Acheter et payer ultérieurement, en plusieurs fois ou en un seul versement est désormais possible à Kinshasa. Grâce à la vente à crédit faite de porte à porte, on peut s’offrir un produit en un clin d’œil.
La capitale a toujours connu la vente à la criée, au comptant, à la sauvette, ou encore, il n’y a pas longtemps, le e-commerce c’est-à-dire la vente en ligne. Il y a aussi la vente à crédit, celle où les souscripteurs se déplacent jusqu’à l’endroit où les articles sont livrés. Mais aucune d’elles ne se passait au domicile du client pour lui proposer un produit à crédit. Actuellement, dans certains coins de cette métropole, on assiste à deux types de ventes fusionnées à savoir la vente à crédit ainsi que la vente à domicile. C’est une ancienne technique qui se pratique sous d’autres cieux et qui est en pleine expansion à Kinshasa. Des sujets libanais ou turcs vont déposer, d’une porte à l’autre des articles ménagers directement auprès du client sans passer par des intermédiaires. Ces produits proviennent essentiellement du Liban ou de la Turquie, voire de la Chine. Selon un entrepreneur libanais, « après mûre réflexion, cette innovation constitue une réponse au désir de la population kinoise qui a besoin de biens neufs et de bonne qualité mais qui, malheureusement manque les moyens de les acquérir en une fois. Cette méthode constitue une facilité d’achat accordée aux kinois». Ainsi, les promoteurs ont donc décidé de déserter magasins et dépôts pour aller physiquement au contact des clients afin de leur montrer les produits en vue d’un éventuel contrat. En outre, cette porte à porte permet aux commerçants de vider rapidement leurs stocks. « Cela fait seulement cinq mois que nous avons commencé et les résultats nous semblent favorables. Par rapport à nos techniques de vente habituelle, celle-ci est attractive car nous avons un feedback positif » témoigne un assistant vendeur. Les commerçants disposent des minibus dans lesquels sont entreposés les produits et ils sillonnent les rues de Kinshasa.
La signature du contrat ?
L’assistant explique : « Notre première démarche consiste à prospecter le client afin d’échanger sur ses besoins réels et sur sa motivation pour les produits dont nous disposons. La vente à domicile est basée sur l’idée selon laquelle que le fournisseur va au-devant du consommateur présumé, en vue de l’écouter et de le satisfaire. En outre, nous devons bel et bien nous assurer que c’est bien son domicile, nous rassurer par rapport à ses capacités financières, ou mieux, sur ses revenus mensuels. Après ces renseignements utiles, si tout est réuni, un contrat est signé par les deux parties fixant les modalités de paiement qui entourent la transaction. Ceci permet au client d’acheter le bien en payant ultérieurement, en plusieurs fois ou en un seul versement. Il devient cependant propriétaire du bien avant le règlement complet du paiement. Les modalités de paiement sont régies par voie contractuelle entre l’acheteur et le vendeur.
Pour le moment, étant donné que la technique n’est pas encore bien assise sur le marché kinois, nous ne donnons que trois mois comme durée maximale à l’acquéreur. Au delà, des frais supplémentaires sont ajoutés.
La politique du prix
Le coût du déplacement du prospecteur à domicile, la qualité du produit et le timing requis, les appels téléphoniques influent sur les prix. « Il n’y a pas de TVA moins encore de taxes connexes dans la vente de notre marchandise» précise-t-il.
Une aubaine pour les acquéreurs
L’idée semble intéresser plus d’une personne. « Plutôt que d’aller à Lufu pour me procurer un lot d’assiettes à un moindre coût avec tous les risques et périls qui entourent ce périple, ce type de vente m’est avantageux» assure une dame qui a acheté des assiettes à 300 dollars à raison de 100 dollars par mois. Alors qu’en ville, ce produit revient à 250 dollars et à 200 dollars au marché de Lufu renchérit-elle. Un fonctionnaire ayant opté pour un tapis à 150 dollars estime que c’est une bonne affaire. « J’ai pu calculer les dépenses d’un achat pareil en ville, et j’ai vite compris que même si j’aurais pu débourser seulement 130 dollars, je l’aurais fait en une fois sans compter les frais de transport du centre ville jusque chez moi. Avec cette méthode, je peux payer en deux mensualités et je ne sentirai pas vraiment le coup par rapport à mon salaire mensuel».