Selon l’Institut national de la statistique (INS), l’inflation annualisée se situe à 54,924 % au niveau national et 48,168 % à Kinshasa, tandis qu’en glissement annuel, elle est de 53,452 % au niveau national et 48,580 % dans la capitale congolaise. À moins de 50 jours des festivités de fin d’année, la spéculation -alimentée par les incertitudes sociopolitiques liées à la date butoir du 31 décembre retenue dans l’Accord de la Saint-Sylvestre pour la tenue des élections – ira crescendo au point de plonger le marché des biens et services dans la surenchère. Et voilà l’occasion rêvée par le ministre de l’Économie nationale, Joseph Kapika pour faire passer en chambres son projet de loi sur la liberté des prix et la concurrence.
Après avoir été pratiquement éconduit avec son projet, 48 heures plus tôt, Paul Kapika est derechef revenu devant les Sénateurs le 3 novembre dans l’espoir de faire passer son projet de loi. Qui a été, grâce à la subtilité de Kengo, accepté par le Sénat en vue d’un toilettage en profondeur par l’équipe de Mabi Mulumba dans la commission Ecofin. Et pourtant le ministre de l’Économie est resté évasif sinon futuriste dans ses réponses aux pertinentes questions des sénateurs. Concernant, par exemple, la question de tarification des sociétés des télécommunications, le ministre Kapika a déclaré que le gouvernement est à pied d’œuvre pour y apporter une réponse adéquate. Pour ce qui est des unités de mesure « Sakombi, Ebundeli, meka… » des produits livrés sur le marché, Joseph Kapika renvoie encore dans un futur incertain : cette problématique fait l’objet des réflexions au niveau des structures gouvernementales appropriées. Quant aux prix appliqués dans les transports publics, le ministre de l’Économie a fait part es efforts fournis par le gouvernement pour vitaliser ce secteur par les subventions de l’État. Et au sujet de manque à gagner qu’accusent les sociétés commerciales pétrolières dans la vente à la pompe, Kapika a admis que cette question n’a pas trouvé de solution idoine mais son ministère, en concertation avec la profession pétrolière, s’emploie à mettre en place un mécanisme pour une solution appropriée.
Toutefois le ministre de l’Économie a rappelé l’exception concernant les produits hautement stratégiques, à savoir l’eau, l’électricité, les produits pétroliers et les transports publics dont les prix doivent être négociés pour répondre à des impératifs de souveraineté et du social. Le gouvernement tient au maintien, a-t-il dit, à l’article 8 du projet de loi sous examen comme garde-fou à la fixation des prix des produits hautement stratégiques. Et pourtant, tout porte à croire que le gouvernement n’a la maitrise de prix des produits dits stratégiques que dans les grandes villes.
À Kindu au Maniema, le litre d’essence est passé de 2 250 francs à 6 000 francs, entraînant la hausse des prix des produits de première nécessité comme la farine de maïs, les viandes, le sucre, les services médicaux ainsi que les produits d’entretien courant de maison et le transport. À Kalemie, il est passé dans l’intervalle de quatre jours de 1 800 francs à 3 500 francs, environ 2 dollars chez tous les revendeurs de ce produit dans la ville communément appelés « Kadhafi ».
Seule la grande station de vente des établissements ABS Mamry qui a un grand dépôt de stockage du carburant dans la ville, vend le litre d’essence et du mazout à la pompe à 2 000 francs et ne livre à chaque client que 20 litres d’essence. La spéculation de prix de ce produit pétrolier a immédiatement entrainé la hausse de prix d’une course de transport en commun qui passe à son tour de 500 à 1000 FC pour le bus, la voiture taxi ainsi que le taxi moto pour toute destination interurbaine à Kalemie.