Selon un expert du secteur, ces structures, qui sont passées de13, en 2004, à 30, en 2014, ont été ajoutées sur des bases subjectives, sans tenir compte des vraies réalités sur terrain.
Dans un ouvrage à paraître dans les prochains jours intitulé :« le découpage des provinces éducationnelles en RDC, secteur de l’enseignement primaire, secondaire et professionnel (EPSP) », Jean-Claude Kuziala Mankadi Ibanda, expert dans le domaine de l’enseignement, met en cause la création de nouvelles provinces éducationnelles et sous-divisions de l’EPSP. Selon lui, les sous-divisions, qui sont passées de 145 en 2004, à 319 en 2014 et les provinces éducationnelles de 13 à 30 sur la même période, n’ont pas été créées sur base d’un besoin réel mais sur celle des intérêts politique et électoraliste. Pour ce chercheur de la faculté des sciences sociales, administratives et politiques de l’Université de Kinshasa, « l’enseignement a subi la théorie des structures tribalo-claniques ». Car, ne peut être désigné gestionnaire dans ces structures que l’originaire du territoire où la sous-division est implantée. « L’affectation des gestionnaires découle des critères de militantisme politique, des quotas géographiques et non sur base de la méritocratie et de la compétence », indique-t-il. Ainsi, pour lui, « cette attitude négative ne répond pas aux exigences d’une organisation qui se veut efficace et performante. »
Ce qui, d’après lui, crée la désintégration des communautés au niveau national, dans un environnement national où est prônée la cohésion nationale. Le chercheur critique aussi le caractère pléthorique de ces structures, principalement les sous-divisions qui comptent, entre 190 et 210 agents, au lieu de 57. Conséquence : « il y a des personnes auxquelles on attribue le numéro matricule, mais qui ne sont pas prises en charge par le trésor public », relève-t-il. En clair, poursuit-il, cela dénote d’une mauvaise planification, d’autant plus que l’EPSP n’a pas été associé à la création de ces structures. Ces nouvelles structures ont aussi une incidence sur le support logistique. « Il est bon de créer de nouvelles provinces éducationnelles et sous-divisions, mais il faut aussi penser aux infrastructures. Les conditions matérielles influent sur le rendement et sur l’efficacité » soutient-il, indiquant que la plupart de ces structures sont locataires et fonctionnent dans des conditions non appropriées (vétusté des bâtiments et des meubles, absence d’outil informatique…).
Solutions
Ce chercheur propose des pistes de solution pour redresser le secteur de l’enseignement. Sur le plan structurel, Jean-Claude Kuziala pense que procéder encore à un redécoupage des provinces éducationnelles n’est pas opportun. A la place, propose-t-il, autant laisser à toutes ces provinces éducationnelles la latitude d’en créer éventuellement, à l’avènement de 25 provinces. Mais pour lui, le Bas-Congo peut faire l’objet d’un découpage. Parce que la province ne compte que deux provinces éducationnelles alors qu’elle a trois districts. Il préconise la création de la province éducationnelle de la Lukaya qui doit se détacher de la Cataracte qui la gère actuellement. Autant pour la ville de Kinshasa qui, selon lui, devrait faire l’objet d’un découpage en quatre provinces éducationnelles (il y en a trois actuellement), tracées dans les anciennes limites des ex-sous régions (appelées communément districts). Ainsi, il y aura Kin I Lukunga, Kin II Funa, Kin III Mont Amba et Kin IV Tshangu.
Au niveau des ressources humaines, Jean-Claude Kuziala conseille la politique des « non- originaires » à la tête de chaque province éducationnelle, « pour décourager les politiques » et la politique de la démocratie directe. C’est-à-dire, instaurer un régime de mandat (trois ans renouvelable). Ainsi chaque gestionnaire devrait-il dresser son plan d’action à soumettre à l’autorité compétente.
La politique des infrastructures administratives et scolaires
Au chapitre des ressources matérielles, il propose le lancement de la politique des infrastructures administratives et scolaires (PIAS). Selon lui, la PIAS devra être financée par les fonds qui proviendraient de l’apport local. Le prélèvement sera effectué aux frais de participation et aux fonds générés par le test national de fin d’études primaires (Tenafep), le prélèvement aux frais de participation hors session et session ordinaire des examens d’Etat, au niveau de chaque comité local (sous-division) et le prélèvement consensuel trimestriel, se fera sur chaque unité payée de la juridiction éducationnelle. Ces fonds permettront aux gestionnaires de remettre en état leurs structures. Ils pourront ainsi les doter de l’outil informatique, indispensable pour toute organisation qui se veut moderne, quel que soit l’endroit où la structure est implantée.