DEPUIS le 1er janvier, le déclin du marché français atteint désormais 26,92 %. À tel point qu’il semble parti pour retomber en 2020 à son plus bas niveau depuis 1975, soit 45 ans, a déclaré la semaine dernière un porte-parole du Comité des constructeurs français d’automobiles (CCFA). Il devrait tomber plus bas encore que lors de la crise précédente de 2008-2009.
Le CCFA estime malgré tout que le pire a été évité et anticipe désormais que la baisse cumulée du marché en 2020 devrait se situer dans le haut de sa fourchette de prévision de -25 % à -30 %, c’est-à-dire plutôt vers -26 %. Du côté des constructeurs, le groupe PSA a vu ses ventes reculer de 23,36 % par rapport à la même période en 2019 avec un repli limité à 19,67 % pour la seule marque Peugeot. Chez Renault, les immatriculations ont chuté de 34,16 % en novembre, avec une baisse marquée de 34,76 % pour la marque au losange.
Chez les groupes étrangers, Toyota (-11,95 %) et Daimler (-17,18 %) ont surperformé alors que Volkswagen (-24,72 %), Fiat Chrysler (-34,07 %) et Ford (-41,75 %) ont davantage souffert.
En France, le soutien de l’État pour les projets dans l’automobile s’élève à 139 millions d’euros. Le gouvernement français a retenu 287 projets dans le cadre des fonds de soutien aux secteurs automobiles et aéronautique, représentant un investissement productif total de 605 millions d’euros. La réindustrialisation est aussi un « enjeu politique, voire démocratique », puisqu’on s’aperçoit que la carte de la désindustrialisation, ce million d’emplois perdus entre 2000 et 2016 correspond peu ou prou à la montée de l’abstentionnisme et des extrêmes dans les territoires.
L’absence de suppressions d’emplois ne fait pas partie des obligations que doivent respecter les entreprises lauréates, qui devront en revanche rembourser l’argent de l’État si l’investissement n’est pas mené à bien. Quelque 800 millions d’euros d’argent public auront été dépensés en 2020 pour accélérer la décarbonation, moderniser, innover ou localiser en France des productions. « Beaucoup de nos relocalisations sont en réalité des extensions de production : ce n’est pas l’usine que vous démontez en Chine et que vous remontez en France. »
Le Maroc se positionne
L’automobile se confirme comme un acteur majeur de l’économie marocaine. L’automobile a décidément le vent en poupe au Maroc. Coup sur coup deux annonces viennent confirmer le rôle majeur du pays dans ce secteur d’activité. D’une part, la création d’un centre d’essais automobiles dans le centre du pays, et, d’autre part, l’extension à Kenitra du complexe PSA sur 96 hectares supplémentaires.
Le centre d’essais automobiles qui verra le jour en 2021 à Oued Zem (150 km au sud-est de Casablanca), est tout simplement le premier implanté sur le continent africain. Un centre d’essai est un outil indispensable à la conception de nouveaux véhicules, mais aussi à l’adaptation de véhicules à des contraintes régionales.
Le projet est notamment porté par le groupe français UTAC, spécialisé dans la validation de la conformité des véhicules aux normes, et l’Allemand FEV. Deux acteurs majeurs du secteur automobile qui ne font pas mystère quant à leur choix.
La politique menée par le Maroc pour faire du pays un acteur majeur de l’industrie automobile a attiré plusieurs constructeurs (Renault, PSA) et leurs sous-traitants, qui sont autant de clients potentiels. « Du fait de coûts salariaux locaux favorables, UTAC CERAM sera en mesure de bénéficier d’une meilleure compétitivité sur certains types de prestations. »
La seconde information confirme que le développement de la filière automobile au Maroc se poursuit. En effet, 96 hectares supplémentaires vont être aménagés à Kenitra pour accueillir de nouveaux sous-traitants du constructeur PSA. Selon le terme convenu d’écosystème, à savoir toute l’activité autour d’un acteur majeur, en l’occurrence le constructeur automobile français, la zone compte actuellement 46 entreprises. Elle emploie plus de 5 800 salariés dont 3 500 ingénieurs dans 46 entreprises. Le complexe PSA a réalisé un chiffre d’affaires de 850 millions d’euros en 2019.
Sur le plan national, 700 000 véhicules sont sortis des usines marocaines en 2019, dépassant l’objectif prévu de 600 000 pour 2020. L’automobile est devenue le premier secteur exportateur du pays, en assurant le tiers des exportations pour une valeur de 7 milliards d’euros. La filière emploie désormais 180 000 salariés. Pour autant des menaces existent. Liée exclusivement à la France, la filière n’est pas à l’abri d’une relocalisation dans l’Hexagone de la construction de certains véhicules, dans un contexte de lutte contre la désindustrialisation.
D’autre part, la consommation intérieure ne suit pas. Seulement 110 000 véhicules ont été immatriculés au Maroc depuis le début de l’année. Une baisse de 22 % imputée à l’épidémie de coronavirus. Le pays est toujours bloqué dans une logique exportatrice qui le rend vulnérable à la concurrence internationale et de ses choix qu’il ne maîtrise pas.