La profession défie l’État avec des moyens de l’État

 

Le bois d’œuvre est, en pratique, constitué de grumes destinées au sciage, déroulage, tranchage et autres usages « nobles’ » de la filière. Et après transformation, ces bois servent en menuiserie, charpente, caisserie, ameublement, etc. Les exploitants regroupés au sein de la Fédération des industriels du bois (FIB) auraient déjà recouru aux services de sécurité pour éconduire les inspecteurs du ministère de l’Environnement et du Développement durable dans leurs concessions. Ce dernier déplore également « le trafic d’influence qui permet aux propriétaires desdites concessions d’échapper à leurs obligations d’assujettis ». Par ailleurs, les recettes du secteur du bois font l’objet d’un partage toujours sujet à caution entre la Direction générale des recettes administratives, judiciaires, domaniales et de participation (DGRAD) et le Fonds forestier national (FFN) qui en tire le gros lot. Le FFN a été créé à la suite de la volonté exprimée par l’ancien 1ER Ministre, Augustin Matata Ponyo, en mai 2012, de « rationaliser les recettes du secteur forestier ». Hélas, les recettes générées par le Fonds forestier national ont toujours été en-dessous des assignations. Du fait de la corruption et la fraude qui gangrènent le secteur. Cela est largement vrai mais n’explique pas tout. Voilà pratiquement trois ans que toutes les initiatives visant à encadrer les productions artisanales et industrielles du bois ainsi que les recettes y afférentes piétinent… faute de volonté politique.

Laboratoire GPRS 

Le gouvernement a, une fois encore, repris dans le budget 2018 le projet d’acquisition d’un laboratoire GPRS géographique en vue d’avoir la maîtrise de la coupe de bois et, par ricochet, le circuit d’exportation et les recettes y relatives. Rien n’est venu à la fin du premier trimestre 2018 alors que le ministère des Finances qui publie les recettes trimestrielles des exploitations des ressources naturelles, lambine. Les recettes actualisées remontent, en effet, à 2017. Année au cours de laquelle les prévisions de l’ordre de 44 944 992 FC avaient été prévus pour l’achat d’un laboratoire-GPRS géographique, outil ultramoderne, selon le ministère de l’Environnement et du Développement durable, susceptible de remettre de l’ordre dans le secteur forestier. 

En 2016 déjà, quelque 726 746 600 FC avaient été prévus pour l’acquisition du labo-GPRS, qui n’est jamais venu. C’est depuis cette période que le braconnage des essences rares dont le bois rouge est reparti de plus belle, particulièrement dans l’ex-province du Katanga. Des saisies des camions remplis de grumes ont été enregistrées çà et là sans jamais dissuader des réseaux de coupes illégales de bois. La confusion a atteint des proportions inquiétantes dans le secteur de l’environnement congolais. 

La RDC a décidé à brûle-pourpoint de lever le fameux moratoire sur l’octroi de nouvelles concessions forestières et la conversion des titres en permis d’exploitation, après quinze ans d’application aléatoire. Il est vrai que le pays n’a guère perçu les centaines de millions de dollars lui promis en guise de compensations du gel de l’exploitation à grande échelle de ses forêts. Il sied de rappeler que la RDC n’a pas signé le 29 avril dernier à Brazzaville le protocole instituant la commission Climat du bassin du Congo et du Fonds bleu. 

Le Fonds bleu devrait permettre de subventionner des projets qui permettront de préserver cette région, à hauteur de 100 millions d’euros chaque année. Le gouvernement congolais s’y est opposé, notamment sur le quota que chaque pays devra recevoir dans le cadre du Fonds bleu du bassin du Congo, le pays possédant plus de deux tiers des réserves des tourbières du monde entier.