« On ne peut pas le dire de façon définitive mais ce sera très lourd. Plusieurs centaines de millions d’euros », reconnaît-il. En outre, « cette affaire peut aussi nous coûter l’agrément à l’exportation sur une période qu’on ne peut pas estimer », a ajouté le président du groupe, précisant: « c’est la plus grande crise que j’ai eue à affronter dans ma vie de manager ». Lactalis avait dû stopper le 8 décembre sa production de laits infantiles sortis de l’usine de Craon en Mayenne, après avoir découvert des salmonelles dans des laits de marque Picot et Milumel.
Après plusieurs semaines de crise, le groupe a procédé à la mi-janvier au retrait total de tous les laits infantiles sortis de l’usine de Craon – pas moins de 12 millions de boîtes -, pour cause de risque de contamination. La tour de séchage numéro 1 de l’usine de Craon va être fermée définitivement, annonce Besnier. « La fermeture va nous permettre de repartir sur des bases saines avec la deuxième tour toute récente », ajoute-t-il, tout en s’engageant à offrir un programme de mobilité aux salariés concernés par cette fermeture. « Ce plan a été présenté mercredi 31 janvier au soir aux représentants du personnel, en leur assurant de notre volonté qu’il n’y ait aucune suppression de poste », dit-il. Quant aux marques Picot et Milumel, aujourd’hui retirées des rayons, elles seront relancées, précise le PDG. « Cela prendra du temps mais nous ne pensons pas qu’elles soient irrémédiablement affectées », ajoute-t-il, précisant que « le marché du lait infantile est en croissance à l’international ».
Entreprise familiale devenue géant mondial
Né d’une petite entreprise familiale, Lactalis est devenu un géant mondial avec 246 sites de production dans 47 pays et 75 000 collaborateurs. Lactalis « ne peut exclure » que des bébés aient consommé du lait contaminé entre 2005 et 2017, puisque la salmonelle Agona « responsable des problèmes » est « la même que celle de 2005 », a également déclaré le PDG de Lactalis. « Nous avons libéré des salmonelles Agona en réalisant des travaux sur les sols et les cloisons de la tour de séchage numéro 1 », indique Besnier dans sa deuxième interview à la presse écrite depuis le début de l’affaire du lait infantile contaminé aux salmonelles début décembre 2016. « La bactérie responsable des problèmes est la même que celle de 2005, époque à laquelle nous n’étions pas propriétaire du site. Elle était confinée dans les infrastructures de la tour numéro 1 », précise le PDG. Pour cette raison, et parce que des salmonelles ont bien été trouvées « dans l’environnement » de l’usine entre 2005 et 2017, « on ne peut donc pas exclure que des bébés aient consommé du lait contaminé sur cette période », admet-il. « Nous faisons réaliser des analyses systématiques par un laboratoire extérieur de référence. Il ne nous a communiqué aucune alerte sur les produits. En revanche, nous avons eu deux alertes à la salmonelle en août, puis en novembre, dans l’environnement. Quand cela arrive, on nettoie jusqu’à ce que tout soit conforme. Et on reprend l’activité », explique le responsable.
Besnier souligne que durant la période 2005-2017 les analyses sur les produits finis ont toujours été « conformes aux exigences sanitaires » et s’en prend au « laboratoire extérieur de référence » qui en était chargé. « Nous nous posons beaucoup de questions sur la sensibilité des analyses faites par ce laboratoire. Nous avons beaucoup de mal à comprendre comment 16 000 analyses réalisées en 2017 ont pu ne rien révéler. Nous avons des doutes sur la fiabilité des tests. Ce n’est pas possible qu’il y ait eu zéro positif », dit le PDG du groupe laitier.