Les bonnes raisons de croire du FPI

La promotion des entreprises portées par les femmes et l’accompagnement des jeunes entrepreneurs en vue de l’émergence d’une classe moyenne nationale sont actuellement au centre des préoccupations du Fonds de promotion de l’industrie. La réflexion menée à ce sujet vise à mettre en place un programme particulier en leur faveur.

 

Les assises de Pullman Hôtel de Kinshasa sur la promotion de l’entrepreneuriat féminin et l’accompagnement des jeunes entrepreneurs, organisées les 12 et 13 avril, par le Fonds de promotion de l’industrie (FPI) ont débouché sur une série de recommandations, 23 au total. La tenue de cet atelier de réflexion en deux sessions trouve sa justification dans le contexte de la vision économique de l’État dans la perspective de l’émergence à l’horizon 2030. Pour cela, il faut trouver solution à la problématique de l’emploi et de l’entrepreneuriat des jeunes, conditions d’émergence et d’expansion de la classe moyenne nationale. 

Selon des statistiques recoupées mises à jour, les jeunes représentent à ce jour plus de deux tiers de la population et sont majoritairement exclus de la croissance. Le chômage des jeunes est quasiment deux fois plus élevé que celui des adultes. Le chômage touche durement les jeunes diplômés et le sous-emploi est prégnant chez les non diplômés. 

Par ailleurs, les femmes sont davantage plus vulnérables. Elles arrivent plus nombreuses sur le marché du travail sans formation et entrent dans la vie professionnelle à un âge plus précoce comparées aux hommes. Autre constat : très entreprenantes, les femmes sont de plus en plus nombreuses à gérer leurs propres entreprises. Et cela est largement perceptible dans les secteurs comme l’agriculture (où elles constituent les deux tiers de la main-d’œuvre), le commerce, les services, etc. 

Cependant, l’apport socio-économique des femmes dans la société et leur potentiel dans la création d’entreprises demeurent tout de même méconnus et donc peu exploités. La conséquence est que les femmes se concentrent sur les activités de très petite taille, de faible productivité et de faible rendement dans la plupart des cas dans l’économie souterraine. Ce qui les confine dans les méandres de la microfinance alors qu’elles ont vraiment besoin d’outils, de conseils et de moyens plus importants. 

Ainsi, en dépit de la place centrale qu’elles occupent au sein de la société et de la famille, les femmes ont encore des défis à relever pour la reconnaissance à juste titre de leur travail. Parmi les obstacles à surmonter : l’image négative du climat des affaires, les préjugés ou discriminations dus au genre, le manque de connaissances techniques, la conciliation travail-famille, le faible niveau de connaissance des procédures administratives et le manque d’accès aux financements.

Dans un tel contexte qui ne favorise pas la croissance économique et la réduction des inégalités sociales, le FPI, dans sa nouvelle vision, a réfléchi à la politique de financement des projets s’inscrivant dans les chaînes de valeur et permettant la création d’emplois stables et décents dans les secteurs d’avenir. Cette réflexion a été menée autour de deux thématiques principales : la mise en place d’un programme particulier d’identification, d’accompagnement et d’encadrement des femmes entrepreneures, ainsi que la création d’incubateurs de petites et moyennes entreprises (PME). 

Atelier de validation, un événement

L’organisation d’un atelier sur la promotion de l’entrepreneuriat des femmes et l’accompagnement des jeunes entrepreneurs est un événement pour le FPI. Car il aura permis de renforcer la stratégie de l’institution quant à son soutien à ces deux catégories de personnes vulnérables. En effet, la démarche n’est pas propre au FPI ; plusieurs institutions financières l’appliquent en Afrique pour promouvoir la création d’entreprises et l’emploi des jeunes.

L’objectif de cet atelier a été de consolider la politique du FPI en faveur de l’entrepreneuriat des femmes et des jeunes. Dans le cadre de son programme pluriannuel (2018-2020), le FPI prévoit de financer à hauteur de 15 % de son portefeuille, soit 19,4 millions de dollars sur 129,4 millions, de nouveaux projets pilotés par les femmes entrepreneures. C’est de cette manière que cet établissement public entend participer de la politique du gouvernement visant l’amélioration de la résilience de l’économie en résorbant le chômage par l’accès des jeunes et des femmes aux opportunités économiques et aux services socioéconomiques.

Les assises de Pullman Hôtel qui se sont déroulées en deux sessions, ont donc donné à débat autour de plusieurs thématiques, notamment l’accès au financement, le rôle de la femme dans le secteur agroindustriel, les défis et les perspectives de l’entrepreneuriat féminin en RDC, l’accès à l’information, à la formation et à la technologie… Les participants venus de différents horizons ont échangé sur ces problématiques dans le but de donner une assise solide à la stratégie d’intervention du FPI concernant les projets dirigés par les femmes et l’accompagnement des jeunes entrepreneurs congolais.

S’inscrivant dans la ligne droite des recommandations du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) qui, dans son Rapport national sur le développement humain (2016), suggère que « les groupes marginalisés de la société congolaise soient insérés dans la vie sociale et participent activement aux activités économique du pays à travers divers mécanismes de promotion d’emploi », ainsi que du président de la République, Joseph Kabila Kabange, qui a rappelé aux jeunes, en novembre 2016 et avril 2017, devant le Parlement réuni en congrès, les efforts du gouvernement pour la promotion de l’entrepreneuriat local, notamment avec la loi sur la sous-traitance aux PME/PMI, l’existence du Fonds national de microfinance. 

Face aux enjeux, le FPI a donc axé sa politique de soutien aux jeunes entrepreneurs sur la création d’incubateurs d’entreprises. Il a à cet effet fait appel à une expertise belge pour réaliser une étude de faisabilité technique et financière en vue de créer des incubateurs de PME. Deux villes pilotes ont été identifiées, Kinshasa et Goma. L’étude avait pour objectif d’éclairer le management du FPI sur le type d’incubateurs à mettre en place, les filières à développer, le cadre institutionnel et organisationnel… Elle a été présentée à l’atelier en vue de l’adhésion des parties prenantes au projet pour sa réalisation : institutions d’aide au développement, banques, jeunes entrepreneurs, fisc… 

L’objectif général des assises de Pullman Hôtel aura été de « lancer la réflexion sur le soutien à la femme entrepreneure congolaise et présenter la stratégie du FPI sur la création d’incubateurs ». Et plus spécifiquement, de sensibiliser les parties prenantes sur la création d’incubateurs de projets et susciter leur engagement financier, technique et autre, ainsi que de contribuer au renforcement de la stratégie du FPI en faveur de femmes entrepreneures. La première journée ou session a été consacrée au soutien à la femme entrepreneure sous le format de panels de discussion. 

Tandis que la seconde journée ou session a été essentiellement dédiée à l’appui aux jeunes entrepreneurs, avec des présentations sur la stratégie du FPI suivies d’échanges de haut niveau. Les recommandations issues de cet atelier vont sans doute permettre au FPI d’améliorer sa stratégie.