LE FORUM sur le développement du secteur privé en RDC a réuni plus de 150 chefs d’entreprises. Des participants à cette session ont indiqué à Business et Finances que les débats ont permis de présenter la « vision stratégique » du patronat qui peut se résumer en le diversification économique et la mobilisation des ressources.
Antoine Félix Tshisekedi Tshilombo (Fatshi), le président de la RDC et Akinwumi Adesina, le président de la Banque africaine de développement (BAD), ont, lors du panel de discussions, souligné le rôle du secteur privé dans le développement. En tout cas, ils ont manifesté leur volonté et leur détermination à « travailler en partenariat » pour faire accélérer le développement de la RDC avec une plus forte implication du secteur privé considéré comme un secteur « stratégique ».
Le plaidoyer
Félix Tshisekedi s’est voulu rassurant : « La Banque africaine de développement croit en nous et s’est engagée à nous accompagner. » Depuis qu’il est à la tête du pays, Fatshi s’emploie à persuader les partenaires bilatéraux et multilatéraux que la RDC a besoin de leur accompagnement pour transformer en richesses ses potentialités. Si elles sont diversifiées, a dit le président de la République, ces potentialités contribueront notre économie pour le bonheur du peuple congolais. « Nous voyons ce que fait la Banque en la matière et croyons en l’intégration africaine », a souligné Fatshi. Et de poursuivre : « La présence en RDC et l’implication personnelle du président de la Banque sont un signal fort. La Banque africaine de développement nous offre une opportunité extraordinaire. Nous devons diversifier notre économie en impliquant davantage le secteur privé. Le Congo est déterminé à se transformer. L’homme congolais doit changer aussi. Et c’est justement pour cela que nous soutenons notre Banque pour nous aider. »
Interrogé sur les motivations du renforcement du partenariat direct avec la BAD, le chef de l’État a cité la première alternance démocratique, les fortes attentes de la population (« Le peuple d’abord »), la volonté partagée de produire plus de résultats en faveur des populations congolaises et du développement de l’Afrique et la nécessité de tirer toutes les leçons des expériences passées.
Par ailleurs, il a souligné que les priorités clés de son programme (énergie, agriculture, infrastructures, industrialisation et intégration régionale) sont en phase avec les 5 priorités de la BAD, à savoir l’électrification, l’agriculture, l’industrialisation, l’intégration régionale et le social. « Par exemple, notre première priorité c’est l’accès à l’énergie, qui va induire le développement de tous les autres secteurs. Nous avons le plus grand potentiel en Afrique mais le plus faible taux d’accès. Nous devons changer cette situation », a martelé Félix Antoine Tshisekedi.
Une équipe de 13 experts mis en place par le président de la République lui-même a mené, sous la supervision de Vital Kamerhe, son directeur de cabinet, une « réflexion stratégique » pour mettre en perspective le programme CACH, renforcer sa cohérence et décliner les réformes et actions prioritaires. Le Programme présidentiel a identifié plus de 40 réformes prioritaires qui touchent tous les secteurs de la vie nationale. « Nous avons fait le choix de l’intégration régionale comme moteur de développement économique et de la sécurisation de la RDC. La conséquence immédiate de ce choix est la mise en œuvre des réformes douanières conformes aux politiques douanières des organisations régionales auxquelles nous appartenons (SADC, CEAC) et intégrerons (CAE) », a expliqué Fatshi.
Qui a également mentionné la réforme des entreprises publiques en cours, et celles qui touchent notamment quatre secteurs clés de l’économie : l’énergie, l’eau, le chemin de fer, et les ports. Tout comme le système fiscal qu’il faut simplifier, l’amélioration du climat des affaires et la lutte contre la corruption.
« Cet axe des réformes transformeront la RDC en l’usine d’Afrique. Nous redéfinirons notre politique énergétique, notre régime fiscal en vue d’encourager le retour à l’économie formelle et enfin le développement des infrastructures routières, ferroviaires et portuaires », a-t-il dit. Un autre axe, c’est la réforme de la justice en vue de garantir la sécurité juridique et judiciaire à tous les partenaires. « Sans nul doute, la mise en œuvre de toutes ces réformes rendront attractif mon pays la RDC », foi de Fatshi.
Très touché par les propos (mais aussi pour l’invitation) du président congolais, Akinwumi Adesina s’est félicité « du mariage de développement » avec la RDC, qui remonte en fait à 1973. Comme quoi, le président Tshisekedi et le gouvernement peuvent et doivent même compter sur le soutien et l’accompagnement de la BAD.
Répondant aux questions des journalistes, le président de la BAD a indiqué que l’intégration de l’Afrique est une priorité. Interrogé sur les défis liés à la mise en œuvre des projets intégrateurs entre les deux Congo (Kinshasa et Brazzaville), il a dit : « L’Afrique ne peut pas se focaliser sur les défis », soulignant « qu’à l’instar du pont que la Banque a réalisé entre la Gambie et le Sénégal, nous allons relier les deux Congo. Il a donc réitéré son engagement et sa détermination à faire en sorte que les deux pays soient reliés par un pont, un ouvrage indispensable pour l’intégration régionale. « C’est inacceptable que ce pont ne soit pas devenu une réalité » a-t-il conclu.
Une nouvelle dynamique
Insuffler une nouvelle dynamique au partenariat bilatéral entre la RDC et la BAD et explorer des pistes susceptibles de renforcer la croissance économique du pays. Tels ont été les deux objectifs du dialogue stratégique organisé entre la Banque et les membres du gouvernement congolais (ministres des Finances, du Budget, de l’Agriculture, des PME, de l’Énergie, des Transports, des Mines, du Plan, de la Santé et du Développement rural) à Kempiski Hôtel Fleuve Congo à Kinshasa.
Au terme d’échanges de haut niveau, le gouvernement et la BAD espèrent une dynamisation de la coopération. La session s’est terminée par une série de recommandations, à savoir la nécessité d’améliorer les infrastructures, de faciliter l’écoulement des produits et les échanges ; la nécessité pour la RDC d’engager des réformes pour attirer les investissements ; la nécessité de diversifier une économie dépendant des secteurs extractifs pour la transformer en une économie tirée par l’agriculture et l’agro-industrie, source de revenus et d’emplois pour les jeunes. Mais aussi la nécessité d’optimiser la présence du secteur privé à travers leur grande implication, en vue d’accroître la prospérité.
En dépit des innombrables défis qu’il faudra surmonter, la plupart des ministres ont souligné l’impact positif des projets financés par la Banque sur la situation des populations. Ils ont, notamment, mentionné les projets d’infrastructure, de santé, d’eau et d’assainissement. Le président de la BAD a mis l’accent sur les énormes potentialités de la RDC. D’après lui, la BAD a déjà mis, depuis 1973, 6,1 milliards de dollars d’investissements en RDC dans les secteurs de l’agriculture, l’eau et l’assainissement, des infrastructures régionales, du social et de l’énergie.
On retiendra de lui ce propos d’Adesina : « Dieu aime la RDC. Et vous êtes dotés d’immenses ressources naturelles. Mais on ne mange pas le potentiel. Il faut travailler et travailler dur pour transformer ce potentiel en richesses matérielles. Il faut tout transformer pour la prospérité du peuple. »
Engagement a été pris de part et d’autre : « Nous allons accélérer le développement de la RDC grâce à l’implication du secteur privé. » Le président de la BAD est convaincu : « Je suis sûr qu’avec le leadership du président de la République et le soutien de la BAD, nous parviendrons à transformer les potentialités de la RDC. »