Le FONER serait-il menacé de dépôt de bilan ?

Les recettes de l’année 2017 ne devraient guère dépasser les 70 % des assignations (168 535 737 415 FC) selon les projections provisoires du ministère du Budget. Décryptage : l’établissement public va mal. 

 

Les comptes du Fonds national d’entretien routier (FONER) ont derechef plongé après des réalisations plutôt encourageantes en 2016, quand le Fonds national d’entretien routier avait réalisé 100 839 896 353 FC sur des assignations de 113 860 573 845 FC. La commission économico-financière et de contrôle budgétaire de l’Assemblée nationale a dressé un check-up peu reluisant du FONER à tel point qu’il ne pourrait guère remplir ses missions régaliennes en 2018. À moins que l’État ne s’implique dans la maximisation des recettes de cet établissement public. Qui passe pourtant dans l’opinion comme « une structure d’enrichissement facile et incapable d’assurer ses missions régaliennes ».

Le FONER ambitionne pourtant de financer la réhabilitation sinon la construction de 30 100 km de routes en 2018 en. Fin 2017, La Fédération des entreprises du Congo (FEC)/Tshopo était de nouveau montée au créneau pour fustiger l’inefficacité du FONER au regard de la défectuosité continue des routes de la province alors que les opérateurs économiques paient régulièrement le péage. Dans le Sankuru, faute de services de l’État, des privés ont entrepris de réfectionner la nationale 7 (RN 7) en terres battues avec des engins de l’Office des Routes abandonnés depuis des lustres. Une société locale les a réparés à ses propres frais. Et pourtant ce ne sont pas des moyens financiers qui font défaut au FONER pour faire intervenir ses agences d’exécution dont l’Office des Routes (OR) et l’Office des voiries et drainages (OVD) sur terrain.

Redevance carburant  

La redevance sur les produits pétroliers terrestres rapporte, on le sait, plus de 95 % des ressources financières au FONER. Mais voilà que l’État a unilatéralement allongé le délai de paiement de 8 à 180 jours à COBIL SA, l’une de grandes entreprises en RDC. L’on se rappelle, il y a peu, à la faveur d’une question orale avec débat lui posée par le député UDPS Serge Mayamba, le ministre des Infrastructures, des Travaux publics et de la Reconstruction (ITPR), Thomas Luhaka, avait relevé une déplorable disparité entre les statistiques de la SOCIR et celles de la DGDA (ex-OFIDA) chargée de collecter les ressources pour le compte du FONER au point d’entrée des produits pétroliers, notamment à Kinlau à Muanda, dans la province du Kongo-Central. Par ailleurs, la créance du FONER sur l’État avoisine les 30 millions de dollars. Le gouvernement n’a même pas prévu l’amorce d’un paiement même à long terme dans son Cadre budgétaire à moyen terme 2018-2020. Bien au contraire, l’établissement public ne bénéficie même pas du soutien du gouvernement pour recouvrer l’argent que ses redevables versent à la Caisse d’épargne du Congo (CADECO. Aux dernières estimations, la CADECO garde par devers elle quelque 4 millions de dollars du FONER.  Le directeur général du FONER, Fulgence Bamaros Lobota, n’a guère reçu l’appui de l’État pour récupérer environ 10 millions de dollars qui ont été bloqués dans deux banques en liquidation, à savoir la Banque Congolaise (BC), 6 millions de dollars, et la la BIAC, plus de 3.5 millions de dollars. En dépit de soucis pécuniaires, le Fonds national d’entretien routier a, quand même, pris le pari d’augmenter à plus de 50 millions de FC ses prévisions des recettes pour l’exercice 2018 qui sont de près de 265 milliards de FC. Créé en 2008, le FONER collecte, en effet, des fonds pour financer les travaux d’entretien des infrastructures, exécutés par les structures pérennes à savoir, l’Office des Routes, l’Office des voiries et drainage, OVD, et la Direction générale des voies de desserte agricole. Le FONER tire également ses ressources  des droits de péage, sur les charges à l’essieu ainsi que les pénalités diverses comme les allocations budgétaires, les dons et legs ainsi que les contributions des bailleurs de fonds. Mais la comptabilité pose problème. Mi-2017, une mission du Sénat sur l’état des routes en RDC avait conclu son rapport à la tenue d’un audit financier et comptable du FONER. Mais le président de la chambre des sages, Léon Kengo wa Dondo, s’y était fermement opposé au motif qu’il n’est pas que le Sénat qui doit mener des audits en RDC. Des sources bien renseignées rapportent qu’un proche du président du Sénat serait dans le staff dirigeant du FONER.