Le nouveau DG prend ses marques à la DGRK

C’est une refonte générale que veut l’actuel patron du fisc de la capitale pour en faire une régie moderne. La tâche n’est pas facile, il le sait, mais la lutte contre l’incurie reste le passage obligé pour gagner ce pari.

Siège de la DGRK à Kinshasa.

De janvier à octobre 2014, les recettes de la Direction générale des recettes de Kinshasa (DGRK) étaient évaluées à 600 milliards de FC. Elles ne sont plus que d’environ 40 milliards de FC, pour la même période, au cours de l’exercice 2016. En deux ans, trois directeurs généraux ont été défenestrés par l’Assemblée provinciale de Kinshasa. À tous, les élus de Kinshasa ont reproché des malversations financières. Celui qui vient de prendre les rênes de l’administration fiscale de la ville, à peine trois mois seulement, Narcisse Lembo Nkolontang, a brossé, fin novembre 2016, devant les élus provinciaux, la situation financière de son institution. Un check-up, au propre comme au figuré, qui se résume à un mot : banqueroute.

Pour y remédier, il propose de réviser en profondeur l’édit du gouverneur André Kimbuta, pris en 2008, en vue d’adapter la DGRK au contexte économique actuel. En clair, Narcisse Lembo veut créer une nouvelle DGRK sur l’ancienne. À l’instar de la Régie des transports de Kinshasa (RETRANSKIN), qui a été dissoute et liquidée pour laisser la place à New RETRANSKIN. Ré agissant à une question orale lui posée par le député provincial de Kinshasa, Joseph Malungeni, le nouveau patron de la DGRK a laissé entendre que la survie de cette dernière passe par sa liquidation compte tenu des difficultés financières qui la plombent. Narcisse Lembo a dit avoir trouvé 4 mois d’arriérés des salaires représentant quelque 2,2 milliards de FC et plus de 1,6 milliard de FC des dettes vis-à-vis des tiers. Il a aussi révélé que l’encaisse n’était que d’un 1,5 million de FC alors que le solde en banque représentait 136 millions de FC et 11,9 mille dollars ainsi qu’un découvert de moins de 70 millions de FC et de 19 950 dollar (à ajouter) vis-à-vis des tiers.

Cessation de paiement ?

Sur les 40 milliards de FC des recettes réalisées durant les dix premiers mois de l’année 2016, 19 milliards proviennent des recettes fiscales et 21 milliards de FC des recettes non fiscales. Et contrairement aux exercices précédents, les recettes de cette année relevant de la vente des vignettes (plus de 4 milliards FC) n’ont pas été reprises dans le compte de la régie. Narcisse Lembo n’en donne malheureusement pas les raisons. D’après le nouveau DG de la DGRK, la régie financière bénéficie d’une rétrocession de 7 % en termes de recettes fiscales et d’autres taxes et de 10 % sur la taxe de consommation. La DGRK jouit également des crédits budgétaires évalués à 2 % des recettes réalisées pour ses dépenses d’investissements. Par ailleurs, l’Hôtel de Ville de Kinshasa reconnaît être en grande difficulté financière, mais non en cessation des paiements. Le gouvernement Kimbuta a pourtant une ardoise de 50 millions de dollars auprès des banques commerciales de la place. Nuance : il s’agit plutôt des facilités bancaires et non des dettes, font remarquer les membres de ce gouvernement. Et pourtant de quelque 200 comptes dont il disposerait, l’Hôtel de Ville, renseignent des experts maison, aurait résolu de ne pas déclarer plus de 80 comptes dits « comptes spéciaux », par ailleurs non accessibles aux comptables publics, pour éviter des saisies.

Des banques récupèrent en effet leurs crédits à la moindre recette versée par la mairie de la capitale, renseignent nos sources. Le personnel de l’Hôtel de Ville de Kinshasa accuse 3 à 9 mois d’arriérés des salaires. Les décharges publiques léguées par l’Union européenne ne sont plus évacuées, voilà des mois ! Faute de carburant, fait-on comprendre à la Régie d’assainissement de la capitale. Le cabinet du gouverneur Kimbuta renvoie la responsabilité au gouvernement central qui ne lui verserait pas le montant convenu et à terme échu de la rétrocession.

C’est près de 2 millions de dollars que le gouvernement est censé reverser chaque mois à l’Hôtel de Ville de Kinshasa. Les fonds arrivent souvent amputés, le gouvernement central ayant décidé d’autorité d’affecter les frais d’investissements à tel ou tel projet. « Quand je pense construire un hôpital à Kinseso, on me construit de larges boulevards en pleine ville », s’était emporté André Kimbuta. Tout un débat.