Les parlementaires réchauffent le dossier de l’indépendance de la Banque centrale

Face à la dépréciation du franc, l’Institut d’émission n’est guère en mesure de maîtriser l’inflation, en dépit d’une réactivité rapide aux chocs inflationnistes. Pour renforcer l’efficacité de la politique monétaire, il n’existe pas plusieurs solutions. Il faut lui laisser les mains libres.

Plénière à l’Assemblée nationale.

Face à la surchauffe actuelle du franc sur le marché de change, les parlementaires ont levé l’option : donner plus d’indépendance à la Banque centrale pour conduire la politique monétaire. Les difficultés de la politique monétaire de la République démocratique du Congo dans un contexte de dollarisation poussée du système bancaire et de faiblesse institutionnelle sous-entendent que la Banque centrale n’est pas indépendante. Certes, les textes prévoient cette indépendance, mais dans les faits, elle n’a pas un capital suffisant. Il faudra penser à sa recapitalisation pour qu’elle ait les moyens de son indépendance. La mise en place d’une politique monétaire efficace requiert des outils comme le certificat de dépôt, les Bons de la Banque centrale… Ces instruments de politique monétaire ont un coût que la Banque centrale ne peut supporter seule parce qu’elle est sous-capitalisée.

Dans ce cas, comment renouer avec une politique monétaire efficace ? Il faudrait d’abord augmenter le capital de la Banque centrale du Congo, puis développer petit à petit un marché de titres, qui serait l’espace où elle pourrait les utiliser afin de gérer le marché monétaire et mettre en place sa politique monétaire. D’après les experts du Fonds monétaire international (FMI) à Kinshasa, le renforcement du cadre actuel de politique monétaire demeure la meilleure voie à suivre, compte tenu du fait que le pays est vulnérable à de fréquents chocs sur les termes de l’échange.

La quadrature du cercle

Grâce à des politiques macroéconomiques prudentes et aux réformes structurelles en cours, l’économie s’est bien comportée. Le gouvernement a en particulier notablement amélioré sa gestion des finances publiques et maîtrisé la dépense publique en liant sa politique fiscale à l’objectif de l’élimination du financement (net) du déficit budgétaire par la BCC. Cette dernière a également apporté des améliorations à ses instruments monétaires, renforcé ses capacités institutionnelles et administratives et reconstitué ses réserves internationales. En dépit de ces progrès, la maîtrise de l’inflation à un niveau faible et stable continue de poser des difficultés aux autorités de RDC : jusqu’à récemment, les taux d’inflation ont été extrêmement volatiles et supérieurs à ceux de ses principaux partenaires commerciaux.

Plusieurs facteurs semblent entraver l’efficacité de la politique monétaire de la BCC : la forte dollarisation du système bancaire de la RDC et sa faiblesse institutionnelle, due en partie à sa faible indépendance et à sa mauvaise situation financière (patrimoine financier négatif). Sur la monnaie, la BCC a pour mission de « contrôler la liquidité (franc) sur le marché en vue de la stabilité des prix », fait remarquer Kayembe wa Kayembe, directeur général à la BCC. Son rôle dans l’économie consiste à vendre ou acheter des titres via des opérations d’appel d’offres et d’augmenter ou diminuer le ratio de réserves obligatoires bancaires. Le coefficient de réserves obligatoires sert également à réguler la masse monétaire en circulation. Selon Kayembe, les instruments de la BCC jouent uniquement sur la monnaie nationale (24 % de la masse monétaire en circulation). D’où la vulnérabilité du franc en cas de choc exogène.

Par ailleurs, le taux directeur (instrument de refinancement des banques) de la BCC n’influe pas sur le taux débitaire qui varie entre 13 % et 30 %, selon les banques, du fait de la dollarisation de l’économie à 86 % you could try these out. Le taux d’inclusion financière est, lui, de moins de 6 % tandis que le taux de bancarisation se situe à 15 %. L’inflation devrait rester à environ 3 % en 2016, selon les projections de la BCC.