L’emploi de cette couche majoritaire de la population reste un véritable problème aussi bien au niveau national que régional. Malgré les efforts du gouvernement sur l’absorption du chômage, l’accès des jeunes à un emploi structuré reste marginal. Au niveau régional, la CIRGL l’a reconnu et a pris des mesures conséquentes.
Les chefs d’Etat des pays membres de la Conférence internationale pour la région des Grands Lacs (CIRGL), réunis le jeudi 24 juillet à Nairobi, au Kenya, en sommet extraordinaire sur la « lutte contre le chômage des jeunes par le développement des infrastructures et la promotion des investissements », ont lancé un vibrant appel en faveur de « l’emploi des jeunes ». Cette recommandation est justifiée en raison du nombre croissant de jeunes dans la région qui, pour la plupart, reste désœuvrés. Dans la région des Grands Lacs, la population est composée de 70 à 80% de jeunes dont l’âge est inférieur à 30 ans et qui, malheureusement, en majorité, en chômage, selon le communiqué final de ces assises.
En RDC, l’accès des jeunes à l’emploi reste marginal. Les universités déversent, chaque année, des milliers de diplômés sur le marché de l’emploi. Cette crème intellectuelle, constituée essentiellement des jeunes, peine à trouver de l’emploi dans le secteur formel. Il y a deux ans, le ministre de l’Emploi, Travail et de la Prévoyance sociale, Modeste Bahati, s’était félicité de 13. 552 emplois créés en 2012, lors de son message du 1er mai 2013. Ces chiffres sont répartis comme suit : 1. 925 dans le secteur primaire, 1.558 dans le secteur secondaire et 9. 069 dans le secteur tertiaire.
Ces efforts récemment entrepris par le gouvernement sont engloutis par l’immensité du taux de chômage chez les jeunes. Il y a trois ans, l’ancienne ministre de l’Emploi, Marie Ange Lukiana, reconnaissait que sur 12 millions de jeunes en âge de travailler, 1 million seulement peut être absorbé dans des activités génératrices de revenus. Dans l’ensemble, seuils, 2 à 4 % de la population active peut trouver un emploi dans le secteur structuré, alors que les autres se débrouillent dans des activités précaires et sans accompagnement adéquat. D’après le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), qui cite une étude sur le chômage en RDC, les jeunes de 18 à 24 ans vivant en milieu urbain sont les plus touchés par le chômage. Leur taux (32,23 %) est largement supérieur à la moyenne nationale (17,8 %).
Si rien n’est fait en faveur de l’emploi de ces jeunes, on risque d’assister à une catastrophe, car ces jeunes constituent une bombe à retardement
Communiqué final de la CIRGL
Dans une Afrique où plus de la moitié de la population est jeune, il y a bien des raisons de s’inquiéter du cumul de ce taux de chômage. « Si rien n’est fait en faveur de l’emploi de ces jeunes, on risque d’assister à une catastrophe, car ces jeunes constituent une bombe à retardement », ont convenu les chefs d’Etat de la région. Le plus grand paradoxe est que la main d’œuvre en Afrique est constituée essentiellement des jeunes dont l’âge varie entre 18 et 30 ans. C’est cette tranche d’âge qui se retrouve, en majorité, sans emploi.
Pour riposter à ce fléau, la RDC et les autres pays de la région ont résolu, entre autres, de créer un environnement favorable aux investissements et au développement socio-économique ; de faciliter le développement des infrastructures, en vue d’accélérer les opportunités d’emplois décents et la croissance inclusive. Mais les causes du chômage ne sont pas seulement à retrouver dans la carence de l’entrepreneuriat ou des investisseurs. Parmi les raisons qui font flamber le taux de chômage chez les jeunes figurent aussi la mauvaise qualité de la formation ces derniers. Peu de jeunes ont la capacité de défendre au mieux leurs titres académiques. Ce problème, devenu récurrent en RDC, ne permet pas à certains jeunes, fraichement sortis des universités, d’être capables d’accéder aux opportunités d’embauche.
La CIRGL a, dans ses recommandations, exigé la réforme du « système d’éducation ». Ces créneaux ne suffisent pas pour occuper, pleinement, la jeunesse. Les participants ont également convenu de favoriser l’entreprenariat et l’innovation; de faciliter l’accès des jeunes entrepreneurs aux financements et de garantir leur représentation dans les instances de prise de décision. Au-delà de cet aspect, il y a celui de la mobilisation des ressources supplémentaires en faveur de la résolution des défis de la jeunesse, le renforcement du suivi, l’évaluation et la coordination des politiques et programmes afin de promouvoir l’emploi des jeunes.
Sur le plan national, le pays a un autre paradoxe. C’est celui de sa richesse qui ne cadre pas avec le taux crescendo de chômage de ses jeunes. Le ministre de l’Emploi, Travail et de la Prévoyance sociale a fait remarquer, fin juin, que cette situation « interpelle plus d’une personne, dans la mesure où le pays regorge tant de potentialités, au moment où la pauvreté gagne la grande partie de la population ». Face à cette situation, il a récemment appelé les experts parmi lesquels ceux de la Banque mondiale, de l’Office national de l’emploi (ONEM), qui réfléchissaient sur les concepts et l’approche d’évaluation autour du chômage et l’emploi en RDC, à « briser ce paradoxe ».