Les femmes sont encore trop discriminées, s’inquiète la Banque mondiale

 C’est une étude de l’institution de Bretton Woods qui le souligne. Certes, de nombreux pays dans le monde font évoluer leur législation, mais les femmes sont encore largement marginalisées au travail et dans la vie courante. La RDC se trouve dans le peloton des pays les plus réformateurs.  

 

Beaucoup d’États dans le monde font évoluer le statut des femmes. Une récente étude de la Banque mondiale renseigne que 65 des 189 pays dont la situation a été analysée dans le cadre de cette étude scrutés, ont modifié leur législation depuis deux ans. Pourtant, la population féminine fait encore face à de nombreuses barrières, dressées notamment par la loi. Le rapport bisannuel de l’institution de Bretton Woods est basé sur six indicateurs, à savoir l’accès des femmes au travail, à la justice, aux institutions, à l’argent et à la propriété ainsi que les mesures mises en place pour les protéger contre la violence.

Selon ce que rapporte cette étude, nombre de pays interdisent aux femmes de travailler la nuit ou dans certains secteurs comme l’agriculture, le transport ou la construction. Or, comme le souligne la directrice générale de la Banque mondiale, Kristalina Georgieva, « aucune économie ne peut atteindre son potentiel si les femmes et les hommes n’y participent pas pleinement ». Tenez : près de 2,7 milliards de femmes dans le monde n’ont pas accès aux mêmes emplois que les hommes. Et c’est bien dommage, comme le font savoir plusieurs études : la discrimination liée au sexe diminue de 15 % environ les revenus des pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

Réformes : RDC en pool position

Sans grande surprise, les États les plus bienveillants sont ceux qui sont riches. C’est notamment le cas de la Grande-Bretagne, de la Nouvelle-Zélande et de l’Espagne. Tandis que les pays les plus réformateurs pour rattraper leur retard sont souvent ceux qui sont pauvres, à commencer par la République démocratique du Congo, l’Irak, le Kenya, la Tanzanie ou la Zambie. Les domaines où il y a encore beaucoup à faire sont la violence et le harcèlement sexuel, en particulier en Afrique du Nord et du Sud et au Moyen-Orient. Dans plus de vingt pays, aucune loi n’existe pour protéger les femmes contre la violence.

En réalité, les femmes travaillent plus que les hommes dans le monde entier. Telle est la conclusion d’une étude intitulée « Il est temps de passer à l’action », une « campagne mondiale pour la paternité, active sur les cinq différents continents » de l’organisation MenCare, menée dans 75 pays. Le manque de parité entre les hommes et les femmes se retrouverait de façon significative jusque dans le nombre d’heures travaillées, souligne la même étude. Les enquêteurs ont comparé le temps passé au travail en entreprise pour les hommes et les femmes – du travail rémunéré, donc – et celui consacré aux tâches domestiques et ménagères – du travail qui n’est pas rémunéré. Ainsi, ils ont non seulement conclu que les femmes passaient au total plus de temps à travailler que les hommes, mais aussi qu’elles s’occupaient largement plus des tâches ménagères que ces derniers.

Selon les enquêteurs, les femmes d’Europe occidentale et d’Amérique du Nord travailleraient au total 7,2 heures par jour, contre 6,5 heures pour les hommes. Sur ces 7,2 heures quotidiennes, 4,5 heures seraient consacrées à des tâches domestiques, et 2,7 heures seraient rémunérées. Les hommes travailleraient eux de façon non rémunérée 2,3 heures par jour, et 4,2 heures de façon rémunérée – soit plus que les femmes sur ce dernier point. La population et les communautés qui travailleraient le plus seraient celles d’Amérique latine, selon l’étude. Là-bas, les femmes travailleraient 8,3 heures par jour (5 heures non rémunérées et 3,3 heures rémunérées) et les hommes 7,7 heures (1,6 heure non rémunérée et 6,1 heures rémunérées).

Le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord seraient les régions du monde où l’on travaille le moins : 6 heures pour les femmes (4,9 heures non rémunérées et 1,1 heure rémunérée) et 5,6 heures pour les hommes (1,6 heure non rémunérée et 4 heures rémunérées). Le ratio le plus inégalitaire concernant le travail non rémunéré se retrouve en Asie du Sud, où les femmes effectueraient 4,8 heures de travail domestique par jour, contre 0,9 heure pour les hommes. Les habitudes de trois autres régions ont également été étudiées pour l’étude – Asie de l’Est et Pacifique ; Europe centrale et orientale et Asie centrale ; et Afrique sub-saharienne.

La parité, une priorité urgente

Si les femmes travaillent plus que les hommes, elles restent pourtant moins bien rémunérées, note le rapport – ceci car elles s’attèlent surtout aux tâches domestiques. Elles représenteraient également la majeure partie d’employés à temps partiel dans les entreprises. Aussi, leurs postes salariés sont bien souvent moins importants que ceux des hommes, mais aussi moins bien payés à l’heure. Concernant cette rémunération, l’Organisation internationale du travail estime qu’il faudra attendre… 75 ans avant que les hommes et les femmes soient payés de façon égalitaire pour un travail similaire.

En conclusion de son étude, MenCare juge urgent que les tâches domestiques soient davantage partagées entre les deux sexes. « Parvenir à la parité dans le travail domestique non rémunéré est une priorité urgente pour le bien-être des enfants, des familles et des communautés à travers le monde – et il est temps que nous prenions des mesures afin de contribuer à cet objectif. 

Il est nécessaire d’exiger des pères qu’ils fassent davantage de façon individuelle, mais cela resterait largement insuffisant. Alors que divers pays à travers le monde constatent une plus grande participation des pères à la vie familiale, il est crucial que les lois, les normes sociales et les politiques sur le lieu de travail soutiennent, renforcent et accélèrent ces changements », conclut le rapport.