Le Conseil économique et social passe au peigne fin la situation au pays

Samedi 1er décembre, le président du CES a procédé à la clôture de la session d’octobre en présence des membres des corps constitués et des invités divers et variés. Jugez-en plutôt.

DANS son discours pour la circonstance, Jean-Pierre Kiwakana, le président du Conseil économique et social (CES), a indiqué que la 2è session ordinaire (octobre) 2018 du CES intervient à un moment dominé par l’effervescence de la campagne électorale. Au terme de cet « exercice citoyen », a-t-il dit, le vœu le plus ardent est de « voir le pays être doté des responsables qui sauront rétablir les équilibres et impulser notre économie dont les retombées doivent profiter d’abord au social et au bien-être des citoyens congolais ».  

La session d’octobre a permis aux commissions permanentes de travailler sur la majorité des thèmes retenus dans son agenda. Les travaux ont consisté à « concrétiser les objectifs déclarés en octobre dernier et ce, en vue d’apporter la lumière sur certains enjeux et obstacles sur le chemin de notre quête commune du développement humain et de l’émergence de notre pays », a déclaré Jean-Pierre KIwakana.  

Pour rappel, sept thématiques ont été retenus, à savoir « La réforme de la fiscalité en RDC », « L’analyse de la conjoncture économique et sociale », « La gestion des déchets en milieux urbains », « La problématique des transfèrements des eaux du bassin hydrographique du Congo », « La formation et l’employabilité des jeunes », « L’émergence de la classe moyenne congolaise », et « L’épineuse question de la lutte contre la corruption en RDC ». 

Toutes les thématiques retenues n’ont pas abouti à l’élaboration et la publication des avis, comme attendu. « Il y a lieu de constater que la plupart d’entre elles ont fait l’objet d’analyses très approfondies au sein des commissions permanentes qui auront, pendant l’intersession, la tâche de matérialiser ces analyses en avis afin qu’ils soient soumis à la sanction lors des plénières de la prochaine session », a promis le président du CES. La réflexion a été centrée sur les questions touchant à la conjoncture économique et sociale, à l’agriculture, à l’émergence de la classe moyenne, à l’environnement, à la corruption et encore et toujours à l’éducation. 

Économie, priorité ! 

Les participants ont procédé à une analyse de la conjoncture économique et sociale de la République démocratique du Congo en 2017. Une analyse « susceptible d’éclairer sur l’évolution des questions économiques et sociales du pays ». « Au regard des tendances qui s’en dégagent, qu’il s’agisse des agrégats économiques ou des indicateurs sociaux, la situation est en pleine évolution », a dit Jean-Pierre Kiwakana. « Il est donc plus qu’impérieux que les questions économiques soient une priorité dans l’agenda national  afin de consolider une économie à même de faire face aux besoins des populations et de promouvoir l’émergence souhaitée », a-t-il ajouté. 

Sur l’éducation, un facteur majeur pour le développement du pays, il a été relevé l’inadéquation de la formation/emploi, due aux contraintes structurelles et conjoncturelles parmi lesquelles la mauvaise gestion des ressources humaines, le sous-développement de la recherche, l’état des infrastructures et d’équipements et la faiblesse du financement de l’État, selon l’avis sur la formation technique et professionnelle : stratégie d’amélioration de l’employabilité et de résorption du chômage des jeunes. 

 En outre, il serait utile d’accentuer la lutte contre les maux qui gangrènent notre système éducatif,  notamment la corruption, la faible qualification du personnel enseignant, la pérennisation de la prise en charge de l’enseignant par les parents… « Cette thématique reste dynamique et un avis complémentaire est en cours de réalisation. » 

Financer l’agriculture  

L’agriculture a souvent été déclarée « Priorité des priorités » à juste titre mais faut-il encore que ce vœu devienne réalité, a insisté Jean-Pierre Kiwakana. « Ce secteur est susceptible de garantir une contribution significative, non seulement au développement global de l’industrie nationale, mais aussi à la croissance économique inclusive du pays. »  

D’après lui, développer rationnellement ce secteur est également essentiel pour « renforcer les paramètres de souveraineté nationale » et nous éviter ainsi de continuer à dépendre des autres pour nous alimenter, pour nous soigner, pour assurer l’éducation de nos enfants, etc. Dans cette optique, le CES a analysé en profondeur le système de financement de l’agriculture, « principal obstacle dans la mise en œuvre de tous les plans et programmes initiés depuis bientôt plusieurs années ».  

Sur la santé, le constat dans ce secteur est connu. Pour le CES, il est donc nécessaire que le pays s’engage résolument dans la voie de réformes importantes en matière de politique sanitaire, y compris la réforme des facultés universitaires enseignant toutes les sciences médicales. « La médecine préventive doit être notre préoccupation première en vue d’amoindrir les dépenses onéreuses en cas de riposte aux épidémies cycliques ou dans la prise en charge des maladies en général, et celles des mains sales en particulier ».  

Rien à faire, la pratique de l’hygiène et l’assainissement de nos milieux de vie ainsi que la desserte des ménages en eau potable seront d’une contribution substantielle pour combattre ces types de maladies, estime le CES.  À ce propos, il poursuit sa réflexion sur la gestion des déchets dans la ville de Kinshasa. 

Sauver les écosystèmes de la RDC  

Les questions environnementales, toujours largement abordées par le CES, sont à la fois multiples et importantes. Ils portent sur le climat, la gestion des forêts, les tourbières, la gestion des eaux, des écosystèmes, sans oublier les opportunités financières qui sont censées en découler. Le CES est conscient du « rôle porteur de ce secteur sur l’économie nationale », et demande à garder à l’esprit que « la préservation de ce patrimoine mondial doit être une priorité dans notre agenda national pour le bien des générations futures ».  

Le CES constate malheureusement que le contexte d’aujourd’hui n’est pas propice pour en déployer des analyses pertinentes étant donné l’absence des interlocuteurs attentifs. La Conférence des Nations unies sur le climat, cet important événement annuel, a toujours été une opportunité de faire le bilan sur l’évolution malheureuse des problèmes liés aux changements climatiques et l’occasion, pour les différentes nations responsables de renouveler et de peaufiner de nouveaux engagements et stratégies sur le comportement à adopter pour l’avenir à court, moyen et long termes de notre planète.  

« C’est l’occasion pour le Conseil économique et social de réitérer sa demande aux décideurs congolais qui seront présents aux assises de Pologne à s’engager pleinement à appuyer le plaidoyer en faveur de la RDC afin que la communauté internationale reste mobilisée sur la nécessité de sauver les forêts et écosystèmes congolais, encore et toujours victime de braconnages de toutes sortes impactant gravement  aussi bien la faune que la flore », a lancé son président.  

Et de souligner : « La planète Terre est un bien commun. Il est donc utile que chaque Nation s’engage à une conscientisation autant morale qu’éthique pour que chaque peuple réalise qu’il est de notre responsabilité commune de maintenir cette Planète viable. Il n’est pas trop tard pour agir mais nous devons intégrer qu’en la matière il n’y a pas et il n’y aura pas de plan B ». Voilà qui est bien dit.