Jusqu’où ira la valse des prix sur le marché

Depuis plusieurs mois déjà, le franc pique du nez. Ce qui n’est pas sans conséquence sur le panier de la ménagère. La tension sociale ne baisse pas et les consommateurs s’interrogent jusqu’à quand cette situation va durer.

 

En politique, la baraka est parfois un allié. Et on peut dire que Matata Ponyo en a eu sous le quinquennat 2012-2016 en tant que 1ER Ministre. Il a placé son mandat sous le signe de la bonne gouvernance ainsi que de la stabilité macroéconomique et monétaire. Pendant quatre ans (2012-2015), le pays a connu une stabilité, apparente, du franc. Augustin Matata Ponyo a trouvé une situation favorable à la stabilité.

Cette embellie trouve sa justification dans la flambée des cours des matières premières, dont le cuivre, et dans la réduction du poids de la dette extérieure sur les finances publiques, de 14 milliards de dollars sous Mobutu à pratiquement 4 milliards de dollars en 2009… Mais elle trouve aussi sa justification dans la stabilité de la monnaie, ainsi que sur les transferts en devises des Congolais de l’étranger de plus en plus croissants (plus de 5 milliards de dollars), qui alimentent le marché de change… En 2012, le taux de change entre le dollar et le franc se situait à près de 960 FC pour 1 dollar (CDF/USD = 960) au niveau de la Banque centrale et autour de 985 FC (CDF/USD = 985) au niveau des banques commerciales.

L’œuvre de tant de jours…

Selon les projections de la Banque centrale du Congo (BCC), l’inflation devrait rester à environ 3 % en 2016. Mais ce pari n’a pas été gagné au regard du comportement de la monnaie nationale face au dollar. La parité sur le marché est actuellement de 1 460 FC pour 1 dollar (CDF/USD = 146) et pourrait rapidement franchir la barre de 1 500 FC, ce qui serait suicidaire. Entre le taux officiel et le taux parallèle, l’écart est moindre.

Le taux de change d’une monnaie est son cours ou son prix par rapport à une autre (devise). Il est fixe ou flottant. Il est constant par rapport à une monnaie de référence, le dollar ou l’euro, sur décision de l’État qui émet cette monnaie. Autrement dit, il ne peut être modifié que par une décision étatique de dévaluation ou de réévaluation. C’est notamment le cas du franc CFA (1 euro = 650 FCFA).

Tandis que le taux de change est flottant quand il est déterminé à chaque transaction par l’équilibre entre l’offre et la demande sur les marchés des changes. C’est, par exemple, le cas du franc congolais par rapport au dollar. Il s’agit d’un marché mondial interbancaire des monnaies, de moins en moins centralisé sur des lieux spécifiques de cotation et d’échanges, car reposant sur des liaisons informatiques entre banques. L’inflation est donc l’expression de la perte du pouvoir d’achat de la monnaie, qui se traduit par une augmentation générale et durable des prix.

Ainsi, suite à la dépréciation du franc, les prix de principaux produits de consommation courante ont flambé sur le marché. À titre indicatif : le sachet de sucre de 5 kg est passé rapidement de 5 000 FC à 7 800 FC, le crédit (50 unités) pour le téléphone mobile est passé de 500 FC à 700 FC, le carburant est passé de 1 450 FC à 1 650 FC et pourrait encore flamber… Dans les marchés, la valse des étiquettes est quasiment quotidienne, surtout pour les produits alimentaires importés… Un poulet qui coûtait 5 000 FC avant la dépréciation, se vend actuellement à 7 600 FC. La boîte de lait qui coûtait 8 000 FC revient actuellement à 10 000 FC, voire plus.

D’habitude, la BCC mesure l’inflation deux fois par semaine à travers l’indice des prix à la consommation, lui-même calculé sur la base de la tarification d’un panier de biens et services (440 articles) sur 7 principaux marchés de la ville de Kinshasa. Les réserves de change de la RDC étaient de 1,32 milliard de dollars, couvrant plus d’un mois d’importations, avant la crise des cours des matières premières.

Actuellement, elles se situeraient en deçà de 800 millions de dollars. Produit de la vente des matières premières (cuivre, cobalt, pétrole, etc.), les réserves de change permettent de soutenir le franc et encouragent l’afflux de capitaux étrangers. Quand les cours des matières premières chutent, comme c’est le cas actuellement, les réserves de change périclitent.