Réduire le nombre d’accidents et de morts et de blessés sur les routes est une priorité pour le ministère des Transports et Voies de communication. En attendant la publication des statistiques officielles, des sources policières indiquent un recul des sinistres d’environ 30 % depuis 2013.
De 2007 à 2012, les routes congolaises étaient devenues dangereuses. La République démocratique du Congo s’était alors engagée dans la Décennie d’action pour la sécurité routière 2011-2020 décrétée par l’Organisation des Nations unies. À cet effet, un plan avait été proposé à tous les pays du monde pour lutter efficacement contre les accidents de la route en vue de stabiliser, puis réduire le nombre des décès imputables aux accidents de la route dans le monde à cette échéance. À la Commission nationale de prévention routière (CNPR), la période de 2007 à 2009 était considérée comme l’une des plus sombres de l’histoire de la circulation routière dans le pays : 12 500 accidents avec 1 400 morts et 4 402 blessés graves avaient été constatés. De 2010 à 2012, ce n’était pas mieux. Les campagnes de sensibilisation au civisme sur la route initiées par le ministère des Transports et Voies de communication avaient permis de baisser sensiblement le nombre des accidents. Selon les données statistiques publiées par la police spéciale de circulation routière, le nombre des accidents est passé de 2 450 cas en 2013 à 2 100 en 2014, soit une baisse d’environ 13 %. Le nombre de personnes tuées chaque mois sur les routes était passé de 44 à 37 cas, soit une baisse de 18 %. Selon les mêmes sources, la tendance à la baisse s’est poursuivie en 2015.
Principal moyen de transport
L’automobile demeure le principal moyen de transport de passagers et de biens en République démocratique du Congo. D’où la préoccupation du ministère des Transports et Voies de communication de réduire sensiblement les accidents de la route qui sont fréquents, surtout pendant les fêtes de fin d’année. En cause, le non-respect du code de la route qui est souvent à l’origine des accidents. Cela implique à la fois l’homme, la route et le véhicule. À la base, il y a la violation volontaire du code de la route. C’est ainsi que, depuis 2010, le gouvernement organise régulièrement des campagnes de prévention routière à l’attention des transporteurs routiers et de tous les autres usagers. Ces campagnes mettent en évidence la nécessité pour tout État moderne à avoir un système de transport performant qui garantisse aux citoyens des déplacements sans danger. Les experts de la CNPR soulignent que la sécurité routière devrait s’améliorer en permanence grâce à la modernisation des voies de communication, aux nouvelles techniques de la circulation ainsi qu’à la connaissance du code de la route, qui passe par un apprentissage de la conduite automobile dans des auto-écoles. Tout comme les véhicules nécessitent un niveau de sécurité réglementaire. Mais améliorer la sécurité sur la route reste néanmoins une tâche de tous les instants. D’après les experts, il faudrait d’abord appliquer les mesures déjà prises. À commencer par le respect strict du code de la route et le contrôle rigoureux des véhicules en circulation.
Contrôle technique
La CNPR bat campagne pour le contrôle technique systématique de tous les véhicules circulant en République démocratique du Congo. Ce contrôle, qui avait commencé, à Kinshasa, avait fait un flop. Pourtant, plusieurs rapports classent la République démocratique du Congo parmi les pays où il y a plus d’accidents de la circulation dans le monde du fait de l’absence de contrôle d’engins et de la corruption des administrations. Au secrétariat général aux Transports et Voies de communication, on indique que les accidents sont souvent dus au manque de formation adéquate, à l’ignorance du code de la route, au mauvais état des routes et surtout au mauvais état des automobiles circulant souvent sans documents requis. La plupart des véhicules qui roulent dans la capitale ont en moyenne 20 ans et vont rarement à l’entretien. Les spécialistes pensent que le pays devrait se doter d’un système moderne de sécurité routière. Un partenariat public-privé est envisagé entre la CNPR et la firme Syntell. Cette société sud-africaine va apporter des capitaux frais et du matériel de flashage des automobiles en excès de vitesse à l’aide d’un cinémomètre ou un radar. Syntell compte également doter le pays d’équipements de pesage de véhicules, introduire la puce électronique et améliorer la qualité du permis de conduire.
Un marché porteur
La République démocratique du Congo est un marché porteur pour Syntell dont les responsables se sont référés au dernier rapport de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique publié en juillet 2015 à Addis-Abeba. Le pays a été classée troisième meilleur État africain, après le Ghana et le Nigeria, en matière de sécurité routière, ex aequo avec l’Afrique du Sud, la Namibie, la Côte d’Ivoire et le Zimbabwe. Selon le président de la CNPR, Willy Vale, ce classement est dû au niveau et à la gestion de la sécurité routière, à la mobilité, ainsi qu’à l’interdiction d’importation de véhicules ayant dépassé un certain âge. Il souligne que c’est aussi la reconnaissance des efforts entrepris dans le cadre de la signalisation routière à travers l’implantation de panneaux et de régulation par les robots « intelligents ».
Les feux de signalisation installés sur le boulevard du 30-Juin, à Kinshasa, avaient donné une autre dimension à la circulation à leur inauguration. Aujourd’hui, seuls quelques feux tricolores destinés à la régulation du trafic sont en service, notamment au rond-point SOCIMAT, aux carrefours de la SONAS et de la Banque commerciale du Congo (BCDC). Selon l’ingénieur Eugène Popule de la CNPR, la panne résulte du manque d’électricité. Il préconise le recours à l’énergie voltaïque pour pallier cette difficulté.
Et il rappelle que les feux de signalisation implantés sur le boulevard Lumumba jusqu’à l’aéroport international de Ndjili fonctionnent à l’énergie photovoltaïque. Pour la maintenance de la signalisation lumineuse, la CNPR travaille en collaboration avec l’Agence congolaise des grands travaux (ACGT) et UNICOMPEX, une structure privée. Avant l’agrandissement des principales artères de la capitale, la Banque mondiale avait financé à hauteur de 850 000 dollars un projet d’implantation de feux de signalisation.
Le réseau routier national est l’un des plus importants d’Afrique : au moins 150 000 km. Une étude réalisée par la direction technique de la CNPR avant le découpage territorial évalue les besoins nationaux à environ 10 000 panneaux de signalisation. Kinshasa vient en tête avec 3 000 panneaux ; le Katanga (1 800 panneaux) ; le Kasaï-Occidental (800) ; la Province-Orientale et le Nord Kivu (700 panneaux chacun) ; le Bandundu et le Kasaï-Oriental (600 chacun) ; le Bas-Congo, le Sud-Kivu et le Maniema (500 chacun) ; et, enfin, l’Équateur (300).