DANS la cuvette centrale, la République démocratique du Congo a fourni les données géologiques et géophysiques ainsi que des campagnes sismiques à la République du Congo. Aujourd’hui, ce pays procède aux forages dans sa partie de la cuvette centrale… La Tanzanie, la Zambie et le Burundi en font autant sur le Graben Tanganyika. Au propre comme au figuré, l’industrie pétrolière de la RDC est un nain, avec des champs vieillissants sur le bassin côtier. « C’est vraiment étrange que la RDC, entourée par des pays producteurs de pétrole et possédant des eaux territoriales dans le prolifique golfe de Guinée, n’ait jamais vraiment développé d’industrie pétrolière ou ne semble même jamais intéressée à en développer une, malgré ses réserves éventuelles », vocifère un expert national.
Bon nombre de spécialistes se demandent si c’est par manque de volonté politique ou de vision économique que la RDC est à la traîne dans la région. En effet, les gisements de pétrole et de gaz sont en grande partie inexplorés. Selon certaines données, il pourrait y avoir environ 20 milliards de barils de pétrole non découvert dans les bassins on-shore et offshore du pays. « C’est une énorme quantité de pétrole qui, si elle était confirmée, placerait la RDC au 2è rang des plus grands détenteurs de pétrole de l’Afrique subsaharienne, derrière le Nigéria, et surpasserait de loin les 9 milliards de barils de pétrole de réserves de l’Angola, selon des spécialistes ».
Opacité et corruption
Seulement voilà : dans l’industrie pétrolière, la transparence dans les contrats est une donnée capitale pour attirer les investissements et les partenariats dans le pays. Aucune entreprise sérieuse ne voudra investir dans un pays où un contrat peut être signé puis annulé quelques mois plus tard sans explication ou justification. Où des contrats sont signés avec des sociétés sans expertise avérée, etc. Pourtant, la production de pétrole et de gaz peut apporter d’énormes revenus à l’État.
D’aucuns pensent que le gouvernement que dirige Sylvestre Ilunga Ilunkamba a maintenant la responsabilité historique de changer la donne dans l’industrie pétrolière nationale et promouvoir ainsi les investissements. Pour cela, il va falloir améliorer davantage le climat des affaires pour rassurer les investisseurs internationaux sur le respect de leurs contrats, la simplification des investissements et la transparence des transactions.
« Il n’y a guère de limite à la rapidité avec laquelle l’industrie du pays pourrait se développer et aux avantages que la population pourrait en tirer, si ce n’est que le manque de volonté politique réelle », souligne un expert du secteur. Qui ajoute que la RDC a la possibilité de solliciter l’aide et le soutien des institutions internationales et des partenaires pour développer son industrie pétrolière. Elle peut également rechercher une plus grande proximité avec les États-Unis, où résident la plupart des grandes entreprises dotées des capacités, de la technologie et des capitaux nécessaires pour développer le secteur.
Tout comme il n’y a pas de honte à s’inspirer de ce que font les voisins régionaux (République du Congo, Gabon, Angola, voire Nigéria) pour développer leur industrie pétrolière. Au congrès de l’Organisation des pays africains producteurs de pétrole (APPO) qui s’est tenu à Malabo en Guinée équatoriale, la RDC a annoncé officiellement qu’elle soumettrait 38 blocs (situés dans trois bassins différents) en négociation et appel d’offre.
Des observateurs sont d’avis que c’est une étape importante pour attirer les investisseurs sur le pays. Et que le changement de régime, l’adhésion du pays à l’ITIE et le nouveau cycle d’octroi de licences aideront à attirer des investissements. Mais il faudra faire plus pour rassurer les investisseurs sur le fait que leur entrée sur ce marché sera un pari rentable et sûr, et que leurs intérêts et leurs droits seront protégés par la loi, nuancent-ils.