C’est une partie intégrante de l’école primaire. Elle est destinée à recevoir des enfants âgés de 5 ans révolus dans des structures appropriées et à préparer leur entrée dans le système éducatif national au niveau élémentaire. Mais aussi à inciter les parents, surtout en milieu rural, à les scolariser.
Maker Mwangu Famba, le ministre de l’Enseignement primaire et secondaire et de l’Initiation à la nouvelle citoyenneté, l’avait annoncé le 2 janvier au cours d’une conférence de presse dans un hôtel de Kinshasa. Depuis la rentrée du 11 janvier, la phase pilote de la classe pré-primaire, obligatoire et gratuite, a démarré dans 1 000 écoles de l’enseignement public sur l’ensemble du pays. Concrètement, il y aura une classe par école et 35 élèves par classe. Particularité : les enseignements seront dispensés dans les langues locales presque exclusivement par des institutrices. Pour Maker Mwangu Famba, la classe pré-primaire « représente une forme de réponse nouvelle à la nécessité de préscolariser les enfants de 5 ans. Il s’agit (…) d’un programme novateur susceptible de générer une expansion rapide de l’éducation pré-primaire. Sa mise en place permet à un plus grand nombre d’enfants d’avoir accès à l’éducation préscolaire avec pour effet d’augmenter la probabilité de l’inscription en première année de l’école primaire à l’âge légal de 6 ans ». Actuellement, le système d’enseignement congolais est confronté à un problème sérieux : la scolarisation tardive. Selon des chiffres donnés par le ministre de l’Enseignement primaire et secondaire et de l’Initiation à la nouvelle citoyenneté, « sur les nouveaux inscrits en première année, seuls 40 % sont âgés de 6 ans, tandis que les enfants âgés de 7 à 10 ans ou plus représentent près de 60 % des inscrits ». Autres attentes : « contribuer à la réduction des abandons et des redoublements, mais aussi élever le taux d’accès, de rétention et de survie dans le primaire ».
Contre-performance
Dans sa Stratégie de développement du sous-secteur de l’Enseignement primaire, secondaire et professionnel 2010-2016, le gouvernement avait mis un accent particulier sur l’éducation préscolaire. L’approche privilégiée était jusque-là l’enseignement maternel classique destinée aux enfants de 3 à 5 ans, à laquelle s’est ajoutée la création d’« espaces communautaires d’éveil ». Tout cela n’a pas contribué, comme le souhaitait le gouvernement, à l’augmentation de la fréquentation de l’enseignement préscolaire. Le ministère de l’Enseignement primaire et secondaire et de l’Initiation à la nouvelle citoyenneté évoque deux raisons pour expliquer cette contre-performance. Premier écueil, le coût élevé pour une large majorité des familles congolaises de l’enseignement maternel qui est, pour l’essentiel, tenu par des privés. Deuxième écueil, le nombre insuffisant des espaces communautaires d’éveil créés sur l’ensemble du pays : 900 seulement. Pire, le taux de scolarisation dans le préscolaire qui était de 3 % en 2011-2012, n’a pas dépassé les 4,3 % en 2013-2014. Or, la moyenne en Afrique subsaharienne se situe, actuellement, à 20 %. Constat de Maker Mwangu Famba : « À ce rythme, si des mesures adéquates ne sont pas prises, il est évident que l’objectif visé par la Stratégie sectorielle de l’éducation et de la formation (2014-2023) de porter l’accueil des enfants au pré-primaire à 15 % en taux brut, ne sera pas atteint ».
La phase actuelle, qui a démarré ce 11 janvier, est qualifiée de pilote. Elle succède à la phase préparatoire qui a permis, avec le soutien de l’UNICEF, la mise en place d’un cadre juridique, pédagogique et stratégique approprié. Cette phase doit, en principe, durer deux ans au minimum. Si les résultats attendus sont encourageants, il y aura une troisième phase, celle de la généralisation progressive de l’expérience. Ce sera la phase de mise à l’échelle. D’où ce souhait de Maker Mwangu Famba : « La réussite d’un tel programme est intimement liée à l’adhésion de l’ensemble de la communauté nationale ainsi que de nos différents partenaires ». Sur les 1 000 classes pré-primaires qui viennent d’être ouvertes, l’UNICEF en prend 100 en charge. Le reste est aux frais du gouvernement.