L’organisation sous-régionale, la branche spécialisée de la Cemac, est en train d’évoluer vers un changement de statut et un élargissement à des pays hors-zone.
Réunis à Kinshasa du 21 au 22 juillet, les États membres du bassin du Congo-Oubangui-Sangha, Cicos en sigle, sont parvenus à se mettre d’accord sur quelques points qui fâchaient. C’est entre autres la question qui concerne la rotation au poste de secrétaire général de l’organisation qui avait fait l’objet d’un différend lors de la 11ème session tenue à Brazzaville en mars 2014. C’est ainsi qu’ils ont décidé, tout en réaffirmant la primauté du Comité des ministres, organe habilité à prendre des décisions, que l’État qui abritant le siège ne pourra plus occuper le poste de premier responsable de l’institution. Un nouveau secrétaire général, ressortissant camerounais, devra être désigné dans les plus brefs délais, au cours d’une session extraordinaire qui se tiendra à Kinshasa.
De nouveaux statuts
Tâche urgente dévolue au futur responsable : la restructuration de l’organisation. Il s’agit de la rédaction de nouveaux statuts de l’organisation, qui devrait cesser d’être d’institution spécialisée de la Communauté économique et monétaire de pays membres de l’Afrique centrale (Cemac), pour se muer en une organisation régionale englobant des pays non membres de cet espace. C’est dans ce contexte qu’a été accepté acceptée la demande d’adhésion de l’Angola comme membre effectif, alors que ce pays était observateur depuis 2007. Les ministres ont par ailleurs adopté d’autres points, notamment le document du programme Congo Hycos dans les bassins du Congo et de l’Ogooué et son plan de financement, la stratégie de communication de l’organisation et le document sur l’état des lieux de l’écotourisme dans le bassin du Congo. Dans le domaine de la navigation, il a été décidé la mise en conformité des modèles uniques des certificats d’immatriculation, de jaugeage et de navigabilité avec un règlement commun pour la construction, l’équipement et la maintenance des bateaux de navigation intérieure. Le prochain rendez-vous de la Cicos est prévu à Yaoundé, au Cameroun.
La CICOS est un organisme inter-États (RDC, Congo-Brazzaville, République centrafricaine, Cameroun et Tchad), dont le siège est à Kinshasa. Il est chargé de faciliter la navigation fluviale et de gérer les ressources hydriques du bassin du Congo. Les détracteurs de ce regroupement affirment cependant que sous cette dénomination, se cache un projet, beaucoup plus important : le transfert des eaux du fleuve Congo vers le lac Tchad, dont le niveau d’assèchement inquiète.
Projet de transferts d’eau interbassins
Le Transaqua est un projet de transfert d’eau interbassins au départ de certains affluents du fleuve Congo vers le lac Tchad, et ce, par un gigantesque canal qui utiliserait la vallée du fleuve Chari, principal tributaire du lac. Il s’agit de concrétiser la mise en œuvre d’un projet destiné à contrer la sécheresse qui sévit dans les pays du Sahel et de relever le niveau d’eau du lac Tchad. L’idée n’est pas neuve. Elle avait déjà été lancée par les Soviétiques dès les années 1970, à la suite de la grave sécheresse qui sévissait alors au Sahel et qui avait fait passer la surface du lac Tchad de quelque 22 000 km² à environ 8 000 km², en l’espace de quelques années. Ce phénomène, qui avait fait grand bruit à l’époque, semblait difficile à juguler et avoir des conséquences irréversibles de désertification de larges surfaces cultivables et cultivées jusqu’alors. Au même moment, dans la zone de la forêt tropicale humide de l’Afrique, les précipitations semblaient augmenter, notamment dans le bassin versant du Congo. Les observations faites au Cameroun montraient alors une extension de la zone des forêts vers le nord, et ce depuis plusieurs décennies. L’idée d’un grand transfert d’eau, à partir des régions excédentaires du bassin versant du Congo vers les zones déficitaires du Sahel, entre les affluents nord du Congo et le bassin versant du Chari, à travers la ligne de partage des eaux, fit alors son chemin. Les prévisions portent sur le prélèvement de plus de 100 milliards de m3 d’eau.