La RDC demeure une destination peu attrayante

L’Afrique centrale a réalisé la meilleure performance en 2014. Cependant, l’absence de gouvernance et de démocratie plombe la venue de capitaux frais pour ajouter de la valeur sur ses ressources naturelles.

À ce jour, c’est le secteur minier qui attire le plus des investisseurs directs étrangers.
À ce jour, c’est le secteur minier qui attire le plus des investisseurs directs étrangers.

La République démocratique du Congo a de quoi faire valoir ses atouts en termes d’attractivité d’affaires. Sur les trois dernières années, les flux des investissements directs étrangers (IDE) ont atteint la barre de 2 milliards de dollars l’an. Son économie connaît un taux de croissance positive du produit intérieur brut (PIB) de 8,5 %, en 2013, et 9,2 %, en 2014. À fin 2015, la croissance économique est estimée à 7,7 %, un taux au-dessus de la moyenne africaine qui oscille autour de 5 %. Des performances qui font de la RDC la deuxième destination des IDE en Afrique, derrière l’Afrique du Sud. Concernant le climat des affaires, la RDC se trouve dans le top 10 des pays les plus réformateurs au classement Doing Business 2015. Le pays évolue aussi dans un environnement régional des affaires de plus en plus attractif et compétitif. L’Afrique centrale a réalisé la meilleure performance, en 2014, en termes d’IDE. Un rapport récent de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED) indique que les flux d’investissements directs étrangers se sont consolidés en Afrique centrale, soit 54 milliards de dollars, l’année dernière, contrairement à d’autres régions du continent. L’Afrique du Nord a reçu 11,5 milliards, soit un recul de 15 % par rapport à 2013, une situation imputable à l’instabilité politique et sécuritaire, notamment en Égypte malgré ses bonnes performances (+14 %, à 4,8 milliards) et au Maroc (+8 %, à 3,6 milliards). En Afrique subsaharienne, la valeur est en hausse de 5 %, par rapport à 2013, soit 42,4 milliards. Au Sud du Sahara, c’est l’Afrique centrale qui a réalisé la meilleure performance avec une hausse de 33 % par rapport à 2013, soit un total d’IDE de 12,1 milliards de dollars. L’Afrique de l’Est a attiré des flux globaux de 6,8 milliards (+11 %). Les flux des IDE vers l’Afrique de l’Ouest ont, quant à eux, atteint 12,8 milliards de dollars, soit un recul de 10% par rapport à 2013.

Indicateurs de la croissance

La croissance économique d’une nation est fonction directe du degré des investissements atteint. Le taux d’investissement est devenu l’un des indicateurs auxquels les investisseurs recourent pour s’assurer de l’attractivité d’un pays. Le Premier ministre, Augustin Matata Ponyo, l’a compris. Il s’est soumis à cet exercice, début décembre, au Sommet mondial sur l’investissement en Afrique, à Londres. Une opportunité pour lui de faire la promotion de la RDC auprès d’un millier d’investisseurs invités à ce forum. À ce jour, seulement 30 % de concessions minières ont été attribuées à des investisseurs pour la recherche et/ou l’exploitation. Sur le plan agricole, le pays dispose de vastes étendues de terres arables et fertiles (80 millions d’hectares), de grandes réserves d’eau douce, d’une importante pluviométrie, et de soleil permettant de réaliser plusieurs récoltes en une année. Quant au potentiel hydroélectrique, il est évalué à environ 106 000 mégawatts, soit 37 % du total africain et près de 6 % du total mondial.

Depuis 2001, a indiqué le Premier ministre, la RDC s’est engagée à mettre en œuvre des réformes dans presque tous les domaines. Celles-ci ont permis, par exemple, de passer de 0,3 % du PIB, en 2000, à 14,4 %, en 2014. En publiant tous les contrats miniers et les ressources fiscales mobilisées, la RDC est devenue, en 2014, pays conforme ITIE (Initiative pour la transparence dans les industries extractives)… Il existe, aujourd’hui, un cadre qui sécurise les investisseurs, a déclaré Matata Ponyo, et interdit de nationaliser et d’exproprier. Il garantit la liberté de transférer des revenus générés. Un Guichet unique a été mis en place pour la création d’entreprise en trois jours seulement. Pour sécuriser davantage les investissements, la RDC a adhéré à l’Agence multilatérale de garantie des investissements (MIGA), à l’Agence africaine d’assurance (ACA) en vue d’obtenir la réduction des risques des affaires et des coûts, à l’Organisation pour l’harmonisation des affaires en Afrique (OHADA).

Handicap

Les investisseurs se penchent sur ces indicateurs avant de se décider à placer leur argent dans un pays. Le code des investissements de la RDC permet aux projets directs, nationaux et étrangers, réalisés au Congo dans les secteurs non expressément réservés à l’État ou non exclus par la liste négative, de bénéficier d’un certain nombre d’avantages douaniers, fiscaux et parafiscaux, ainsi que de certaines garanties générales. Sur l’évolution du volume des investissements, les chiffres contrastent. Pour le gouvernement, les flux des IDE sont restés constants de 2012 à 2014. Mais des sources indépendantes soulignent qu’ils ont été en constante progression de 2010 à 2012, avant de connaître un léger fléchissement, en 2013, et ont été nettement en recul en 2014. Dans l’ensemble, cette évolution est significativement influencée par les flux d’investissements dans le secteur minier. Ils sont réalisés en RDC à plus de 80 % par les filiales ou succursales des entreprises étrangères. Selon les mêmes sources, l’Asie est un pôle d’attraction des IDE, alors que l’Afrique, en général (3,6 % des flux entrants mondiaux, en 2011, soient 54,4 milliards de dollars), et la République démocratique du Congo, en particulier (2 milliards), restent parmi les régions du monde les moins concernées par les IDE, malgré une dotation factorielle exceptionnelle en ressources naturelles et en main-d’œuvre bon marché. À l’ère de la mondialisation, on assiste à une flambée des IDE, élément moteur de la multinationalisation des entreprises. Les motivations principales à l’origine de ces investissements sont bien évidemment la réduction des coûts (coûts du travail, optimisation fiscale…), mais aussi la recherche d’économies d’échelle liées à de grands marchés et la conquête de nouveaux marchés. Les effets positifs des IDE sur la croissance économique et du surcroît d’emplois qui en résulte dans le pays d’accueil sont confirmés par de nombreuses études in situ.

Avec ses importantes ressources naturelles, la RDC devrait attirer des investissements en masse. D’après les experts du cabinet d’études Ernst & Young, la bonne gouvernance et la démocratie sont le moteur de l’attractivité. Hormis quelques pays à compter sur le bout des doigts, dont la Namibie, tout le reste de l’Afrique est repris dans les catégories des pays où il est conseillé la prudence économique avant d’y investir. L’attractivité est une question complexe. La RDC entreprend des réformes visant à favoriser son ouverture sur le marché international. Elle multiplie des actions de promotion à l’étranger, mais il y a peu d’afflux des IDE.