DONALD Trump, le président des États-Unis, a décidé de ne pas renouveler les exemptions qui ont permis à huit pays de continuer à importer du brut iranien lorsque celles-ci expireront le 1er mai, a annoncé lundi 22 avril la Maison Blanche. Pour éviter une surchauffe du marché pétrolier mondial après le rétablissement des sanctions visant les secteurs pétrolier et bancaire iraniens en novembre 2018, conséquence du retrait des États-Unis de l’accord sur le nucléaire de 2015, Washington a accordé des exemptions pour six mois à la Chine, l’Inde, la Corée du Sud, la Turquie, la Grèce, l’Italie, le Japon et Taiwan. Ces exemptions ne seront pas renouvelées afin de « réduire à zéro les exportations de pétrole iranien, privant ainsi le régime de sa principale source de revenus », a indiqué la Maison Blanche dans un communiqué. Aucune période de grâce ne sera accordée aux pays qui en bénéficiaient jusqu’à présent, a ajouté un peu plus tard Mike Pompeo, le secrétaire d’État américain, en annonçant formellement la décision de Washington.
Éviter une envolée des cours
À Téhéran, des sources au ministère du Pétrole ont assuré à l’agence Tasnim que les États-Unis ne parviendraient pas à leurs fins. « Les exportations de pétrole ne pourront être réduites à zéro que si les autorités iraniennes le décident… et ce n’est pas d’actualité », a déclaré une « source informée ».
Les cours du pétrole se sont finalement inscrits en baisse le mercredi 17 avril sur le Nymex à New York, en dépit d’une contraction inattendue des stocks de brut américains. Ces derniers ont diminué de 1,4 million de barils la semaine d’avant, alors que les économistes attendaient en moyenne une hausse de 1,7 million de barils. Le contrat de mai sur le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) a perdu 29 cents, soit 0,45 %, à 63,76 dollars le baril. Le contrat de juin sur le Brent de Mer du Nord a cédé 10 cents, soit 0,14 %, à 71,62 dollars le baril. Le Brent gagnait lundi 22 avril 2,5 % à 73,75 dollars le baril après avoir auparavant atteint 74,31 dollars, un plus haut depuis le mois de novembre.
Les États-Unis assurent avoir obtenu la garantie de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis que ces deux pays compenseront la baisse des exportations iraniennes pour satisfaire la demande mondiale et éviter une envolée des cours du pétrole. « Les États-Unis, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis… avec nos amis et alliés, sont déterminés à faire en sorte que les marchés pétroliers mondiaux soient correctement approvisionnés », dit le communiqué de la Maison Blanche.
Lors de la semaine achevée le 12 avril, les réserves commerciales de brut aux États-Unis ont reculé de 1,4 million de barils après avoir augmenté de 17 millions de barils sur les trois précédentes semaines, a dévoilé l’Agence américaine d’information sur l’énergie (EIA). « Ce rapport reflète un retour à la normale sur le port de Houston », l’un des deux principaux ports d’exportation de pétrole brut du pays avec celui de Corpus Christi également au Texas, a réagi Phil Flynn de Price Futures Group. Ce port a connu des perturbations durant plusieurs semaines après un incendie fin mars dans un complexe pétrochimique, qui a engendré un blocage des exportations et, par conséquent, une accumulation des réserves, à présent en train d’être résorbée. Les courtiers s’interrogeant sur l’avenir de la participation russe à un accord pétrolier avec l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP). La Russie « envisage d’augmenter sa production à l’issue de la date limite de son accord avec l’OPEP fin juin, sans prolonger ses coupes », a expliqué Andy Lipow de Lipow Oil Associates.
Prolongation ?
Un responsable de la branche pétrolière du géant russe de l’énergie Gazprom estime que l’accord ne sera pas renouvelé au second semestre, selon l’agence Reuters. Une information qui va dans le sens d’échos dans la presse selon lesquels Vladimir Poutine, le président russe, ne souhaite pas le prolonger. Après avoir décidé de limiter leurs extractions au premier semestre, ces producteurs doivent se réunir les 25 et 26 juin pour décider si cet engagement doit être renouvelé. « Rien n’est sûr, mais clairement, la Russie traîne des pieds pour un renouvellement au-delà de la date limite de juin », a résumé Stephen Brennock, analyste de PVM.
Demande américaine.
Entre-temps, les cours du pétrole n’évoluaient guère en Asie, en dépit de la baisse des réserves américaines de brut. Les analystes observent que la flambée des prix depuis le début de l’année pourrait être terminée. Le baril de « light sweet crude » (WTI), référence américaine du brut, pour livraison en mai, gagnait quatre cents à 63,80 dollars dans les échanges électroniques en Asie. Le baril de Brent, référence européenne, pour juin, gagnait deux cents, à 71,64 dollars. Cela n’a pas pesé sur les cours qui ont légèrement baissé.
La baisse des réserves américaines, qui est généralement interprétée comme le signe d’une demande plus forte aux États-Unis, serait en temps normal de nature à doper les prix, mais les investisseurs semblent cette fois ne pas en avoir tenu compte. « Les investisseurs se concentrent davantage sur les niveaux de résistance atteints après une flambée des prix de 40 % provoquée par les réductions de production de l’OPEP+ et les sanctions américaines contre l’Iran et le Venezuela », a déclaré Edward Moya, analyste chez Oanda.
Les cours avaient fortement chuté en décembre 2018 après avoir atteint en octobre leurs plus hauts niveaux en quatre ans, ce qui avait poussé l’OPEP et certains partenaires comme la Russie, une alliance surnommée OPEP+, à décider des baisses de production pour soutenir les prix.