La Banque mondiale s’emploie à renforcer la résilience de l’agriculture en Afrique

Aider les pays à contrôler et réduire leurs émissions de gaz à effet de serre ainsi qu’à atteindre leurs objectifs climatiques et de développement, c’est l’ambition affichée par l’institution financière internationale.

L’ACCORD de Paris sur le climat détermine les contributions au niveau national et prévoit la diminution de la dépendance énergétique vis-à-vis du charbon, dans le souci d’une relance vigoureuse, verte et climato-résiliente. Pour faire progresser la recherche sur le changement climatique, la Banque mondiale a alloué 60 millions de dollars pour renforcer la résilience de l’agriculture en Afrique. Un don de l’Association internationale de développement (IDA) de 60 millions de dollars a été approuvé pour aider justement les pays d’Afrique à renforcer la résilience de l’agriculture locale face aux menaces liées au changement climatique. 

Pour rappel, l’Association internationale de développement est l’institution de la Banque mondiale qui aide les pays les plus pauvres du monde. Fondée en 1960, l’IDA accorde des dons et des prêts à taux faible ou nul pour financer des projets et des programmes de nature à stimuler la croissance économique, réduire la pauvreté et améliorer la vie des plus démunis. L’IDA figure parmi les principaux bailleurs de fonds des 76 pays les plus pauvres de la planète, dont 39 se trouvent en Afrique. Ses ressources bénéficient concrètement à 1,6 milliard de personnes. Depuis sa création, l’IDA a soutenu des activités de développement dans 113 pays. Le volume annuel de ses engagements s’est élevé en moyenne à 21 milliards de dollars au cours des trois dernières années, 61 % environ de ce montant étant destinés à l’Afrique. Cette opération relève de l’engagement pris par la Banque mondiale lors du sommet Action climat organisé par les Nations Unies en 2019 d’augmenter son soutien au CGIAR. Ce dernier est un partenariat mondial d’organisations internationales œuvrant dans la recherche sur la sécurité alimentaire. 

Le CGIAR  a pour objectif de faire bénéficier les ménages ruraux vivant de l’agriculture des progrès de la recherche agronomique et d’accroître la sécurité alimentaire. 

À travers le projet « Accélérer l’impact de la recherche climatique du CGIAR en Afrique » (AICCRA), la Banque mondiale entend soutenir les activités de recherche et de renforcement des capacités menées par les centres du CGIAR et les organisations partenaires afin de renforcer l’accès à des services d’information climatique et à des technologies agricoles climato-intelligentes éprouvées en Afrique. « Grâce à un meilleur accès à des services météorologiques associés à des informations sur les mesures efficaces à adopter, les agriculteurs et les éleveurs pourront mieux anticiper les événements climatiques et prendre des dispositions préventives pour préserver leurs activités productives et éviter des pertes dramatiques », explique un chercheur du CGIAR. Le projet AICCRA sera administré par le Centre international d’agriculture tropicale, responsable du programme du CGIAR pour le changement climatique, l’agriculture et la sécurité alimentaire.

La mobilisation des scientifiques et de l’innovation au bénéfice du développement agricole est conforme aux engagements pris lors du dialogue de haut niveau sur la sécurité alimentaire en Afrique. Une initiative multipartenaires lancée en 2019 pour lutter contre la faim et la vulnérabilité climatique sur le continent africain. 

Ce nouveau projet répond à l’appel de l’AFSLD pour une action conjointe contre l’insécurité alimentaire, conséquence du changement climatique, au moment où la pandémie de Covid-19 est venue fragiliser encore plus le quotidien de millions de ménages.

Les interventions du projet se concentreront sur six pays (Sénégal, Ghana, Mali, Éthiopie, Kenya et Zambie), mais ses bénéfices concerneront l’ensemble de la région. « L’appui régional de l’IDA est justifié dans la mesure où les bénéfices d’activités visant à produire des savoirs et transférer des technologies ne s’arrêtent pas aux frontières et ne peuvent de ce fait être soutenues par les seuls gouvernements », souligne Deborah Wetzel, la directrice de l’intégration régionale pour l’Afrique subsaharienne, le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à la Banque mondiale. D’après elle, « le CGIAR joue un rôle unique de catalyseur pour renforcer les capacités mondiales, régionales et locales à combattre les effets du changement climatique, en Afrique et dans le reste du monde ».

Accroître les financements

La Banque mondiale estime que d’ici 2025, 35 % de ses financements en moyenne auront des retombées positives pour le climat. Un objectif ambitieux dont la cible initiale était de 28 % à l’horizon 2020, en vigueur depuis 2015. La Banque mondiale veillera également à ce que 50 % de ces financements soutiennent l’adaptation et la résilience. C’est le gage, parmi d’autres, de l’engagement de la Banque mondiale à accompagner les pays en développement confrontés aux enjeux du changement climatique et à une nécessaire adaptation à ses effets grandissants.

En décembre dernier, David Malpass a évoqué les activités et les engagements de l’institution financière internationale lors du sommet Ambition climat, organisé en mode virtuel par les Nations Unies, le Royaume-Uni et la France en partenariat avec le Chili et l’Italie. « Le changement climatique contrarie sérieusement nos efforts en faveur du développement », a souligné le  président de la Banque mondiale. D’après lui, les pays les plus pauvres sont ceux qui souffrent le plus des aléas du climat, avec leur cortège d’inondations, de sécheresses et de menaces pour la sécurité alimentaire. En plus d’augmenter ses financements climatiques, a-t-il promis, la Banque mondiale s’emploiera à promouvoir la réduction des émissions de gaz à effet de serre dans les pays ainsi qu’une transition réussie vers un développement sobre en carbone. Et de rappeler que la Banque mondiale est déjà la première source de financement multilatérale pour les investissements climatiques dans les pays en développement. Dans le cadre de l’adoption de son premier Plan d’action sur le changement climatique 2016-2020, elle s’était fixé pour objectif de porter à 28 % d’ici à 2020 la part de ses financements ayant des effets positifs sur le climat. La nouvelle cible de 35 % fera partie intégrante de son deuxième Plan d’action sur le changement climatique, qui couvrira la période 2021 à 2025.

Entre 2016 et 2020, les institutions du Groupe (Banque mondiale, IFC et MIGA) ont mobilisé plus de 83 milliards de dollars de financements climatiques en faveur des pays en développement. Ces ressources ont notamment permis d’augmenter de 34 GW les capacités de production électrique à partir d’énergies renouvelables et de faire bénéficier des millions d’individus dans une cinquantaine de pays d’un meilleur accès aux données hydrométéorologiques et aux systèmes d’alerte précoce, parmi d’autres résultats positifs pour le développement. L’an dernier, le niveau d’investissements climatiques du Groupe de la Banque mondiale a battu des records historiques.