La chine majoritaire dans le capital de l’AIIB

C’est fait. Des délégués de 57 pays ont signé, le 29 juin à Pékin, l’acte de naissance de la Banque asiatique d’investissement dans les infrastructures (AIIB).

La Chine va détenir une participation de 30,34% dans l’institution, dont le capital autorisé sera de 100 milliards de dollars, divisés en titres d’une valeur nominale de 100 000 dollars. En outre, elle possédera 26,06% des droits de vote dans cette institution de financement multilatéral créée par Pékin pour deux objectifs : d’une part, rivaliser avec la Banque mondiale et la Banque asiatique de développement. D’autre part, redessiner l’architecture financière mondiale établie par les accords de Bretton Woods.

La participation et les droits de vote de la Chine, comme ceux des autres membres fondateurs, seront progressivement dilués à mesure que de nouveaux pays intégreront l’AIIB, a indiqué le ministère chinois des Finances. Le deuxième actionnaire de l’AIIB, derrière la Chine, sera l’Inde, suivie de la Russie, de l’Allemagne et de la Corée du Sud.

Sur les 57 pays qui ont participé à la cérémonie du 29 juin, cinquante ont déjà  signé la charte, les sept autres (Danemark, Koweït, Malaisie, Philippines, Pays-Bas, Afrique du Sud et Thaïlande) étant toujours en attente du feu vert de leur parlement respectif.

L’attractivité de l’AIIB paraît indiscutable. Preuve : quatre pays européens rejoignent la banque. Le Royaume-Uni, l’Allemagne, la France et l’Italie figurent sur la liste des fondateurs. La charte précise que les financements qui seront accordés par cette banque de développement devraient notamment servir à développer des infrastructures dans toute la région, dont une ligne de chemin de fer colossale reliant Pékin à Bagdad.

L’AIIB illustre avec éclat, d’un côté, l’émergence de la Chine en tant que puissance de premier plan et, de l’autre, le déclin corrélatif des États-Unis, soulignent les analystes d’Ecofin.

Le mouvement lancé par Pékin pour casser le monopole du FMI et de la Banque mondiale, sous domination occidentale, est d’ailleurs manifeste depuis un an. Au-delà de presque 50 milliards de dollars qu’elle va mobiliser pour l’AIIB, la Chine va allouer 40 milliards à un fonds pour la «nouvelle route de la soie», destiné à asseoir son influence dans les pays de sa zone via des chantiers d’infrastructures. Il faut ajouter 10 milliards destinés à la banque créée par les « BRICS » (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) et 41 milliards pour un fonds d’urgence lancé par les mêmes pays pour prévenir les risques de crise.

S’agissant justement des BRICS, ils avaient convenu en juillet 2014, à la création de leur banque de développement et d’un fonds monétaire destiné à stabiliser le marché des changes, de répartir le capital initial (dix milliards) de manière proportionnelle entre les pays fondateurs. L’idée était de faire faire de cette banque « une alternative à la Banque mondiale mais aussi au Fonds monétaire international ». Cette somme devra être progressivement portée à 100 milliards de dollars. Mais la banque doit commencer à prêter en 2016.