Si importantes soient-elles, les réserves énergétiques ne doivent pas empêcher les autorités du pays de se tourner vers les technologies susceptibles de permettre la création de sources nouvelles adaptées à l’évolution actuelle du monde.
Malgré ses immenses potentialités en énergies fossiles et hydroélectrique, le Congo a un taux d’accès à l’électricité de 9 %. C’est l’un des plus faibles d’Afrique, où la moyenne est de 30 %. La Société nationale d’électricité (SNEL) a du mal à jouer son rôle. Depuis plus de deux décennies, cette entreprise publique transformée en société commerciale en 2009 fournit de l’électricité à ses abonnés de manière erratique. La desserte est marquée par des délestages presque « institutionnalisés » à travers les grandes agglomérations comme Kinshasa. Pour assurer le fonctionnement normal de leurs activités, beaucoup d’entreprises, voire des organismes et des ménages, ont jugé bon de se doter de générateurs (groupes électrogènes), considérés comme des sources d’approvisionnement alternatives pour pallier les coupures intempestives d’électricité qui caractérisent la SNEL.
Cependant, les multiples charges d’approvisionnement en carburant et lubrifiants, ainsi que celles liées à l’entretien et à la maintenance des équipements, ont fini par pousser la plupart des opérateurs économiques, organismes privés, agences publiques et ménages à se tourner vers les énergies nouvelles et renouvelables dites « propres ». À côté des ressources hydrauliques, le Congo a aussi des potentialités dans le solaire, l’éolien, la biomasse, le biogaz, le biocarburant… Fournies par le soleil, le vent, la chaleur, les chutes d’eau et par la transformation de certains végétaux, les énergies nouvelles et renouvelables ne polluent pas l’environnement. C’est pourquoi on les recommande dans le cadre de la lutte contre le dérèglement climatique.
Les panneaux solaires, un effet de mode
L’énergie solaire est de plus en plus en usage à l’intérieur du pays plus qu’à Kinshasa. Elle devient une réalité qui se traduit par son utilisation, dans certains lieux publics, et par la présence de plusieurs acteurs dans la filière comme Congo Energie, Africa Solaire, Solar Energy, Alstrom Acec Congo… Toutes ces structures, des ONG nationales et internationales, développent des stratégies et des initiatives à travers le pays en vue de dynamiser ce secteur. Les équipements solaires semblent, de plus en plus, trouver leur place dans les moeurs. Ce sont des sources sûres, non polluantes, permanentes et de longue durée pour l’approvisionnement en énergie électrique, indiquent des fournisseurs de panneaux solaires à Kinshasa. La société Congo Electric Motor, dont le directeur général est Gabriel Shabani, passe pour la pionnière dans le secteur des énergies propres. D’autres entreprises spécialisées en conseils, études, vente et distribution d’équipements solaires s’installent de plus en plus. Elles proposent une panoplie d’articles, comme les panneaux portatifs (pour charger les téléphones portables), le réchaud, le four, la cafetière, la radio, les ordinateurs, des lampes solaires à 70 dollars, ainsi que des congélateurs, tous alimentés en électricité par un dispositif solaire. On trouve également en vente des kits solaires permettant de fournir de l’électricité de manière discontinue et pour une longue période évaluée entre 5 et 10 ans. Le coût d’un kit simple produisant une puissance de 1 200 watts est d’environ 3 000 dollars. Il comprend un panneau solaire, un régulateur (160 dollars), un convertisseur ou onduleur XTS de 1 200 watts (1 500 dollars), une batterie de 150 ampères (600 dollars), ainsi qu’une télécommande (370 dollars). L’équipement installé est protégé par un parafoudre double option DC (courant continu) et AC (courant alternatif), pour lui assurer sa longévité. Le kit simple est amplement suffisant pour alimenter en énergie électrique deux à trois ampoules, un récepteur radio, un poste téléviseur, un mini-frigo et des chargeurs de téléphones portables.
Démocratiser les prix
Cette technologie fait tendance, mais le coût n’est pas encore à la portée du citoyen lambda. Conséquence : elle reste un privilège réservé aux organismes privés et aux agences publiques, qui sont les premiers à se la procurer. Les panneaux solaires épargnent divers désagréments pour la fourniture en électricité. Déjà, en 2010, le Commissariat au Cinquantenaire avait opté pour l’installation de 500 lampadaires solaires sur la place dite du Cinquantenaire ainsi que dans les terrains de football municipaux à Kinshasa, qui étaient fournis par la société Sun Energy. Le coût d’un lampadaire est de 3 500 dollars. Le Programme alimentaire mondial (PAM), recourt depuis novembre 2014 à l’énergie solaire pour éclairer ses entrepôts à travers le pays (Kinshasa, Goma, Kalemie, Bunia et Bukavu). Le projet dit « Greening Planet », qui a permis la mutation vers le solaire, a coûté au PAM la somme de 309 000 dollars. Douze panneaux de 3 KW sont déjà opérationnels au dépôt de Kinshasa. L’Agence congolaise des grands travaux (ACGT) a aussi jeté son dévolu sur cette technologie en posant des lampadaires solaires sur le boulevard Lumumba, sur le tronçon situé entre l’Échangeur de Limete et l’aéroport international de Ndjili. Promouvoir l’énergie solaire est l’objectif poursuivi par trois centres de recherche à Kinshasa. Ils ont été créés par des privés et par des institutions d’enseignement universitaire et supérieur en appui à la percée de la technologie solaire au Congo. L’Institut supérieur des techniques appliquées (ISTA), en partenariat avec l’université polytechnique de Valence (Espagne), a ouvert un centre de recherche en énergies renouvelables depuis janvier 2014.