La RDC est à la recherche d’une solution curative locale

Le président de la République croit en une alternative congolaise dans la lutte contre le coronavirus. Cela est « toujours possible » si des « moyens conséquents » sont mis à la « disposition de nos chercheurs scientifiques ». Le gouvernement a instruit le ministre de la Recherche scientifique et de l’Innovation technologique de réunir rapidement le comité scientifique, le Secrétariat technique et le CMRC-19 en vue d’harmoniser les vues.

LA TÂCHE désormais est d’aller jusqu’au bout de l’exercice.Et l’objectif est de parvenir à répondre aux besoins. L’instruction gouvernementale résulte des tra- vaux de la commission scientifique d’appui au Secrétariat technique du Comité multisectoriel de riposte au Covid-19 (CMRC-19). À l’issue de ses travaux de plusieurs jours, à l’ini- tiative de José Mpanda Kabangu, le ministre de la Recherche scienti- fique et de l’Innovation technolo- gique, la commission scientifique a proposé « des mesures préventives et curatives » destinées à la popula- tion mais aussi au gouvernement. Ces mesures sous forme de « pro- positions innovantes » ont été pré- sentées et adoptées en Conseil des ministres du vendredi 15 mai. On se souviendra que Sylvestre Ilunga

Ilunkamba, le 1ER Ministre, avait marqué sa disponibilité de rencon- trer les chercheurs nationaux qui se penchent sur la problématique de la pandémie de Covid-19. Eh bien, il a reçu à son cabinet le mardi 12 mai la commission scientifique du minis- tère de la Recherche scientifique etde l’Innovation technologique pour une séance de travail. Cette com- mission est composée notamment des chercheurs de l’Université de Kinshasa (UNIKIN) et de l’Univer- sité de Lubumbashi (UNILU).

Solution curative

Ces chercheurs ont fait remar- quer au 1ER Ministre que sur la base de leurs réflexions et travaux scientifiques, il y a des aspects de la lutte contre la pandémie qui « doivent être discutés » d’abord avec le CMCR-19 afin de « dégager les

meilleures approches possibles ». Par précaution d’usage ? En tout cas, le ministre de la Recherche scientifique et de l’Innovation tech- nologique a déclaré à la presse à l’issue de cette audience qu’une « solution curative congolaise » est sérieusement « envisagée ». Mais avant cela, « elle doit être soumise à des essais cliniques pour sa vali- dation ».

Les scientifiques congolais ont indi- qué, arguments à l’appui, au 1ER Ministre que « la pandémie sera mieux gérée », pourvu qu’on mette en place des sous- commissions de travail chargées de la préven- tion, du dépistage pour accélérer le nombre de personnes à tester, de la riposte et de la stratégie.

Cette dernière composée de plu- sieurs experts devra donner des solutions au gouvernement pour une bonne prise en charge des questions de la pandémie. C’est ainsi que Sylvestre Ilunga a demandé qu’on puisse organiser rapidement une réunion élargie à l’équipe de la riposte avec le ministère de la Santé et le CMRC-19 ou la Task Force de la présidence de la République pour dégager un consensus. José Mpanda Kabangu a fait savoir que « tous les acteurs impliqués dans la lutte contre la pandémie de Covid-19 vont se réunir dans les tous pro- chains jours pour décider de ce qui sera fait ». Ces assises pourraient être organisées avec l’appui finan- cier du Fonds monétaire interna- tional (FMI) qui est engagé dans la lutte contre le Covid-19 en RDC.

Recours à l’Artemisia

Pour sa part, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, le président de la République, a reçu le cher- cheur congolais Jérôme Munyangi wa Nkola, en exil en France. Ce médecin fait le plaidoyer de l’Arte- misia pour soigner maladie de coro- navirus. Jérôme Munyangi a quitté la RDC en mars 2019, s’estimant « persécuté » dans son propre pays pour ses recherches sur l’Artemi- sia comme traitement contre le paludisme.

Dr Munyangi a fait le point de ses recherches à la bonne attention du président de la République, notam- ment sur les bienfaits de l’Arte- misia contre le paludisme. « Des travaux en laboratoire et le traite- ment mené sur 1 000 patients ont prouvé que les tisanes d’Artemisia sont plus efficaces que les médi- caments conventionnels contre la malaria ». Et depuis, ce médecin et chercheur a reçu « des menaces de revendeurs de médicaments en relation avec des firmes pharma- ceutiques indiennes et chinoises ». D’après lui, cette plante devra entrer pleinement dans « les re- cherches de la solution africaine » au coronavirus. « Je crois main-

tenant qu’il est temps d’essayer de travailler sérieusement pour contribuer à la lutte contre les maladies qui frappent la RDC », a déclaré Jérôme Munyangi dans un entretien avec Jeune Afrique. « Au sujet du rapport entre l’Artemisia et le Covid-19, la RDC doit com- mencer par un essai clinique qui respecte les normes de CDC Africa et de l’OMS », estime ce médecin. Aucun calendrier n’est encore disponible pour les recherches. Munyangi soutient également que le remède malgache (Covid- Organics) doit encore faire l’objet des recherches scientifiques et des essais cliniques.

Par ailleurs, il pense déjà à se rap- procher de l’INRB : « Nous avons un protocole d’essai clinique à tester dans un groupe de malades avant que cette solution ne soit étendue à la population. Nous sommes là donc pour faire la recherche et regarder si l’Artemisia peut être considérée aujourd’hui comme une alternative dans la lutte contre la pandémie de Covid-19 en RDC ».