Les raisons du sous-financement de l’économie congolaise

C’est un secret de polichinelle : l’économie congolaise demeure sous financée, malgré la consolidation dans la durée de la stabilité macroéconomique. Ce paradoxe mérite d’être éclairci. On peut lire dans le Rapport de la Banque Centrale du Congo sur la politique monétaire au premier semestre 2013, plusieurs raisons évoquées pour expliquer ce phénomène. Entre autres: la modicité du taux d’épargne des ménages, les incertitudes liées au cadre juridique, la forte dominance de dépôts à vue toutes monnaies comprises dans le total de dépôts bancaires (76,0% minimum), le niveau très élevé du risque de transformation du crédit et la répression financière en matière de crédit libellé en FC.

Selon l’Institut d’émission, en plus d’être à la base de ce sous-financement de l’économie nationale, certains de ces facteurs s’érigeraient en obstacle à la politique monétaire. Ce qui réduirait la portée de certaines mesures prises par l’autorité monétaire pour casser notamment le spectre de la modicité du financement bancaire de l’économie nationale. Parmi ces facteurs, la dollarisation de l’économie occupe une place de choix, souligne la BCC. Fort de ce diagnostic, celle-çi envisage  de réformer son arsenal opérationnel en adoptant une politique dite « discriminatoire » en matière de coefficient de la réserve obligatoire.

Buts de la réforme

D’après la BCC, cette réforme consacrera la constitution de la réserve obligatoire dans la monnaie de dépôt ; l’application d’un taux de réserve différent selon la monnaie, avec un niveau plus bas pour le dépôt en monnaie nationale. En agissant de la sorte, l’action de la BCC permettrait de libérer une partie des ressources des banques commerciales en monnaie nationale pouvant ainsi faciliter ces dernières à la consacrer au financement de l’économie.

A travers cette innovation, la BCC  veut atteindre 4 objectifs principaux. Primo : casser le spectre de la dollarisation de l’économie nationale ; secundo accroitre le niveau du multiplicateur du crédit en monnaie nationale ; tertio encourager les dépôts toujours en monnaie nationale et quarto enfin, assainir davantage les canaux du taux d’intérêt et du crédit de la politique monétaire.

D’aucuns se demanderaient pourquoi le choix du coefficient de la réserve obligatoire ? A la BCC, l’on soutient que ce choix est lié à certains avantages spéciaux qu’il est susceptible d’offrir à la politique monétaire. En effet, à lui seul, cet instrument peut aider à prévenir l’inflation d’origine monétaire. Il peut aussi contribuer à la modulation du coût et du volume du crédit bancaire. De même, il peut influencer le niveau de rendement des dépôts auprès des banques et, partant, améliorer le niveau du multiplicateur de dépôt. Cet instrument peut également permettre de restaurer, maintenir ou améliorer le niveau du multiplicateur du crédit et, enfin, il peut servir de viatique d’amortissement de la dollarisation. Ce qui est une innovation dans le contexte de la RD Congo, assure la BCC.