Une équipe d’enquêteurs séjourne à Mbuji-Mayi pour déterminer les circonstances de la disparition de pierres précieuses à la Minière de Bakwanga.
Pillage en règle. Depuis quelques semaines, une délégation composée d’agents du parquet général de la République, des services de renseignement, des ministères des Mines et du Portefeuille est à pied d’ouvre à Mbuji-Mayi. Cette équipe d’enquêteurs a pour mission de faire la lumière sur un vol de diamants à la Minière de Bakwanga (MIBA). Des personnes non autrement identifiées auraient utilisé des dragues puissantes pour exploiter le centre névralgique de la MIBA, c’est-à-dire le polygone. Dans cette entreprise, le vol de diamant est devenu, pour le personnel, un sport favori. Par manque de sanction, le mal s’est enraciné et a gagné en ingéniosité et en technicité. En octobre 2015, les représentants des clans locaux criaient haro sur le vol de diamants. Ils avaient même adressé une lettre au président de la République et au Premier ministre. D’après eux, le conseil provincial des diamantaires instrumentaliserait le conseil d’administration de la MIBA pour le pillage systématique des pierres précieuses.
Depuis, la situation paraît chaotique à la MIBA, qui, selon la ministre du Portefeuille, Louise Munga, ressemble fort à un bateau ivre.
À charge du Collège intérimaire à la tête de la société, la ministre du Portefeuille formule, Louise Munga retient des « actions disparates » comme en témoigne sa correspondance du 17 novembre 2015. La situation de quasi-faillite de la MIBA donne lieu à des controverses à Mbuji-Mayi. Selon une certaine opinion, la crise que traverse cette société minière serait le reflet de sa mort programmée car le gouvernement ne manifesterait aucun intérêt pour son redressement. Il n’en est rien pour Louise Munga, qui pense qu’il s’agit de la conséquence de l’incurie et de la prévarication des nouveaux dirigeants de la MIBA. « Il est impérieux, comme je vous l’ai déjà demandé à maintes reprises, d’apporter en conseil d’administration un plan de relance réaliste en vue d’obtenir les financements nécessaires susceptibles d’assurer le développement durable de la MIBA », leur avait-elle écrit. Dans certains milieux à Kinshasa, voire à Mbuji-Mayi, on s’étonne que la ministre du Portefeuille se contente de parler de « navigation à vue », sans sanctionner.
Quant au ministre des Mines, Martin Kabwelulu, il avait enjoint le Collège intérimaire à la tête de la MIBA de faire saisir toutes les dragues opérant illicitement à l’intérieur des périmètres miniers de la société et de traduire en justice toutes les personnes impliquées dans l’exploitation illégale. À défaut, la MIBA, titulaire des droits et des titres miniers, et son équipe dirigeante seront tenues pour responsables de cette situation. Pourtant, cette menace n’aura produit aucun effet. D’où l’envoi d’enquêteurs à Mbuji-Mayi.