La phase finale de la Coupe du monde, qui se déroule au Brésil, démontre que les milieux du ballon rond et ceux qui y sont rattachés brassent une fortune colossale. Le pays-hôte a ainsi annoncé un budget global de plus de 9 milliards de dollars. Ce qui n’est pas du goût de tous les Brésiliens, surtout les plus pauvres. La prestigieuse compétition est au cœur d’enjeux très importants, aussi bien financiers qu’économiques, politiques et diplomatiques. « Business et Finances » va plus loin.
Même si le principe est d’abord de « participer » à cette grande fête du football, organisée tous les quatre ans et devenue la manifestation la plus prisée sur la planète, il n’en reste pas moins vrai que tout un éventail de comptes financiers ponctue à sa manière ce mois très attendu par les amoureux du ballon rond. Ainsi, bien de « grands livres » sont déjà ouverts et des comptes bancaires approvisionnés au regard des contrats conclus dans divers secteurs d’activités. Pour cette vingtième édition, la Fédération internationale de football association (FIFA) a payé des coûts opérationnels, liés à la compétition, de près de 2 milliards de dollars. La moitié de ces fonds a été investie directement dans l’économie brésilienne.
L
e montant des primes, entre autres lignes budgétaires, a connu une augmentation de 37 % atteignant les 576 millions de dollars. En plus de gigantesques et somptueux investissements du pays organisateur ainsi que les marchés acquis par le secteur privé national et international, la FIFA remercie les 32 équipes nationales, les joueurs et leurs pays, selon les mérites des uns et des autres. En ne revenant que sur les primes, le contenu budgétaire est déjà disponible et cela n’est pas étranger à certains comportements des footballeurs.
Un panier plein de primes conséquentes
Le vainqueur de la coupe cette année recevra un pactole de 35 millions de dollars. Les équipes nationales qui arriveront en deuxième, troisième et quatrième positions auront respectivement 23, 22 et 20 millions de dollars. Les quart-de-finalistes s’en tireront, chacun, avec 14 millions de dollars. Même les équipes qui seront éliminées en huitièmes de finale ne sont pas oubliées car elles se partageront 9 millions de dollars. Même celles qui ne passeront pas la première phase des groupes et devront rentrer rapidement à la maison se verront attribuer une « modeste » somme de 8 millions de dollars. Les organisateurs de la Coupe du monde n’arrêtent pas là leur « générosité ». Toutes les équipes participant à cette phase finale se répartiront 1,5 million de dollars au titre de « frais de préparation ». Par ailleurs, une somme de 70 millions de dollars est attribuée à tous les clubs ayant cédé des joueurs à cette compétition finale et que 20 autres millions sont destinés à l’appui aux projets liés au football, dans le pays hôte, c’est-à-dire le Brésil.
Ce budget, qui ne cesse de croître au fil des temps, provient de différents contrats de sponsoring, de retransmission de matches et de diverses autres transactions liées à une kyrielle d’entreprises intervenant dans plusieurs domaines. Il y a également la vente des billets. A ce niveau, la FIFA a développé des mécanismes particuliers. Concernant les prix, ils varient selon la nomenclature suivante : le minimum est de 10 euros réservé aux Brésiliens les plus défavorisés et, pour les autres supporters, dont les étrangers, la fourchette commence à 68 euros et culmine à 750 lors de la finale, qui se jouera au stade Maracana de Rio de Janeiro. La répartition de ces billets est également singulière. Si la moitié des 3,3 millions de billets est en principe destinée aux supporters, l’autre partie est accordée aux officiels, entreprises diverses et sponsors (600 000 billets), au secteur « relations publiques » (450 000 billets) ainsi qu’aux affiliés commerciaux et membres du comité organisateur (nationaux et internationaux).
Un événement mondial contesté mais assuré
A propos des supporters et autres touristes, ils sont des milliers à avoir foulé le sol brésilien ou à être partis des différents Etats du Brésil pour prendre activement part à ces joutes des temps modernes. Depuis le 12 juin jusqu’au 13 juillet, ils vont littéralement se régaler dans les douze stades choisis pour accueillir les 32 équipes nationales, dont 5 africaines (Algérie, Cameroun, Côte d’Ivoire, Ghana et Nigeria). Le premier match, marquant l’ouverture officielle de cette compétition, a opposé le Brésil, pays organisateur, à la Croatie, au stadium Arena Corinthians de São Paulo le jeudi 12 juin.
Mais cette période de festivités sportives et culturelles est aussi marquée par les manifestations des « défavorisés », des « indignés ». Depuis plusieurs mois, des associations et syndicats brésiliens ont marché dans les rues de grandes villes pour dénoncer de criants dysfonctionnements au niveau des systèmes de répartition des richesses nationales. Les écarts entre pauvres et riches ne cessent de s’approfondir et la réalité n’est pas reluisante dans des secteurs comme l’éducation et la santé. Du reste, plusieurs joueurs de l’équipe de football du Brésil ont apporté le soutien à ces mouvements sociaux. Cette fronde dénonce les risques d’augmentation de la dette extérieure, de majoration des dépenses sécuritaires, d’organisation de vastes louches opérations immobilières. Pourtant, cette tension est vite retombée dès le premier coup de sifflet et la victoire du Brésil sur la Croatie.
Concernant les retombées, pour le cas du Brésil, on parle de près de 3 milliards de dollars qui seront dépensés par plus de 600 000 étrangers et près de 3,3 millions de Brésiliens qui rempliront les différents stades. Dans ce même cadre, le gouvernement s’attend à un impact positif sur la croissance, qui sera de 0, 4 % par an jusqu’en 2019, et sur la création de près de 600 000 emplois, dont la moitié de temporaires.
D’autre part, le budget de la FIFA prévoit de couvrir les coûts d’un éventuel report ou une possible relocalisation de cette phase finale de la Coupe du monde de football. Elle a contracté, à ce propos, une assurance de 900 millions de dollars, pour la période 2014-2018. Ce montant couvre aussi une protection contre le terrorisme, les catastrophes naturelles, les épidémies, les guerres, les accidents ou les émeutes.
Des repères sur le budget de la FIFA
Les recettes d’une phase finale de la Coupe du monde couvrent plus de 90 % du budget de la FIFA. Des informations intéressantes se trouvent dans le Rapport financier 2013 présenté au congrès de la fédération au début de ce mois à Sao Paulo. Il en ressort que la FIFA « organise la coupe du monde à ses propres risques économiques et à ses propres frais, couvrant également toutes les dépenses du comité organisateur local ». Cette année, au Brésil, l’événement va faire décaisser à la FIFA près de 2 milliards de dollars. Pour les compétitions de 2018 et 2022, il est prévu une hausse de ce chiffre.
Chaque jour, la FIFA « investit, dans le développement du football mondial environ 550 000 dollars ». Cette cagnotte sera portée à 615 000 dollars après la finale de 2014. D’autre part, , près de 460 000 dollars supplémentaires sont quotidiennement décaissés pour la tenue d’autres compétitions : coupes du monde des moins des 17 ans et des moins des 20 ans féminines et masculines, coupe du monde féminine, coupes des confédérations, coupes du monde de Futsal/Blue Stars, Fifa Interactive World Cup.
Près de 4,5 milliards de dollars seront encaissés au cours de cette compétition au Brésil. Ces sommes proviendront essentiellement de la vente des droits de marketing et des retransmissions télévisées.