La RDC manque une politique de l’habitat

Prolongement de la 1ère édition, l’Expo Béton 2017 a principalement abordé la question de l’agrandissement des villes vu sous l’angle des ressources humaines, matériaux de construction, plans d’aménagement du ressort des provinces et du ressort du gouvernement central.

Cette année, le salon de la construction a été organisé en partenariat avec l’Agence nationale pour la promotion des investissements (ANAPI). Le thème initial de la 2è édition a été : « Planification et aménagement des zones industrielles et résidentielles des agglomérations urbaines congolaises : enjeux, défis et perspectives ». Pendant quatre jours, Expo Béton réuni toutes les expertises souhaitées et voulues (politiques, professeurs, chercheurs, promoteurs des entreprises, etc.) et a été une opportunité pour les opérateurs économiques œuvrant dans le secteur du bâtiment et des travaux publics (BTP) de présenter et vendre leurs produits respectifs.

Le salon de la construction est désormais un grand rendez-vous qui rassemble tous les acteurs économiques et constructeurs tant nationaux qu’internationaux. Les organisateurs de l’événement ont prévu cette année des expositions, la vente promotionnelle dans les stands et les conférences-débats. Aussi, il a été prévu des visites guidées des sites spéciaux (Zone économique spéciale de Maluku (ZES) et principales usines de ciment de la province du Kongo-Central.

À l’ouverture, le 7 septembre, le président de l’Expo Béton Asbl RDC, Jean  Bamanisa Saïdi, a insisté sur la nécessité de la normalisation dans le secteur de la construction, notamment dans l’usage du matériel et des matériaux appropriés. Le ministre des Infrastructures, des Travaux publics et de la Reconstruction, Thomas Luhaka, a inauguré la 2è édition du salon de la construction en RDC.

Le président de l’Expo Béton a rappelé que la première édition placé sous le thème de « la Problématique de l’habitat en milieu urbain et rural » avait abordé plusieurs aspects du problème et pour lesquels des propositions ont été faites au gouvernement. Ces aspects concernent principalement la construction, l’aménagement, les capacités des entreprises et la disponibilité des matériaux.

La 2è édition qui s’inscrit dans le prolongement de la première, a principalement abordé la question de l’agrandissement des villes incluant tout ce qui est ressources humaines, matériaux, plans d’aménagement du ressort des provinces et du ressort du gouvernement central. Pour y parvenir, il faut une politique  de l’habitat qui, en réalité, n’est pas encore mise en place, selon Bamanisa.

La tenue de cette manifestation est à ses yeux une façon de « secouer » le gouvernement de sorte que « la politique de l’habitat  soit  effective pour emmener les entreprises du secteur public et du secteur privé à l’accompagner avec des financements ». Parmi les recommandations, la mise en place d’une plateforme des professionnels de la construction afin de faire des « propositions concrètes au gouvernement, ainsi que celle de l’ordre national des architectes à l’instar de celui des médecins ou des pharmaciens. En effet, les architectes dénoncent la préférence accordée aux étrangers dans la conception et la construction des ouvrages à travers le pays.

Il est temps d’inverser la tendance, a déclaré le président de l’Association nationale des architectes, Constant Luzitu.  « Ne faudrait-il donc pas, instituer, dès à présent, un cadre d’échange et de suivi. Nous serons heureux d’appuyer votre programme et celui prôné par le président de la République dont les objectifs et ambitions dans la construction des infrastructures, des ouvrages essentiels à nos populations sont clairement exprimés à travers sa vision de 2006 de 5 chantiers et de 2011 de la Révolution de la modernité ».

La décentralisation et ses effets induits

Pour Jean Bamanisa, il ne faudrait pas se leurrer, la population de l’Afrique croit à un rythme exponentiel. Thomas Luhaka a, quant à lui, apprécié le travail des organisateurs de l’Expo Béton dans la mesure où elle offre des opportunités non négligeables à l’ensemble de la population congolaise. « C’est un sentiment de joie et de surprise parce que je ne savais pas qu’il y avait autant d’entreprises dans le secteur de bâtiment et de la construction des infrastructures.

J’ai découvert des grandes choses avec la possibilité que les entreprises offrent, pas seulement à Kinshasa, mais dans toutes les provinces de la RDC », a déclaré le ministre des ITPR. « Le gouvernement qui continue d’encourager les investisseurs privés du secteur de la construction, va étudier les voies et moyens pour conjuguer les efforts afin de pouvoir relancer et dynamiser le secteur de la construction en RDC », a-t-il poursuivi. Tout en encourageant « l’initiateur de ce grand programme pour son esprit d’innovation ».

Depuis 2015, la République démocratique du Congo compte 26 provinces. Mais la population est loin de sentir la gouvernance de proximité. À cet effet, plusieurs actions devraient être réalisées, notamment la promulgation des lois prioritaires.

Il s’agit entre autres de la loi organique sur les limites de provinces et celles de la ville de Kinshasa, ainsi que de la loi-cadre sur l’aménagement du territoire.

L’amélioration du cadre de vie des populations va reposer sur un accès amélioré aux services sociaux de base, principalement à une eau potable de bonne qualité, tant en milieu urbain que rural, à un habitat et/ou un logement décent, dans un environnement assaini et aménagé selon les règles urbanistiques modernes, à des prestations des soins de santé de qualité, dans des hôpitaux modernes et bien équipés, à une éducation primaire et secondaire de qualité dans des infrastructures appropriées et avec des enseignants bien formés et recyclés, à des espaces de loisirs et culturels bien aménagés et équipés.

En matière de l’habitat, la RDC accuse un déficit important des logements décents. Certaines analyses estiment le déficit à plus de 12 millions de logements. La question de disponibilité de logement décent a engendré d’autres problèmes dont le développement incontrôlés des bidonvilles et l’occupation anarchique des terrains, avec ses corollaires, la gestion des déchets et la destruction du milieu physique par les érosions. L’urbanisation sauvage, caractérisée par l’occupation des terrains non viabilisés et des sites à risque, la dissémination des villages non viables au niveau national, ainsi que les problèmes fonciers récurrents, affectent négativement le cadre de vie de la population.

L’objectif dans ce secteur est donc d’accroître le taux d’accès de la population au logement décent, améliorer la gestion du foncier, en vue de réduire le développement des bidonvilles, étendre les villes et moderniser certains quartiers de grandes villes, créer des villages économiquement viables.

Dans ce cadre, il faudra au niveau du foncier assainir le secteur à travers la réforme de la loi foncière, la destruction des constructions anarchiques, la modernisation et la sécurisation des titres de propriété, ainsi que la responsabilisation des conservateurs des titres immobiliers pour tout acte répréhensible dans l’exercice de leurs fonctions…

Au niveau de l’urbanisme et de l’habitat, il faudra doter le pays d’un plan d’aménagement général du territoire et des plans particuliers de chaque province et grandes villes; encourager les initiatives privées et le partenariat public/privé dans la construction des logements sociaux.

Le gouvernement avait prévu de construire 30 000 logements sociaux au cours de la période 2011-2016, réaliser une étude de faisabilité en vue de la création d’une banque de l’habitat et finaliser la loi sur le crédit bail, définir une politique de résorption des bidonvilles et des logements insalubres.