gendarmerie nationale, a réussi à démanteler un cinquième réseau de fraude sur le trafic télécoms à Brazzaville. Les auteurs de ce détournement des appels internationaux entrants étaient installés dans un appartement situé dans un quartier de la capitale. Lors de leur arrestation, de nombreux équipements électroniques ont été confisqués ainsi que de nombreuses cartes SIM.
L’enquête a été initiée le 22 mai dernier après que l’ARPCE eût constaté l’existence d’un nouveau réseau de fraude sur le trafic dans la capitale. Le 26 mai, l’enquête a abouti à l’interpellation des délinquants, qui ont été déférés devant le tribunal à la fin du mois.
Dans un communiqué publié le 4 juin dernier, et répercuté par Ecofin, l’Agence de régulation s’est félicitée d’avoir « une fois de plus atteint son objectif » qui est de protéger les investissements des opérateurs régulièrement installés au Congo et de garantir ainsi les revenus de l’État.
L’ARPCE a, dans la foulée, mis en garde tous ceux qui seraient tentés par cette aventure, soulignant qu’elle est dotée « d’équipements performants qui lui permettent en temps réel, de tracer et de traquer tout réseau illicitement installé en quelque lieu que ce soit » sur le territoire national.
À Brazzaville comme à Ouagadougou
Au Burkina Faso, un réseau pirate a également été démantelé. Le 24 juin 2015, ces fraudeurs ont été présentés à la presse. Ils ont été découverts par la brigade de gendarmerie de la ville de Bagodogo après de longs mois d’investigations.
Dirigé par un ancien employé de la Société Télécom, technicien d’exploitation de son état, le jeune homme à la tête du réseau avait conservé les codes d’accès à la base technique de l’Office national des télécommunications du Burkina Faso (Onatel). Grâce à ces codes, le chef de la bande et ses compères pouvaient réactiver des clés Internet déjà résiliées ou suspendues.
Près de 6 000 clés ont été résiliées par l’Onatel depuis 2012. C’est grâce à ce lot qu’il a été monté un réseau de vente de clés Internet à navigation illimitée sur le marché noir, alors que le forfait Internet mensuel au niveau de l’Office national des télécommunications est facturé à 41 000 francs CFA. « L’auteur de cette fraude mettait ces clés sur le marché noir par l’intermédiaire de ses complices à des prix variant de 50 000 à 250 000 FCFA l’unité », a précisé Sam Ouédraogo, commandant de la gendarmerie départementale d’Ouagadougou. Des millions de francs ont ainsi été amassés par les fraudeurs. Lors de l’interpellation des membres du réseau par la gendarmerie, un lot important de clés a été retrouvé. La traque des fraudeurs des services Internet ne fait que commencer. C’est un nouveau chantier, insoupçonné jusqu’alors, qui s’ouvre pour les États et, pourquoi pas, l’Union africaine.