La SNEL réfléchit à des solutions alternatives pour pallier la crise

Les dirigeants de la Société nationale d’électricité sont mis devant leurs responsabilités. Au lieu de se plaindre, vaut mieux agir. C’est ce qu’a compris le président du conseil d’administration. 

 

Le 13 mars, le président du conseil d’administration de la Société nationale d’électricité (SNEL), Makombo Monga, a été reçu par le 1ER Ministre, Samy Badibanga Ntita. Il lui annoncé que la SNEL envisage de se lancer dans l’énergie thermique comme alternative aux pannes récurrentes à Inga, qui alimente Kinshasa en énergie électrique. Le 8 mars, le directeur général de la SNEL, Eric Mbala, indiquait qu’une panne au barrage d’Inga a occasionné des coupures d’électricité  intempestives à Kinshasa mais la situation est sous contrôle. Ce qui est vrai, la capacité d’Inga s’est considérablement réduite du fait de l’étiage. Makombo Monga qui a été conduit auprès du 1ER Ministre par le ministre de l’Énergie et des Ressources hydrauliques, Anatole Matusila. Son collègue des Finances, Henri Yav Mulang, ainsi qu’un expert de Mettelsat étaient conviés à cette séance de travail. « Le niveau d’eau sur le fleuve Congo a baissé en-dessous du minima observé. Alors, c’est un risque qui pourrait compromettre la production de nos machines à Inga », a confié à la presse, Anatole Matusila. « Les turbines ne peuvent pas tourner à leur meilleur rendement. Et si le niveau d’eau baisse en-dessous d’un certain minimum, on peut même arrêter complètement les machines », a-t-il ajouté. La consommation en eau des groupes est de 138 m3/s par groupe d’Inga I (58,5 MW) et de 328 m3/s,  (178 MW) par groupe d’Inga II, V, I. Inga I aligne six groupes et Inga II, huit en tout. Selon les dires des dirigeants de la SNEL, l’on est à près de la moitié du ratio exigé. Mieux vaut prévenir que guérir. Aux grands maux, des grands remèdes, d’ici le mois de mai, la SNEL passerait en mode thermique.

Exonération

« Dans les 45 jours ou deux mois qui suivent, la SNEL apportera toutes les machines pour les installer et apporter totalement la solution à ce problème de déficit énergétique », a déclaré Makombo Monga. « Pour l’électricité produite avec la centrale thermique, soit accessible à tout le monde, le prix doit être le plus bas possible. Il faut obtenir l’exonération du carburant. L’énergie est un problème vital. C’est pour cela que le ministre des Finances était associé à la réunion. Il nous a donné des réponses appropriées. Je pense que dans les jours à venir, la SNEL va présenter tous les dossiers complets et seront appuyés par l’exonération du ministre du Budget », a renchéri le ministre de l’Énergie et des Ressources hydrauliques. Il y a deux ans, la SNEL avait déjà évoqué la diminution du niveau d’eau du fleuve Congo et de ses affluents pour justifier la desserte plutôt aléatoire du courant dans les grandes agglomérations dont Kinshasa. Elle avait entrepris, selon Eric Mbala  des actions pour le fonctionnement de son réseau ouest.

Il s’agit notamment du désensablement du canal d’amenée, du dragage forcé (dynamique) à travers les turbines, du dragage à l’aide de trois dragues disponibles sur site. À moyen et long termes, il sera notamment mené des études hydrauliques sur base d’un modèle réduit en cours dans le cadre du programme PMEDE, afin de mettre en place la meilleure méthode de désensablement et le programme exact de sa réalisation, ainsi que la construction du 2è canal d’amenée dont la fin des travaux est prévue en mars 2018, avait précisé Eric Mbala. Une année avant échéance, la SNEL change de fusil d’épaule : l’énergie thermique, illico presto. Dans l’entre-temps, la SNEL a lancé un appel d’offre dans lequel elle cherche une entreprise pour les services de maintenance subaquatique des installations de production des centrales d’Inga. Voilà qui confirme l’étude du professeur Bosibono, environnementaliste  patenté. Depuis plus de 20 ans, la SNEL n’avait jamais procédé au désensablement de ses installations immergées à Inga. Les experts de Manitoba venus à sa rescousse n’ont guère apporté l’expertise escomptée. Après que le système des compteurs prépayés ait montré toutes ses limites, Eric Mbala a, en vain, sollicité du gouvernement de faire arrêter le fonctionnement de l’administration publique chaque jour dès 16 heures. Particulièrement dans la capitale Kinshasa. Ministères, entreprises et autres services, même les régies financières afin que la Société nationale d’électricité desserve les quartiers résidentiels en courant dans la soirée.

Nombre d’experts estiment que la SNEL a étalé sur la place publique ses limites. Il est temps que l’État ouvre réellement le secteur d’électricité à la libéralisation comme il est stipulé dans le nouveau code l’électricité. «Tout porte à croire que le recours à l’énergie thermique répond plutôt à des besoins financiers des groupes d’intérêts occultes… », confie cet expert. « La SNEL a déjà tout boutiqué et n’attend que l’aval du gouvernement pour passer à l’acte. Pourquoi n’arrête-t-on pas alors le projet Inga III? », fonce-t-il. À ce jour, la SNEL exploite tout de même 36 centrales thermiques. Dix autres centrales thermiques appartiennent aux privés.

L’offre d’électricité est couverte à environ 2,3 % par les importations (notamment de la Zambie) et 97,7 % par la production locale à partir de 108 centrales (dont 62 centrales hydroélectriques et 46 centrales thermiques (SNEL et privées) pour une puissance totale installée de 2 589,82 MW, avec cependant un taux d’exploitation (ou de production) très faible évalué à 50 % seulement des capacités installées (produisant 10 359,3 GWh). La SNEL avec ses 50 centrales (14 hydroélectriques et 36 thermiques) représente 94,25 % de la puissance totale installée (2 441,02 MW), contre 5,75 % pour l’ensemble des auto-producteurs (134,5 MW).