LE WORLD Gold Council (WGC) a dévoilé vendredi 30 octobre les chiffres qui ont fait la tendance sur le marché de l’or durant le 3è trimestre de l’année. Dans les grandes lignes, la demande en bijoux continue à souffrir (-29 % par rapport au 3è trimestre ou T3 2019). Une tendance déjà marquée sur les précédents trimestres du fait d’un prix de l’once relativement élevé, auxquels s’ajoutent les effets économiques de la pandémie de Covid-19 et des restrictions sociales qui persistent.
En revanche, la demande des investisseurs en pièces et lingots d’or ne cesse de s’affermir, portant les flux annuels d’ETFs adossés à l’or à un record sur le trimestre de 272,5 tonnes. Le WGC relève par ailleurs que la demande en lingots et en pièces s’est aussi affermie à 222,1 tonnes entre juillet et septembre 2020 (+49 % en glissement annuel), une dynamique là aussi alimentée par un contexte économique incertain qui favorise les valeurs refuges.
Selon le rapport trimestriel du Conseil mondial de l’or (CMO), cette demande a repris, et assez fortement, notamment en Chine, en Turquie mais aussi en Europe. Le statut du métal jaune est également à l’origine des niveaux atteints par les prix au 3è trimestre, qui ont pulvérisé le 8 août leur record historique à 2 075,47 dollars l’once et évoluent toujours aux alentours de 1 900 dollars.
Défendre les monnaies
Ces bonnes performances n’ont cependant pas réussi à compenser la chute de la demande en joaillerie, tombée à 333,0 tonnes entre juillet et septembre 2020, soit 29 % de moins que l’année dernière à la même période. L’Inde, qui représentait près d’un quart de la demande en bijoux l’an dernier au 3è trimestre, a vu celle-ci fondre en raison de la pandémie de Covid-19 qui a lourdement affecté le pays et entraîné le report de nombreux mariages, événements propices à l’achat d’or par les familles. La Chine, berceau de la pandémie, conserve sa place de premier marché de la joaillerie mais sa demande a elle aussi ralenti, de l’ordre de 25 % d’une année sur l’autre.
Les deux pays « ont été les principaux responsables de la baisse en volume mais cette faiblesse a été mondiale », commentent les auteurs du rapport, qui pointent du doigt le ralentissement économique et le prix élevé de l’or, dissuasif pour de nombreux acheteurs de bijoux. La demande industrielle a également marqué le pas, avec une baisse en volume de 3 % par rapport au 3è trimestre 2019. Tous segments de marché pris en compte, la demande totale en or a diminué de 19 % par rapport au 3è trimestre 2019, à 892,3 tonnes.
Les Banques centrales, en première ligne depuis le début de la crise pour défendre leurs monnaies, ont pour leur part davantage vendu d’or qu’elles n’en ont acheté au 3è trimestre, une première depuis près de dix ans. Avec -12,1 tonnes, le solde net est pour la première fois négatif depuis le 3è trimestre 2011. Deux pays sont principalement responsables de ce résultat: la Turquie et l’Ouzbékistan qui se sont respectivement allégés de 22,3 et 34,9 tonnes d’or. Néanmoins, « les Banques centrales restent des acheteurs nets depuis le début de l’année, avec une demande pour les trois premiers trimestres atteignant 220,6 tonnes », souligne l’étude.
Focus sur le zinc
Du côté de l’offre, la pandémie de Covid-19 a aussi affecté l’extraction minière, en baisse de 3 %, qui n’a pas été exempte d’une baisse d’activité, voire de fermetures ponctuelles dans certains pays producteurs. Les prix soutenus ont cependant encouragé la filière du recyclage de l’or, en hausse de 6 %.
En nette baisse sur la semaine, le prix de l’once d’or a atteint le jeudi 29 octobre 1 860,04 dollars, soit son plus bas depuis un mois, avant de légèrement remonter. « Malgré l’aversion au risque qui règne ces derniers jours sur les marchés boursiers, l’or a été faible », a commenté Carlo Alberto de Casa, analyste chez ActivTrades. D’habitude, les investisseurs frileux se jettent sur le métal jaune pour se prémunir contre la chute des cours de Bourse, mais l’aversion au risque a plutôt favorisé le billet vert la semaine dernière.
La hausse du dollar, monnaie de référence de l’or sur le marché, pèse sur le pouvoir des investisseurs utilisant d’autres devises pour acheter des lingots. À plus long terme, alors que les Banques centrales adoptent des politiques accommodantes pour amoindrir les conséquences de la pandémie de Covid-19, « l’or devrait avoir quelques bonnes années devant lui », a estimé Craig Erlam, analyste chez Oanda. Sur le London Bullion Market, l’once d’or valait 1 880,83 dollars le vendredi 30 octobre, contre 1 902,05 dollars le vendredi précédent. La demande totale en or a diminué de 19 % par rapport au 3è trimestre de 2019.
L’International Lead and Zinc Study Group (ILZSG) estime dans sa dernière note que la consommation mondiale de zinc baissera de 5,3 % en glissement annuel à 12,98 millions de tonnes en 2020. C’est du côté de la demande européenne que l’on enregistre les plus grandes variations (avec une baisse de 7.7 % en glissement annuel) tandis que la demande chinoise reste relativement stable.
Du côté de l’offre, la production de zinc raffinée augmentera de 0,9 % par rapport à 2019 à 13,6 millions de tonnes pour 2020. Sur cette base, l’ILZSG estime que le marché mondial du zinc connaîtra un excédent d’offre de 620 000 tonnes cette année, qui pourrait se réduire à 463 000 tonnes en 2021 avec la reprise de la demande.
L’aluminium fait une pause. Le cours de l’aluminium sur le London Metal Exchange (LME) a perdu du terrain en début de la semaine dernière avant de se reprendre le vendredi 30 octobre, aidé par un vent d’optimisme. « Les acteurs du marché estiment que la demande de métaux sera moins affectée par l’augmentation rapide des nouveaux cas de Covid-19 », explique Daniel Briesemann, analyste de Commerzbank, « et placent leurs espoirs avant tout dans la Chine. »
Sur le plan économique, Pékin a dévoilé le jeudi 29 octobre ses grandes orientations pour les cinq prochaines années, mettant l’accent sur la consommation intérieure et l’autonomie technologique. L’analyste de Commerzbank souligne également la meilleure santé qu’attendu de l’industrie automobile, gourmande en aluminium, qui selon lui « semble avoir déjà touché le fond. » La semaine dernière, les constructeurs automobiles Volkswagen, Ford, Fiat Chrysler et PSA (ces deux derniers étant par ailleurs en train de fusionner) ont en effet publié des résultats encourageants pour le 3è trimestre. Sur le LME, la tonne d’aluminium pour livraison dans trois mois s’échangeait à 1 847,00 dollars le vendredi 30 octobre, contre 1 842,50 dollars le vendredi précédent.