Le forum de Berlin sur fond de questions de l’heure

La 4è édition de la Conférence mondiale sur le cacao se tient du 22 au 25 avril en Allemagne autour du thème : « Une nouvelle vision pour le secteur du cacao ». Les participants vont se pencher sur les perspectives de l’équilibre global entre l’offre et la demande.

 

La présente session de la Conférence mondiale sur le cacao a été lancée, le 9 mars, à Abidjan, siège de l’Organisation internationale du cacao (ICCO). Après les rencontres d’Abidjan (2012), d’Amsterdam (2014) et Bavaro (2016), c’est maintenant le tour de Berlin d’accueillir cette conférence. Selon le directeur exécutif de l’ICCO, Dr Jean-Marc Anga, les participants vont examiner « l’impact des prix bas sur la viabilité de la production de cacao et les perspectives concernant l’équilibre global entre l’offre et la demande ».

Pour les Allemands, hôtes de la 4è édition de la conférence, il est question de « relever les défis » auxquels sont confrontés les producteurs de cacao dans le monde. En effet, même le cacao certifié à 100 % ne peut résoudre les problèmes de la cacao-culture. La Côte d’Ivoire qui est le premier producteur de cacao, attend « beaucoup » de cette conférence pour régler la « problématique de la chute du prix du cacao ». Pour rappel, la Conférence mondiale sur le cacao est l’unique forum cacaoyer mondial. À Berlin, il va être question d’adopter une « nouvelle approche ». Les discussions portent sur plusieurs thèmes, notamment le renforcement des communautés productrices de cacao, les perspectives du commerce du cacao… Il est aussi prévu un forum sur le thème : les femmes et le cacao, afin de leur permettre de contribuer à l’avenir du cacao.

Plus de 1 500 participants de la chaîne de valeur du cacao en provenance de plus de 65 pays, de 600 organisations vont donc échanger sur les questions touchant la production, le commerce et la transformation du cacao ainsi que la fabrication et la consommation du chocolat. Le fait que la conférence se tienne en Allemagne est tout un symbole. En effet, l’Allemagne est le plus grand marché du chocolat en Europe et sa consommation par habitant se situe juste après celle de la Suisse. En plus, ce pays est un important transformateur de cacao. Aujourd’hui, les pays producteurs de cacao ont plus besoin de solidarité de tous les acteurs de la filière à cause de la chute des cours du cacao sur leurs économies

La lutte contre la déforestation

À l’occasion d’une rencontre organisée par World Cocoa Foundation (WCF), IDH-the Sustainable Trade Initiative et The Prince’s International Sustainability Unit (ISU), douze des géants de l’industrie du cacao et du chocolat se sont engagés à travailler ensemble, en partenariat avec d’autres organisations, afin de mettre fin à la déforestation et à la dégradation des forêts dans la chaîne d’approvisionnement mondiale du cacao, en commençant par la Côte d’Ivoire et le Ghana, les deux principaux producteurs. D’après le président d’Hershey, Michele Buck, le cacao est extrêmement sensible au changement climatique et une hausse des températures ainsi qu’une baisse du niveau de pluie risque d’en compromettre la production. 

Barry Callebaut, Blommer Chocolate Company, Cargill, Cémoi, Ecom, Ferrero, The Hershey Company, Mars Incorporated, Mondelez International, Nestlé, Touton et Olam ont ainsi développé un cadre d’action privé-public qu’ils ont présenté à la COP23 à Bonn en novembre 2017. Sont prévus des investissements sur la gestion durable de l’environnement et sur l’amélioration de la productivité dans les petites exploitations ainsi que des efforts pour protéger et réhabiliter les forêts touchées par la culture du cacao.

Du côté des fournisseurs, le p-dg de Barry Callebaut, Antoine de Saint-Affrique, explique son engagement : « Le changement climatique impacte la culture de cacao en ce moment même. Faisant partie de la filière du cacao, nous avons un rôle clé à jouer dans la réduction d’une des plus grandes sources d’émission de carbone : la déforestation. » Pour sa part, le directeur général d’Olam Cocoa, Gerard Manley, déclare : « Au cours des 30 dernières années, la grande majorité du cacao a été cultivée par les agriculteurs sur des terres où la forêt a été détruite pour planter des cacaoyers. Bien que des entreprises telle qu’Olam aient fait des progrès considérables pour aider les agriculteurs à améliorer les rendements et les moyens de subsistance sur les terres existantes, nous n’avons aucun pouvoir d’exécution contre la conquête des forêts. En exploitant l’union des forces des gouvernements, des entreprises et des ONG, nous pouvons contribuer à protéger et restaurer le paysage forestier, ce qui aidera à protéger l’avenir du cacao. »

Quant à lui, le président de Cargill Cocoa & Chocolate, Harold Poelma, ajoute que son groupe « s’engage à mettre un terme à la déforestation dans l’ensemble de ses chaînes d’approvisionnement ». En collaboration avec le World Resources Institute, ils ont conduit une évaluation des risques de base, analysé plus de 2,3 millions d’ha grâce à la technologie GPS pour adapter leur approche environnementale durable et limiter la déforestation. Début septembre 2014, Ferrero a signé la Déclaration de New York sur les forêts lors du Sommet sur le climat. Aujourd’hui, grâce à cette déclaration d’intention collective pour mettre fin à la déforestation et à la dégradation forestière dans la chaîne d’approvisionnement du cacao, c’est une nouvelle étape importante à l’engagement qui commence pour mettre fin à la déforestation dans les chaînes d’approvisionnements, laisse entendre Aldo Uva (Chief officer operating supply and strategic business platforms) de Ferrero.

Chez Mars Chocolat, on considère la déforestation continue comme une « menace ». L’industrie, les ONG ainsi que les gouvernements ont un rôle à jouer.  « Nous nous félicitons de cette initiative en tant que moyen de rassembler l’industrie, les gouvernements et d’autres parties prenantes pour aborder les défis de la dégradation des forêts et de la déforestation dans les communautés de culture du cacao », commente la responsable de la confiserie au niveau mondial chez Nestlé, Sandra Martinez.