La culture du riz aussi polluante que les centrales à charbon

DANS 20 ans, la culture du riz aurait le même effet sur le réchauffement climatique que 1 200 centrales à charbon de taille moyenne. Cela signifie que la riziculture est à long terme aussi préjudiciable pour le climat que les émissions combinées issues des énergies fossiles de l’Allemagne, de l’Italie, de l’Espagne et du Royaume-Uni, indique Bloomberg. 

Les émissions de gaz à effet de serre (GES) attribuées à la riziculture se composent essentiellement de méthane provenant de la décomposition en l’absence d’oxygène de la matière organique dans les parcelles de riz inondées. Les rejets de méthane dans les rizières représentent près de 10 % des émissions globales du secteur agricole alors que la production de viande de bœuf représente environ 65 % du total. 

Cette pollution liée à la riziculture dans les zones inondées a notamment conduit en 2013, à la création de la plateforme pour la riziculture durable (Sustainable Rice Platform – SRP) sous l’égide des Nations unies et de l’Institut international de recherche sur le riz (IRRI). Cette norme définit des pratiques rizicoles permettant un usage efficace et durable des ressources dans la production rizicole mondiale. Des entreprises comme Mars et Olam International ont déjà adhéré à cette initiative en s’approvisionnant au niveau des exploitations certifiées par ce standard et en développant des programmes de culture durable notamment en Asie et en Afrique. 

« L’attention que reçoit le riz pour ces questions est relativement minime par rapport à l’étendue du problème. Les personnes sont informées sur le chocolat, le café, les solutions capillaires, mais le riz est une préoccupation secondaire », explique Paul Nicholson, en charge de la recherche sur le riz et la durabilité à Olam International. 

1 400 l pour 1 kg de riz

Pour rappel, le riz est la céréale la plus consommée au monde et la plus cultivée après le blé. Selon l’IRRI, il faut environ 1 400 litres pour produire un kilogramme de riz. En Afrique subsaharienne, la consommation de riz devrait poursuivre, en 2019, sa tendance croissante enregistrée ces dernières années. D’après le dernier rapport mensuel d’information d’Osiriz, les importations de la région sont prévues pour augmenter de 6,5 % cette année. Cette hausse sera portée par de nombreux pays consommateurs comme le Nigeria, la Côte d’Ivoire et le Sénégal. Au Nigeria, deuxième importateur mondial et premier importateur africain de la céréale, les achats devraient croître de 10 % à 2,2 millions de tonnes en 2019. Du côté de la Côte d’Ivoire, un volume record de 1,5 million de tonnes de riz devrait être importé alors qu’au Sénégal, la quantité importée pourrait être supérieure à 1,6 million de tonnes. Pour rappel, l’Afrique subsaharienne produit moins de 5 % du riz mondial. La céréale constitue principalement un aliment de base en Afrique orientale et occidentale. 

L’Afrique dépense plus de sept milliards de dollars par an pour ses importations de riz, indispensables pour sa sécurité alimentaire, alors que le continent est doté d’un grand potentiel de production, déplorent des experts. « Malgré une hausse de la production rizicole, l’Afrique importe chaque année près de 24 millions de tonnes (…) d’un coût de sept milliards de dollars », a fait remarquer le Sierra-Léonais Harold Roy-Macauley, directeur général d’Africa-Rice, une organisation intergouvernementale regroupant 26 pays d’Afrique de l’Ouest, du centre et de l’Est. 

Limiter sa dépendance 

Le gouvernement et ses partenaires arabes ont décidé d’étendre une fois encore les capacités de stockage de la production du riz dans le site hydro-agricole de Masina, à une vingtaine de km du centre-ville de Kinshasa. La société Sisco va, en effet, construire, pour quelque 259 mille dollars, des magasins de stockage de riz et aménager des aires de séchage sur le site hydro-agricole de Masina. 

Financé par la Banque arabe pour le développement en Afrique (BADEA) pour 10 millions de dollars, le Fonds de l’OPEP pour le développement international (OFID), 5 millions et par le gouvernement pour 2 millions, soit une enveloppe totale de 17  millions, le Programme  de développement de la riziculture dans le site hydro-agricole de Masina (PDRM) est arrivé à maturité. Il devrait produire 13 000 sacs de riz l’an, selon diverses sources. La RDC importe plus de 100 000 à 250 000 tonnes de riz chaque année, surtout en provenance d’Asie, dont 30 % de brisures de riz. Sans doute que le volume des importations aura augmenté de quelques dizaines de tonnes, cette dernière décennie. Et souvent, d’après des experts, ce riz provient de stocks de sécurité alimentaire et est âgé de 3 à 4 ans. L’on se rappelle, mi-2018, des agents de la Direction générale des douanes et accises (DGDA) avaient laissé filtrer l’information selon laquelle une cargaison de riz qui donnant des signes d’avarie venue probablement du Pakistan, a été retirée de force des entrepôts de la douane et qu’il serait probable que ce riz portant l’étiquette « Dana Rice » ait été écoulé sur le marché local.