La surliquidité des banques commerciales congolaises vue par la Banque centrale

D’abord cette question : les banques commerciales en RD Congo sont-elles oui ou non en situation de surliquidité ? La notion de « surliquidité bancaire » supposant l’augmentation à taux croissant, pour un niveau donné de crédit, de l’excès de liquidité bancaire de l’ensemble des banques. Ce concept s’applique donc au système bancaire. En effet, il ne suffit pas d’observer l’existence de l’excès de surliquidité dans une banque pour conclure à la surliquidité du système en soi.

Dans son Rapport sur la politique monétaire au premier semestre 2013, publié récemment, la Banque centrale du Congo (BCC) revient sur cette matière, affirmant que la notion de surliquidité bancaire peut être appréhendée sous trois angles. A savoir, d’abord : la liquidité bancaire au sens microéconomique. Il s’agit ici de la trésorerie d’une banque qui traduit sa capacité de financement; c’est-à-dire sa capacité à faire face aux demandes de retraits de fonds à court terme émanant des contre parties ou pour couvrir ses opérations. Vue sous cet angle, la liquidité d’une banque est principalement liée à l’activité de transformation des ressources à court terme (des clients ou des emprunts sur les marchés) en emplois et crédit à moyen et long terme. Ce type de liquidité peut être appréciée à travers la somme de trois éléments, en l’occurrence : le solde des opérations de la clientèle; l’excédent des ressources permanentes sur les immobilisations; et le solde des divers.
Ensuite la liquidité bancaire dans l’optique réglementaire peut être appréhendée par le respect des normes édictées par le régulateur pour s’assurer que les banques sont capables de faire face à des chocs de fuite de liquidité induite par les demandes des déposants. Tenant compte du contexte congolais caractérisé par la circulation concomitante de la monnaie nationale et des devises étrangères, l’Institut d’Emission a imposé aux banques congolaises trois types de ratio de liquidité défini comme le rapport entre les disponibilités et les ressources à un mois maximum, à savoir : en monnaie nationale, en monnaies étrangères et un ratio de liquidité globale.

Enfin, vue sous l’angle macroéconomique, la surliquidité bancaire peut être appréhendée par la somme des avoirs des banques auprès de la Banque centrale. Partant de cette définition, on parlera de surliquidité du système bancaire lorsque le niveau de crédit bancaire à l’économie, pour un niveau de transformation, n’augmente pas dans la même proportion près au niveau des dépôts.

Elle se traduirait dans ce cas par un gonflement des avoirs des banques auprès de la Banque centrale au delà du niveau requis.
Entre 2010 et juin 2013, l’évolution des paramètres clés des banques congolaises s’est caractérisée par la hausse concomitante et non proportionnelle des dépôts et crédits bancaires libellés en monnaie nationale, révèle l’intéressante publication de la BCC.

En effet, indique le document, de 163,2 milliards de CDF (Franc congolais), les dépôts de la clientèle en monnaie nationale ont progressé significativement de 111,0% à fin juin 2013. De même, les crédits bancaires libellés en monnaie nationale ont également enregistré une hausse de 81,0%, venant de 34,3 milliards en 2010.

Cependant, en dépit de ces évolutions appréciables, le niveau de transformation de ces dépôts est demeuré faible à hauteur de 25,0% en moyenne mensuelle. Dans le même temps, il a été observé une évolution sensible des dépôts des banques auprès de la Banque Centrale qui sont passés, au cours de la même période, de 126,4 milliards de Francs Congolais en 2010 à 230,9 milliards à fin juin 2013, induisant ainsi un écart de plus en plus grand entre ces dépôts en compte courant et les réserves obligatoires qui se sont situés à 45,0 milliards à fin juin 2013.
Fort de ce qui précède – dans un contexte caractérisé par l’absence des recours aux guichets de refinancement de l’Institut d’Emission – on peut aisément conclure à la surliquidité du système bancaire congolais en monnaie nationale, tranche le Rapport.