Le rapport du consultant Nodalis validé en vue d’une réforme

Les villes du pays, à commencer par Kinshasa la capitale, sont dans un mauvais état d’assainissement. Face à une telle situation, et grâce à l’appui de la Banque mondiale, un cabinet conseil a été recruté pour mener une étude diagnostique afin de faire des recommandations au gouvernement.

 

Des experts, réunis en atelier à l’hôtel Pullman, ex-GHK de Kinshasa, se sont penchés sur le travail réalisé par Nodalis Conseil. À l’issue de la revue de l’étude diagnostique, ils ont validé les recommandations du consultant au gouvernement. Le ministère de l’Environnement et du Développement durable est actuellement engagé dans un processus de réforme institutionnelle du secteur. L’étude diagnostique qui vient d’être validée recommande principalement la mise en place d’une stratégie nationale d’assainissement globale afin de mobiliser les ressources financières indispensables.

Selon cette étude, la situation est actuellement « alarmante » : le taux d’accès à un assainissement de base est « faible » (20 %, soit en-dessous de la moyenne) comparé à celui des autres pays d’Afrique subsaharienne ; le pays accuse un retard « important » en matière d’accès à l’eau potable ; il n’existe aucune infrastructure « fonctionnelle » en matière d’assainissement liquide, GDS, drainage et hygiène… Cette situation a de « graves » conséquences sanitaires sur la population qui souffre de nombreuses maladies hydriques, comme le choléra, la fièvre typhoïde, ainsi que de celles transmises par les moustiques, comme la malaria.

Par ailleurs, cette étude met en relief de « considérables » impacts environnementaux du fait du manque d’assainissement et leurs répercussions sur le bien-être et la santé de la population. Ce sont par exemple la contamination des ressources en eau, la pollution des sols, la dégradation de la végétation et des paysages urbains ou naturels, les érosions, ainsi que la dégradation de la qualité de vie.

Les effets sur l’économie

Du fait du manque d’un bon cadre d’assainissement, les coûts sur l’économie nationale sont importants, et, par conséquent, renforcent les inégalités sociales, estime le consultant. Qui estime l’assainissement doit être considérée comme une « cause majeure » dans le pays. Cela exige une « prise de conscience générale » ou un engagement de tous (État, entités décentralisées et déconcentrées, population) mais aussi des « mesures d’urgence » adaptées. C’est dans cette perspective que le consultant Nodalis recommande au gouvernement de préparer un projet de « loi d’orientation et de programmation », qui définirait les réformes nécessaires (institutionnelle, juridique, structurelle, financière…) à mener. Des connaisseurs font remarquer que l’inadaptation du cadre institutionnel et l’insuffisance des ressources financières allouées à l’assainissement sont les « principales causes » du faible taux d’assainissement du milieu. D’après le constat dressé par le gouvernement en 2012, la situation au niveau national est caractérisée par l’incapacité des ménages à accéder à un système d’évacuation des déchets solides et liquides, des eaux usées et des ordures ménagères; la faible accessibilité des ménages aux latrines hygiéniques ou à des installations sanitaires améliorées ; l’inexistence des décharges publiques appropriées ; le mauvais état des ouvrages de drainage des eaux usées dans les villes et dans les campagnes ; l’absence de tout système approprié d’élimination des déchets spéciaux (déchets biomédicaux, déchets plastiques, ferrailles… ; la pollution sonore et de l’air excédant les normes requises dans les grandes villes ; le faible accès de la population rurale à l’eau potable de qualité.

Ce mauvais état de l’assainissement est, suivant une étude réalisée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), à la base de plus de 80 % des cas de maladies diagnostiquées en RDC. Voilà pourquoi, le gouvernement s’est engagé en 2012 d’accroître le taux d’accessibilité des ménages aux latrines améliorées ; d’améliorer le système d’élimination des eaux usées et des déchets de grandes villes ; d’accroître le taux d’accès des populations rurales à l’eau potable de qualité… Pour atteindre cet objectif, il faut se doter d’un « plan global » d’assainissement des grandes villes du pays, en étroite collaboration avec les organisations de la société civile, les ONG et les communautés de base ;  accroître les moyens d’intervention de l’Office des voiries et drainage (OVD) en vue d’aménager des systèmes efficients de drainage et d’évacuation des eaux usées des grandes villes ; renforcer les capacités financières, opérationnelles et techniques des services de l’État en charge de l’assainissement du milieu…

Il faut également équiper et installer les « brigades communales et territoriales » d’assainissement ; installer les collecteurs primaires, secondaires et tertiaires dans les centres urbains et périurbains ; la mise en place des réseaux d’égouts, de latrines à fosse ventilée, des fosses septiques de toilettes publiques, la collecte et le traitement des déchets en milieu urbain ; l’implantation des latrines publiques de qualité, de latrines traditionnelles améliorées pour les ménages en milieu rural ; développer un programme d’éducation à l’hygiène et à l’assainissement ; ouvrir les décharges publiques gérées par les privées selon les modalités à convenir avec l’État ; aménager les sources et les forages des puits d’eau dans les villages de plus de 500 habitants ; adopter les modes de production moins polluants et plus économes en ressources énergétiques ; interdire l’utilisation des sachets non biodégradable…

Évaluation des OMD

En 2015, année de l’échéance des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD), l’évaluation au niveau national a ressorti une « amélioration » du cadre de vie des ménages en matière de desserte en électricité et d’accès à l’eau potable, à l’assainissement et au logement. Mais les progrès demeurent « insuffisants ».

Tenez : la proportion de la population utilisant une source d’eau améliorée a atteint la moitié de la population en 2014 contre une cible fixée à 71 %. L’accès à l’électricité, bien qu’encore faible (9 %), devra croître compte tenu des chantiers énergétiques en cours de construction et les perspectives de développement des énergies renouvelables pour lesquelles le pays compte plus de 780 sites.

La proportion de la population utilisant des infrastructures d’assainissement améliorées est passée à 20,5 % en 2013, alors que la cible à atteindre était fixée à 55 %. La proportion des ménages propriétaires de logement est en hausse et s’est située à 76,1 % en 2012. Toutefois, plus de la moitié de ces logements ne répondent pas encore aux normes de salubrité. Les disparités sont criantes entre milieu rural et milieu urbain.