La volatilité de nouveau en vue

Dans l’attente de l’ouverture du bal des publications trimestrielles, les places financières ont globalement marqué une pause la semaine dernière, affectées par les tensions politiques américaines et les craintes concernant la propagation rapide du variant britannique du coronavirus.

L’ANNONCE d’un plan de relance de 1 900 milliards de dollars, largement anticipé, par Joe Biden, le nouveau président élu des États-Unis qui entre en fonction le 20 janvier 2021, n’a pas suscité de réel enthousiasme. Et les premières publications de sociétés ont été sanctionnées le vendredi 15 janvier 2021, engendrant de nouveaux dégagements.

Le premier mois boursier de l’année 2021 se termine avec les trois sorcières qui marquent la compensation des contrats optionnels. À ce jour, malgré les fortes incertitudes sanitaires doublées des problèmes de logistique du vaccin, aucun mouvement de consolidation n’est encore intervenu. Le moral des investisseurs reste au beau fixe et ces derniers privilégient, par conséquent, plus souvent le futur au présent.

Indices

Pourtant les perspectives de croissance pour l’année en cours semblent subir une érosion au fur et à mesure des nouvelles phases de confinement. Le fait de rentrer dans la saison des résultats devrait apporter une certaine volatilité qui s’est étiolée ces dernières semaines. Cette recrudescence du stress pourrait revenir, surtout si les anticipations micro-économiques font apparaître quelques désillusions sur une reprise dynamique.

Sur la semaine écoulée, les indices asiatiques ont tiré leur épingle du jeu. Le Nikkei a engrangé 1.3 %, évoluant sur des plus hauts de 30 ans, le Hang Seng s’est adjugé 2.7 % tandis que le Shanghai Composite s’est effrité de 0.1 %.

En Europe, les indices ont, en revanche, cédé du terrain sous l’effet de quelques prises de bénéfices. Le CAC40 a enregistré une perte hebdomadaire de 2 %, le Dax de 2.2 % et le Footsie de 2.3 %. Concernant les pays périphériques de la zone euro, le Portugal a signé la plus forte baisse (-4.1 %), l’Espagne a perdu 2.4 % et l’Italie 1.8 %. Aux États-Unis, le Dow Jones a reculé de 1.2 % sur la semaine, le S&P500 a cédé 1.7 % et le Nasdaq100 2.5 %.

Sur le marché des actions, focus sur une des tendances qui ont marqué l’année 2020 : l’apprentissage en ligne. 

La société Chegg qui est une plateforme lancée par des étudiants en 2005 pour trouver une alternative à l’achat souvent onéreux de livres universitaires et cotée en Bourse depuis 2013, propose un service de location de livres en ligne ainsi qu’un service de tutorat par abonnement mensuel. L’année 2020 a fortement dynamisé l’activité de cette société californienne.  En effet, les restrictions sanitaires ont poussé des millions d’étudiants à travers le monde à étudier en ligne. Chegg a vu son nombre d’abonnés progresser de 29 %, pour atteindre 3.9 millions, principalement aux États-Unis. 

Selon les estimations, le chiffre d’affaires devrait augmenter de plus de 50 % par rapport à 2019 et l’EBITDA (Earnings before Interest, Taxes, Depreciation and Amortization ou solde intermédiaire de gestion qui correspond à l’excédent brut d’exploitation, dépourvu de dépréciations comme les provisions) de plus de 60 %. De plus, cela ne devrait pas être un phénomène éphémère : les analystes prévoient une croissance des ventes de 25 % sur l’année en cours et la suivante.

En effet, la situation des étudiants, notamment aux États-Unis, évolue. Ils sont de plus en plus âgés, avec une moyenne de 25 ans et plus de 40 % d’entre eux travaillent 30 heures par semaine selon le PDG Dan Rosenweig. La flexibilité des cours en ligne peut révolutionner l’apprentissage sur le long terme et Chegg est positionnée sur cette nouvelle tendance. Le titre de la société basée à Santa Clara a progressé de 250 % sur l’année 2020 pour s’établir à 100 dollars. Sur le marché obligataire, il existe une réelle dichotomie entre les rendements des deux côtés de l’Atlantique. En effet, le Tbond US a grimpé à nouveau de plusieurs points de base pour toucher les 1.10 %. La tendance haussière se conforte avec le plan massif de stimulation et d’aide économique, qui pourrait s’élever à 2 000 milliards de dollars, afin de lutter contre les répercussions économiques persistantes de la pandémie.

En revanche, les emprunts souverains européens conservent une forte dynamique, avec des rendements bien ancrés sur les zones basses. Le bund allemand produit -0.55 % et l’OAT française donne du -0,32 %. Il en est de même, plus au sud du continent, où le gestionnaire de la dette ibérique devrait bientôt voir un taux négatif sur la référence à 10 ans. La Suisse de son côté conserve des conditions d’emprunt très avantageuses avec une rémunération de son titre majeur à -0.55 %.

Marché des changes

Le 1ER Ministre italien a perdu sa majorité au Parlement. Cette chute du gouvernement transalpin, alors que le pays traverse une crise sans précédent, résulte de profonds désaccords sur le plan de relance de 209 milliards d’euros. Sur la nouvelle, l’EUR/USD a décroché, allant toucher un plus bas d’un mois à 1.21 dollars. La monnaie britannique, quant à elle, retrouve des couleurs après que le gouverneur de la Banque d’Angleterre a écarté la possibilité d’introduire des taux d’intérêts négatifs pour le moment. Sur le marché des devises, les parités de la livre sterling sont majoritairement en hausse sur la semaine, comme le GBP/JPY à 141.7 ou encore le câble à 1.365 dollar. L’institut devait évaluer l’impact du Brexit et des dernières mesures de confinement sur l’économie avant d’ajuster sa politique monétaire. 

En Asie, la Banque du Japon pourrait revoir à la baisse ses prévisions de croissance pour l’exercice 2020/2021 qui prend fin en mars, suite à l’impact négatif du Covid-19 sur l’économie nipponne. Cette perspective devrait donc confirmer la politique monétaire ultra-accommodante de la BOJ. De plus, la promesse de relance budgétaire américaine freine la demande d’actifs refuges. La pression a ainsi augmenté sur la monnaie japonaise, qui a glissé contre tous les paires du groupe des 10. Cette nouvelle donne incite les cambistes à couper leurs shorts USD/JPY, qui a repris 200 points de base à 103.90 JPY.

Les devises de l’hémisphère Sud profitent aussi de l’environnement en Risk On, pour étirer leur rallye haussier. Le kiwi se traite à 0.73 dollar, un plus haut de 3 ans, alors que l’Aussie revient à 0.78 dollar.

Concernant les statistiques économiques, en Chine, les chiffres ont tous dépassé les attentes, à l’image des indices CPI et PPI, à respectivement 0.2 % et -0.4 %, ou de la balance commerciale (517B contre 466B attendu). En zone euro, peu de statistiques étaient au programme. La production industrielle progresse de 2.5 % (0.2 % attendu et 2.3 % le mois dernier) et la balance commerciale à 25.1B (contre 22.3B anticipé). Aux États-Unis, les données sur l’emploi ont déçu la semaine dernière, avec des inscriptions hebdomadaires au chômage en hausse de 965K (784K précédemment). 

Les autres données macroéconomiques ont également raté le consensus, l’indice PPI ressort à 0.3 % (0.4 % attendu), les ventes au détail reculent de 0.7 % alors qu’elles étaient attendues stables et l’indice Empire State manufacturier retombe à 3.5 (consensus 5.7). Seule la production industrielle dépasse les attentes (1.6 % contre 0.5 % attendu).